Législatives : en Aveyron aussi, la gauche en voie de coalition, mais à quel prix ?

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  • L’union de la gauche du temps du « Printemps aveyronnais » pour les élections départementales 2021 avec Laurent Renaudin (EELV), Guilhem Sérieys (LFI), Corinne Compan (PCF) et Bertrand Cavalerie (PS).
    L’union de la gauche du temps du « Printemps aveyronnais » pour les élections départementales 2021 avec Laurent Renaudin (EELV), Guilhem Sérieys (LFI), Corinne Compan (PCF) et Bertrand Cavalerie (PS). Archives Centre Presse - Christophe Cathala
Publié le

La gauche aveyronnaise tirera-t-elle son épingle du jeu alors qu’un programme commun entre les quatre grands partis est en gestation au niveau national où le leadership de Jean-Luc Mélenchon peut rebattre les cartes ? D’âpres discussions se préparent pour les trois circonscriptions.

Les grandes manœuvres commencent, la gauche veut exister dans le nouveau mandat Macron, la route peut s’avérer tortueuse pour y parvenir, mais chacun a conscience qu’il n’y a pas d’autres façons de renverser la table. Les consultations nationales commencent ce mercredi entre l’Union populaire de Jean-Luc Mélenchon et le Parti socialiste. Il en sera de même avec toutes les autres composantes de la gauche républicaine, Parti communiste et Europe écologie les Verts pour compléter la quadrette qui veut peser dans l’opposition au président réélu. Et instaurer la cohabitation, selon le souhait de Jean-Luc Mélenchon qui brigue Matignon.  Il est vrai que l’Union populaire forte de sa troisième place à la présidentielle peut impulser des négociations à conduire avec les autres forces de gauche qui ne soient pas placées forcément sous le signe de l’égalité chances…

Un « Printemps aveyronnais » sans réel effet

En Aveyron, l’union de la gauche n’est pas une chimère, elle a vécu le temps des dernières élections départementales, sous le vocable du « Printemps aveyronnais ». Lequel n’a pas réussi son coup, l’opposition de gauche perdant à la sortie six sièges de conseillers départementaux. « Cela a démontré que l’union de la gauche ne sert pas à créer une dynamique électorale », relève Guilhem Sérieys, référent départemental de la France insoumise et donc de l’Avenir en Commun qui identifie le projet collectif aux législatives. Et d’ajouter : « Ce qui permet la dynamique électorale, c’est un programme de rupture ». Autrement dit, faire barrage à la République en Marche, autant qu’à la droite.

« Pas d’union au prix de la confusion »

L’accord sur ce programme, voilà bien l’enjeu d’une coalition de gauche pour les 12 et 19 juin. Et les représentants des quatre partis en Aveyron se réfugient pour l’heure derrière ce projet commun à valider. À ceci près que la prédominance du mouvement de Jean-Luc Mélenchon permet à celui-ci d’imposer des règles qu’il juge « non négociables » (retraite à 60 ans, blocage du prix de l’essence, abrogation des « lois travail»…).

Candidats : le casse-tête

« C’est bien l’accord sur un programme, il n’y aura pas d’union au prix de la confusion, pas d’accord politicien “à l’ancienne”, même si on tend la main à tous », prévient Guilhem Sérieys. Il faudra bien, très vite, se mettre d’accord, au-delà du projet, sur des candidats communs à présenter. La France insoumise a déjà dévoilé ses trois binômes pour les circonscriptions aveyronnaises. « Mais les discussions restent ouvertes », assure Guilhem Sérieys à l’adresse des trois autres formations de gauche. On remarquera néanmoins que, selon une arithmétique électorale basée sur les résultats de la présidentielle, l’Avenir en commun de Jean-Luc Mélenchon a déjà envisagé que les deux tiers au moins des circonscriptions doivent lui échoir au sein de l’union de la gauche. Ce qui, en Aveyron, laisserait tout au plus une seule candidature à l’une des trois autres formations... 

L’ancrage territorial  au second plan ?

Qu’en sera-t-il dès lors de l’ancrage territorial cher aux sortants (il n’y en a pas à gauche pour l’Aveyron) et aux «figures» de terrain ? Les législatives doivent faire la synthèse entre le national et le local. Un argument que tempère Guilhem Sérieys : « Les législatives sont d’abord des élections nationales, il faut tout faire pour gagner et donc pour gouverner. Et puis, en 2017, nombre de députés En Marche ont été élus, alors qu’ils étaient inconnus du public même si ce n’était pas le cas en Aveyron ».
L’ancrage territorial, Bertrand Cavalerie le plaide quant à lui dans la deuxième circonscription pour laquelle il conserve pour les législatives « un pied dans la porte ». Mais le secrétaire fédéral du Parti socialiste se garde de s’avancer plus loin dans la réflexion et glisse, avec un brin de fatalisme : « Ce n’est pas nous qui déciderons, il faut un accord national auquel il nous faudra bien collectivement nous soumettre… »

Financement: l'autre souci...

Les législatives déterminent les aides publiques dont chaque parti peut se prévaloir. Ainsi, sur les 577 circonscriptions françaises, un parti doit au minimum avoir 50 candidats réunissant chacun au moins 1 % des suffrages pour se voir attribuer par an 1,64 € par voix obtenue. Si la France insoumise impose à ses partenaires deux tiers des circonscriptions, le PS, EELV et le PC n’auront que la portion congrue des 50 candidatures de gauche… Il en va du financement de leurs partis, le nerf de la guerre. Et d’un accord de programme commun qui promet, sur le terrain, de voler en éclat, via des candidatures isolées dès le premier qui risquent de diluer les suffrages…

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