Présidentielle 2022 : un duel musclé Macron - Le Pen, projet contre projet

  • Ce débat tant attendu a-t-il convaincu les indécis avant dimanche ?
    Ce débat tant attendu a-t-il convaincu les indécis avant dimanche ? Capture d'écran -
Publié le , mis à jour
Jean-Michel Servant

Cinq ans après leur premier face-à-face, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont retrouvés jeudi soir devant les caméras de France Télévisions et TF1 pour confronter leurs programmes présidentiels. Contrairement à leur passe d’arme de 2017, le ton entre les deux opposants est resté courtois. Plus détendue, maîtrisant mieux ses dossiers, la candidate RN a cette fois éviter un dérapage qui aurait pu compromettre ses chances. De son côté, le président sortant a pris soin de ne pas apparaître arrogant ou agressif vis-à-vis de son adversaire. Un échange apaisé qui, au final, a permis d’exposer deux visions totalement de la France pour les cinq prochaines années.

Quelle différence avec 2017 ! Tous ceux qui s’attendaient, jeudi soir devant leur petit écran, à une foire d’empoigne entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont certainement restés sur leur faim.

Viril mais courtois, “le match retour” entre les deux finalistes de l’élection présidentielle a été, dans l’ensemble, de bonne tenue durant plus de 2 h 30. Contrairement à la première manche il y a cinq ans, chacun a pu dérouler ses programmes sur les huit thèmes choisis, sans passer son temps à s’invectiver ou à se couper la parole. Intervenant peu, les deux présentateurs, Léa Salamé et Gilles Bouleau, ont même parfois semblé surpris par autant de passivité, voire par une certaine bienveillance entre les deux politiques.

"Vous êtes climato-sceptique" "Vous êtes climato-hypocrite."

Style, stratégie, répliques chocs : ce qu'il faut retenir des 2h50 du débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron

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— France Inter (@franceinter) April 21, 2022

Alors qu’Emmanuel Macron donne raison à son adversaire sur la difficulté des Français à boucler les fins de mois, Marine Le Pen rend hommage aux efforts du Président sortant pour obtenir la paix en Ukraine. On est loin des attaques proférer tout au long de la campagne. Calme, le face-à-face se tend lorsque Emmanuel Macron rappelle que la candidate du Rassemblement National a obtenu un prêt financier auprès d’une banque russe en 2015.

"Vos échanges sont passionnants"

Mise en difficulté sur ses relations avec le Kremlin, puis sur sa volonté unilatérale de réformer l’Europe, Marine Le Pen garde son calme et évite toute agressivité. Un temps sonnée, la candidate reprend du poil de la bête en critiquant le projet de retraite de son opposant, un terrain beaucoup plus glissant pour son cadet.

Se sentant plus à l’aise, la chef de file du RN dénonce dans la foulée un bilan économique "très mauvais" et un bilan social "encore pire". Agacé, Emmanuel Macron lui rappelle que les 600 milliards de dettes de la France ont permis la mise en place des fonds de solidarité, des prêts garantis et le chômage partiel durant la crise du Covid.

"Vos échanges sont passionnants", s’exclame Léa Salamé qui ne s’attendait sans doute pas à ce niveau de dialogue. Alors que le temps de parole est respecté à la seconde près, la tension remonte d’un cran sur la transition écologique.
L’échange tourne même vinaigre lorsque Emmanuel Macron souligne l’incohérence du programme "ni queue ni tête" de son opposante qu’il accuse d’être "climatosceptique".

Passe d’arme sur les éoliennes

Les bras croisés, Marine Le Pen laisse passer l’orage et pointe "les changements de pied" de son voisin sur le nucléaire avant de le traiter de "climatohypocrite". Le débat s’enflamme un peu plus sur les éoliennes que souhaite démonter la candidate RN. "On ne vous mettra pas d’accord sur ce dossier-là", souffle Léa Salamé tandis que Gilles Bouleau a bien du mal pour une fois à interrompre la passe d’arme.

"Moi, je ne suis pas comme vous", lance alors Marine Le Pen. "Ça, au moins, c’est vrai", rétorque aussi sec Emmanuel Macron. Projet contre projet, les candidats ont offert au final un échange de qualité.

Les citoyens ont désormais trois jours pour se faire une idée sur les deux programmes. Avant d’aller voter.