VIDEO - Guerre en Ukraine : quand la télévision russe simule des attaques nucléaires sur Paris
Les médias russes sont -ils en train de préparer leurs téléspectateurs à une possible 3e guerre mondiale, après les discours du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur le risque "réel" d'un conflit nucléaire ?
Banaliser un conflit mondial probable dans la population russe, ou jouer avec les nerfs de l'Occident ? Après les propos de la -sic- diplomatie russe lançant que le risque d'un conflit nucléaire généralisé "est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer”, la télévision russe a pris le relais de ces propos, en diffusant entre autres, sur la chaîne Rossiya 1 une infographie montrant le temps de vol d'un missile Sarmat tiré sur Paris, Londres ou Berlin, détaille le Huffington Post. "106 secondes pour atteindre Berlin, 200 pour Paris et 202 pour Londres", détaille la journaliste russe, un invité sur le plateau commentant : "C’est comme ça qu’il faut leur parler, ils ne comprennent rien d’autre".
Surnommé "Satan 2", le missile Sarmat a une capacité d'action de 10 000 kilomètres, selon BFMTV, et pourrait détruire en quelques secondes un territoire grand comme l'Etat du Texas ou la France avec ses douze têtes nucléaires.
L'Indépendant relève aussi l'intervention de Margarita Simonyan, directrice de la chaîne d’information russe RT, chantre de la propagande guerrière russe selon TF1 Info, toujours sur la chaîne publique Rossiya 1 : "Soit nous perdons en Ukraine, soit la troisième guerre mondiale commence".
Fake news à la russe ?
Ce genre de diatribes menaçant l'Occident d'une 3e guerre mondiale revient régulièrement ces jours-ci sur les médias russes. Et présente le recours à l'arme nucléaire non seulement comme un risque "réel", voire "considérable" comme le disait le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, mais aussi parfois comme "souhaitable".
Olivier Schmitt, directeur d’études et professeur à l’Institut des hautes études de défense nationale, pense que "c'est (...) une manière d’intimider l’Occident. Comme la Russie n’atteint pas ses objectifs militaires en Ukraine, elle cherche à empêcher les livraisons d’armes qui changent fortement le rapport de force sur le front", comme il l'a déclaré à L'Express.
Même son de cloche sur France Inter pour Pierre Servent, spécialiste des questions de défense et de stratégie militaire, en parlant de Vladimir Poutine et la guerre en Ukraine : "Quand on regarde la séquence sur les 60 jours, chaque fois qu’il prend un coup dur, paf, vous avez une déclaration sur le nucléaire, sur la Troisième guerre mondiale...”
.@PierreServent : "Le fait qu'assez régulièrement, après des coups durs, Poutine sorte une déclaration sur le nucléaire ou un essai balistique terrible, je pense que c'est plutôt un aveu de faiblesse de la part de la structure du Kremlin." #le79inter pic.twitter.com/BSz7zmXWLX
— France Inter (@franceinter) April 27, 2022
Il faut espérer que ces propos inquiétants qui se développent en Russie, tant dans le discours officiel que dans celui des médias, ne soient qu'une posture tentant de garder l'Occident autant que faire se peut loin du conflit en Ukraine. D'ailleurs, selon BFMTV et RMC, un missile Sarmat s'abattant sur Paris en trois minutes est pour l'heure une "fake news", ce missile n’étant pas encore opérationnel. Un premier tir d’essai a été réalisé le 20 avril dernier mais l'armée russe ne l'aura pas à sa disposition avant la fin de l'année. De plus, il faudrait que ce missile vole à 25 000 km/h, soit 5 à 6 fois plus vite que le plus rapide des missiles actuels. Si un missile était tiré sur Paris depuis la Russie, il mettrait dans les 20 minutes pour atteindre son but.
Nous avons au moins gagné un peu de temps...
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