SNCF : à la gare de Toulouse-Matabiau, quand la destination "Rodez" a disparu...

Le voyage devait démarrer de Toulouse à 7h25 ce jeudi 21 avril, depuis la gare Matabiau, pour se terminer à 9h46 à Rodez, après 2h21 de voyage en TER. Cela a été légèrement plus compliqué. On vous raconte.

De retour de courtes vacances entre Lille, les Pays-Bas et l'Allemagne (huit jours complets de beau temps, je dis ça, je dis rien), j'étais à l'heure pour ce train TER de 7h25 à destination de Rodez. De quoi arriver tranquille sur le piton et même de flâner un peu avant de reprendre le travail à 14 heures. Mais ce que je ne savais depuis le "Ch'Nord" où j'étais la veille, c'était le préavis de grève déposé par les syndicats cheminots pour ce jeudi 21 avril. Du coup, le train de 7h25, supprimé. Normalement, le TER suivant pour Rodez est à 10h05, de quoi avoir le temps d'avaler un café ou deux. Mais avec la grève, plus les travaux à la gare Matabiau qui vont durer jusqu'en 2023, la journée s'annonçait déjà délicate. D'autant que quand on cherchait le prochain train Toulouse Rodez sur un automate, il n'y avait aucun résultat, et pas de Rodez sur le panneau des départs...

Retour dans le hall de la gare et je demande à un agent des renseignements si le train pour Rodez, ça existe encore. Le type cherche sur son bidule et dit : "Il vous faudrait prendre le train de Cahors jusqu'à Figeac, qui part à 9h01, puis changer pour Capdenac-Gare.
- Et il arrive à quelle heure à Rodez ?
- 13h43."

Plus de 4h40 de voyage, je me suis dit que je pouvais trouver moins long. Et en théorie, c'était possible : à 9h20, un bus de substitution allait jusqu'à Carmaux où une liaison LIO (les lignes régulières d'autocars en Occitanie, mais aussi des trains) partait à 12h34 pour rejoindre Rodez à 13h36. Un trajet d'à peine 1h02. Le bonheur, quoi.

Liaison LIO, le train fantôme

Je prends donc le billet, grimpe dans le car, et rejoins Carmaux un peu rassuré. Dans la gare, le panneau des départs affichait "Rodez, 12h34, voie B, à l'heure". Tout baigne. J'ai même eu le temps d'avaler un couscous en 20 minutes chrono au Grand café de la Poste. Au retour, je m'aperçois que tous les accès au quai sont fermés. Je saute une grille, vais au quai B, mais à 12h34, rien, pas le museau d'un TER aux couleurs de LIO. Je ressaute la grille au cas où, grève oblige, ce train LIO n'ait été remplacé par un car, mais là non plus, rien d'autre que les bus de région assurant la liaison Albi-Carmaux. Je téléphone au 0 800 31 31 31, le numéro d'infos de LIO, pour savoir s'il y a un bus de substitution prévu pour Rodez, mais je n'entends qu'un truc genre "En raison d'un trop grand nombre d'appels, nous ne pouvons répondre à votre demande. Veuillez rappeler ultérieurement". Et clic, ça raccroche. En rongeant mon frein devant le panneau LIO du train Toulouse-Albi-Rodez devant la gare, je vois en tout petit un mot qui m'indique que pour notre "confort" notamment, "des travaux de maintenance nécessitent la fermeture de votre ligne du 12 au 13 février, du 7 mars au 6 mai et du 28 au 29 mai". Ah ouais, je les avais oubliés, ces travaux-là...

Est-ce à dire que grève ou pas, je n'aurais pas eu ce train, pourtant annoncé sur le panneau d'infos départ de la gare ? Je profite du passage éclair d'une jolie dame blonde au guichet de la gare pour lui demander. Elle me répond : "Mais c'est le panneau, il se remet à jour automatiquement, c'est la grève, il n'y a pas de train."

Et le prochain train, enfin, le prochain bus pour Rodez, est à 14h10, pour une arrivée à 15h25. Mal barré pour arriver à l'heure au boulot.

Des alternatives ? Pas d'alternative

Bon, pour pointer à l'heure, allons voir sur Blablacar. Hélas, tous les trajets Carmaux - Toulouse sont complets, excepté un, qui part trop tard pour moi. Un des effets de la grève. Je me résous alors à appeler un taxi carmausin, même si, selon les derniers cours de la Bourse, le trajet va me coûter plus cher qu'un vol aller-retour Toulouse-Lille, par exemple. Je dis ça, je dis rien. À l'autre bout du fil, M. Redoulès, artisan taxi, souffle quand je lui demande s'il peut m'emmener à Rodez : "Ecoutez, ça m'embête, mais je ne peux pas vous dire oui. Je suis débordé. Je ne vais même pas vous donner le téléphone de mes collègues, ça ne va vous servir à rien. On s'est appelés entre collègues, on est tous complets pour la journée".
Encore un effet de la grève.

Je me re-résous donc à attendre le bus de substitution de 14h10, et prévenir le boulot que j'aurais deux heures de retard. Enfin, je décolle de Carmaux et après un voyage galère qui aura duré huit heures, je finis par atterrir à 15h25 tapantes à Rodez, sous les nuages et les gouttes de pluie, en pensant avec quelques soupirs au soleil du vieux Lille, des plages de Bürgh-Hamstede aux Pays-Bas ou des lacs de Westphalie.
Je dis ça, je dis rien.

Je me souviens d'un slogan publicitaire de la SNCF d'il y a quelques années : "Avec la SNCF, tout est possible". Je confirme, tout est possible. Y compris les galères.