Et si l'avenir d'une agriculture durable se trouvait dans la cuvette de nos WC ?

  • Notre urine, le nouvel engrais du futur ?
    Notre urine, le nouvel engrais du futur ? Archives CP
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Efficace et largement moins polluant que les engrais chimiques, elle fait l'objet d'expérimentations pour les remplacer. Et reprendre sa place "historique" parmi les fertilisants naturels.

 

Et si l'avenir d'une agriculture durable se trouvait dans la cuvette de nos WC ? Certes, les engrais azotés de synthèse sont efficaces pour doper la production agricole, mais leur utilisation répétée et massive fint par être une source de pollution. De plus, le prix de ces engrais explose, notamment à cause de la guerre en Ukraine, la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, rappelant à BFMTV qu'en 2021, "la Russie était le premier exportateur d'engrais azotés et le deuxième fournisseur d'engrais potassiques et phosphorés", produits à partir de son gaz. Chaque année, plus de 18 millions de tonnes d’engrais minéraux sont utilisés en Europe. Les engrais les plus importés sont à base d’azote (29%), de phosphore (58%) et de potassium (78%). Et le risque d'une pénurie est bien réelle, si le conflit se poursuit.

Alors par quoi remplacer ces engrais pour continuer d'assurer une bonne production agricole ? Par l'urine humaine, d'après Sciences et Avenir. "Les plantes ont besoin de nutriments, de l'azote, du phosphore et du potassium, explique l'ingénieur Fabien Esculier, coordinateur du programme de recherche Ocapi en France, cité par le magazine scientifique. Lorsque nous mangeons, nous ingérons ces nutriments avant de les excréter, en majorité via l'urine."

Capture d'écran - AFP

Préserver l'eau potable

L'idée, c'est donc d'imaginer de nouvelles toilettes qui récolteraient l'urine, et de plus nous éviteraient, en France comme à peu près partout ailleurs, de "pisser" dans une eau potable. Chaque année, en Europe, 6 000 milliards de litres d’eau potable sont ainsi souillés par 200 milliards de litre d’urine. Ces "toilettes à séparateur d'urine" ont été testées dès le début des années 90 dans des éco-villages en Suède, puis en Suisse, en Allemagne. Le concept se développe alors peu à peu, dans plusieurs pays du monde. Aujourd'hui, des projets voient le jour en France, à Montpellier notamment. Dans la capitale, Paris et Métropole Aménagement est en train de bâtir un éco-quartier avec quelque 600 logements et des commerces, où l'urine sera "récoltée" pour servir d'engrais pour les espaces verts parisiens. En Gironde, l'entreprise Toopi Organics recycle déjà l’urine humaine pour la valoriser en fertilisant biologique, mais également bientôt en biofongicide (contre les maladies des cultures) ou bioinsecticide (contre les insectes et les ravageurs de sol type rat taupier). D'ici 5 ans, l'entreprise collectera plus de 50 millions de litres d'urine.

Capture d'écran - Toopi Organics

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que l'urine ne nécessite pas de lourds traitements pour être utilisée en agriculture, selon Sciences et Avenir. Le seul coût véritable se résume à son transport vers les terres agricoles, sous forme concentrée ou pourquoi pas déshydratée. Et pour son utilisation en engrais, il faut également tout repenser en amont : logement, tuyauterie, législation... Sans parler de certains à priori : est-on prêt à consommer des aliments en quelque sorte "nourris" avec notre urine ? Après tout, avant l'utilisation massive d'engrais chimiques, les excréments des villes n'étaient-ils pas utilisés pour fertiliser les champs ? Selon France Culture, il y a moins d'un siècle, la moitié des urines "produites" à Paris était encore recyclée...

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