Après la présidentielle, LREM peut viser le triplé aux législatives en Aveyron

Abonnés
  • Emmanuel Macron est arrivé en tête dans les trois circonscriptions.
    Emmanuel Macron est arrivé en tête dans les trois circonscriptions. Centre Presse - José A. Torres
Publié le

Après la présidentielle, les partis politiques sont tournés vers les législatives, en juin. Reste à savoir si la majorité présidentielle pourra s’appuyer sur les bons résultats du Président pour capitaliser.

Qu’en sera-t-il du « troisième tour » ? Les 12 et 19 juin prochains, les électeurs seront à nouveau appelés aux urnes pour cette fois, élire les députés. Ces élections législatives permettront de choisir les trois prochains représentants de l’Aveyron à l’Assemblée nationale.Même s’ils ne sont pas une science exacte, loin de là, les scores de la présidentielle analysés à l’échelle des circonscriptions permettent de cerner les enjeux de ce rendez-vous. Que ce soit dans la première (Rodez – Aubrac), dans la deuxième (Ségala – Ouest-Aveyron) et dans la troisième (Lévézou – Millau – Sud-Aveyron), Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier comme au second tour.

Les résultats circonscription par circonscription.
Les résultats circonscription par circonscription. Centre Presse

Mais c’est bien dans la première que son score est le plus large. Sur ce territoire, l’Aubrac, qui avait soutenu en force François Fillon il y a cinq ans, a cette fois basculé.Rodez, elle, a confirmé qu’elle était de l’avis de son maire, qui a écrit à la population, entre les deux tours, pour l’inciter à voter pour le président sortant. Avec plus de 33 % pour Macron au premier tour et 70 % au deuxième, le piton semble être une base solide pour LREM qui compte bien garder la circonscription. Si le sortant, Stéphane Mazars, n’a pas encore reçu son investiture officielle, sa candidature ne fait guère de doute. Et au vu des résultats, il partira alors comme favori légitime.

Pas de sanction forte contre Macron

Dans la deuxième comme dans la troisième circonscription, les scénarios des deux tours de la présidentielle ont été presque similaires : un Emmanuel Macron en tête, quatre points devant Jean-Luc Mélenchon pour la deuxième circonscription et Marine Le Pen pour la troisième. Là, le président sortant est en retrait par rapport à la moyenne aveyronnaise, mais reste devant.

Surtout, sur le territoire de la deuxième circonscription, où on lui promettait l’enfer avec les sujets délicats de l’usine Sam de Viviez et la fermeture de la maternité de Decazeville, il n’en a rien été. Si Jean-Luc Mélenchon (au premier tour) et Marine Le Pen (au second), sont arrivés en tête dans le Bassin, la configuration de la circonscription fait qu’Emmanuel Macron a pu compter sur un soutien fort du Villefranchois, où le maire l’avait parrainé, mais également dans le Rignacois et le Ségala, où le recul de la droite traditionnelle aveyronnaise lui a clairement bénéficié.

Stratégie politique et alliances nationales ou locales

Dans la troisième circonscription, où la droite est d’ordinaire très forte, l’effet a été le même. Le futur candidat aux législatives pourra s’appuyer sur ces résultats pour faire sa campagne, sur un territoire où les électeurs sont en plus échaudés par le départ il y a un an d’Arnaud Viala, élu au Département et qui a laissé la circonscription vacante. Un sujet que devra assumer son successeur désigné, Christophe Saint-Pierre, ancien maire de Millau, choisi par les Républicains.

Au lendemain de la présidentielle, LREM peut légitimement envisager avec ambition les prochaines élections législatives. Contrairement à 2017, où le parti, naissant, n’avait pas d’ancrage local, ce n’est plus le cas et il est désormais bien en place.

Un nom ou un parti ?

Pour autant, en politique, la vérité d’un scrutin n’est pas forcément celle du lendemain. Les départementales et régionales de 2021 l’ont montré. D’autant plus que dans tous les camps, la stratégie politique est en train d’être affinée. La gauche, qui n’a pas su s’unir pour la présidentielle, a repris le dialogue. Localement, les représentants de LFI, du PS, du PC et d’EELV, ont appelé à l’union. Les discussions devraient démarrer rapidement, même si certaines ententes seront sans doute soumises à des accords nationaux. LR, qui a pris une claque à la présidentielle dans un territoire qui lui est pourtant d’ordinaire favorable, va chercher à relever la tête en repartant du terrain.

La gauche comme le RN, eux, sont déjà, chacun de leur côté, motivés par l’idée d’organiser un "référendum" contre Macron et de le priver d’une majorité à l’Assemblée. Une stratégie qui ne sera pas forcément tenable au second tour, où les triangulaires ne devraient pas être légion, tant la condition d’obtenir au moins 12,5 % des inscrits au premier tour pour se qualifier sans être dans les deux premiers, est incertaine. Reste à savoir si ce discours imprimera auprès des électeurs aveyronnais, territoire rural par excellence, qui attache souvent plus d’importance à voter pour un nom local que pour un mouvement national…

L’extrême droite peut-elle confirmer sa progression au mois de juin ?

La performance est marquante. Dans la même dynamique qu’au niveau national, le Rassemblement national a fortement progressé, d’une présidentielle à l’autre. Entre 2017 et 2022, Marine Le Pen a gagné 12,5 points au deuxième tour (de 27,19 % en 2017 à 39,93 % dimanche). Un écart qu’on retrouve quasiment sur le premier tour, si on cumule son score (20,10 %) et celui d’Éric Zemmour (5,92 %).

En cinq ans, l’extrême droite a fait son lit en Aveyron, grâce notamment au travail entrepris par son délégué départemental, mais surtout à un contexte national et médiatique favorable. Au-delà du nombre de communes dans laquelle elle est arrivée en tête (39 au premier tour, 33 au second), c’est bien le score moyen du RN, qui confirme que l’Aveyron ne résiste plus, comme cela a longtemps été le cas, à la montée du populisme.

Cette progression peut-elle se concrétiser aux législatives ? Rien n’est moins sûr. Un seul candidat naturel s’impose : Bruno Leleu, dans la deuxième circonscription. Le délégué départemental est en campagne depuis longtemps déjà et est désormais habitué des scrutins. En 2017, il n’avait fait du 8 % aux législatives.

Trouver les bons candidats

En juin, il espère désormais profiter du vent favorable, notamment dans le Bassin, pour s’inviter au second tour. Mais passé l’Ouest-Aveyron que peut espérer le RN ? C’est dans la troisième circonscription que le parti de Marine Le Pen effectue ses meilleurs scores, avec des bastions, comme La Cavalerie, qui lui sont désormais quasi systématiquement favorables.

Pour autant, difficile d’imaginer, à l’heure actuelle, l’extrême droite emporter cette circonscription. En effet, le RN manque encore de représentants locaux capables de porter sur leur nom une candidature. Dans un Aveyron attaché à avoir un député qui représente réellement le territoire, c’est un problème pour Bruno Leleu, qui ne sait que trop la difficulté de trouver des candidats locaux représentatifs et impliqués. La solution viendra-t-elle d’une alliance avec Reconquête ? Rien n’est moins sûr tant le parti d’Éric Zemmour est dans la même situation.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes