Agen-d'Aveyron. Décor gagnant à Montréal pour l'Agentol Benoît Piccolini

"Quand je suis parti, c’était juste pour voyager une année. Je n’avais pas prévu de m’installer là-bas. Je me suis rendu compte que l’art numérique était très important au Canada et qu’il y avait beaucoup de travail dans la projection architecturale et musicale". Benoît Piccolini se remémore à l’heure de raconter ses premiers pas au pays de la feuille d’érable. Alors, pour les néophytes, à quoi correspond son travail ? La réponse est immédiate, claire et précise : "Je m’occupe de tout ce qui est derrière l’artiste sur la scène, c’est-à-dire le décor, le côté spectacle, la scénographie".

L’artiste spécialisé dans le graphisme animé ajoute des cordes à son arc, petit à petit : "Je m’étais rendu aux portes ouvertes du design à Montréal, cela m’a permis d’avoir des contacts, de faire des rencontres. Suite à ça, j’ai obtenu mon premier contrat de 18 mois dans des shows télé, même si j’ai galéré au début". L’histoire est lancée. L’Aveyronnais officie sur des émissions comme La Voix, l’équivalent de The Voice au Canada. Avec en point d’orgue, une prestation pour la cérémonie d’ouverture du All Star Game 2016 (NDLR : opposition amicale entre les meilleurs basketteurs de la conférence Ouest et ceux de la conférence Est de NBA) à Toronto. "C’était comme un aboutissement de travailler sur un aussi gros projet avec les télés. Ce fut beaucoup de travail, je ne m’attendais pas à ça", raconte l’Agentol, encore émerveillé.

2016 sera aussi l’année de l’émancipation en créant son entreprise pour œuvrer en lien direct avec ses clients. Notamment la célèbre compagnie Le cirque du soleil, le festival Coachella (équivalent des Vieilles charrues en Bretagne) ou la ville de Montréal. Trois années de réussite, puis le Covid est venu mettre des bâtons dans les roues du jeune entrepreneur.

"La légende du rêve canadien"

"Tout s’est arrêté comme partout. J’ai dû élargir ma palette pour gagner en compétences et en diversité, afin de continuer à travailler. Cela m’a aussi fait me poser la question de mon avenir au Canada...", glisse Benoît Piccolini. Le mal du pays gagnerait-il celui qui a désormais la double nationalité canadienne et française ? "Au niveau professionnel, c’est un pays dans lequel il y a beaucoup plus de facilités, d’indépendance. Il est très facile de changer de travail ici, précise volontiers l’intéressé. Par rapport à la France, au niveau administratif, tout est plus pratique. C’est un peu la légende du rêve américain. Les gens sont beaucoup plus simples, le rapport humain est différent, avec une vraie facilité d’échanger".

De retour en France au moins une à deux fois par an pour retrouver famille et amis, Benoît Piccolini avoue se donner "encore un peu de temps avant de rentrer définitivement" : "Je ne peux pas ne pas rentrer en Aveyron. J’ai d’ailleurs commencé à collaborer avec un Montpelliérain. J’aimerais continuer à tisser ce réseau avec la France par le travail pour rentrer définitivement dans le Sud-Ouest. je m’accorde encore deux ans minimum au Canada". Le compte à rebours est lancé...