Escrime moderne, béhourd... Le combat médiéval en armure se fait une place à Rodez et Millau

Avec un "équipement soft" composé de protections et d'épées en mousse ou bien avec des armures intégrales en métal qui permettent des échanges de coups très lourds, le combat médiéval revient se faire une place en Aveyron. La Salle d'Armes Ecole Ancienne (SAEA) anime des séances d'entraînement à Station A à Rodez et au Lion fitness club de Millau une fois par semaine depuis le mois de septembre.

Deux disciplines très anciennes sont au programme, à commencer par l'escrime moderne. "Comme l'escrime classique, c'est un sport de touche, avec la pointe ou la lame, à la différence que ça se pratique avec des épées anciennes", présente Vincent Balissat, éducateur sportif et formateur à la SAEA Rodez-Millau. La deuxième discipline est le béhourd, qui se joue au temps et qui se rapproche plus de la boxe. "Là, il est interdit d'utiliser la pointe de son épée. Mais on a le droit aux pieds et aux poings, au contact, à la lutte, au combat au sol. C'est le sport de combat le plus complet au monde, quand on pense qu'on peut utiliser son arme et son bouclier. On n'a pas vu ça depuis 15e siècle". Les duels peuvent être d'autant plus impressionnants que les combattants revêtent des armures en métal intégrales.

Bientôt un tournoi pour se faire connaître du grand public

Le SAEA est l'un des principaux précurseurs de ces disciplines en France depuis 2007. L'antenne aveyronnaise, présente depuis 2019 mais qui a souffert de deux années de Covid-19, espère véritablement marquer son implantation ces prochaines saisons. Une section enfant verra le jour en septembre, pour "enseigner quelques techniques transversales des arts du combat, avec de l'escrime ou de la lutte éducative". Le tout avec des équipements en mousse, naturellement.

Les adultes peuvent quant à eux traverser les époques en combattant sous d'épaisses armures. Le public pourra avoir un avant-goût du béhourd en octobre à Millau lors de la seconde édition du tournoi intitulé Le Lion d'acier. "On avait réuni 800 visiteurs l'an passé, alors même qu'on n'avait pas du tout communiqué sur l'événement. Cette fois, on vise un cran plus haut. Surtout qu'on va inviter des combattants internationaux, venus d'Espagne, d'Italie, du Royaume-Uni... et on espère aussi d'Allemagne, de Pologne ou de République tchèque", se réjouit Vincent Balissat.

Partout dans le monde, l'escrime moderne et le béhourd connaissent une popularité grandissante. "Il y a un travail collectif de recherche depuis une vingtaine d'années sur ces arts martiaux médiévaux", et les règles des combats s'officialisent peu à peu avec les années. "Des discussions sont en cours avec la fédération de pentathlon moderne pour développer les sports historiques et les jeux olympiques antiques, ce qui pourrait mener vers un tout premier championnat de France. On est en train d'assister à la professionnalisation de l'escrime moderne et du béhourd".

Des armures et des armes en métal qui viennent d'Ukraine

Même si les armures offrent des protections conséquentes, les armes doivent être conçues de sorte à ne pas blesser. "Des recherches ont été menées, notamment par des forgerons des pays de l'est, pour confectionner les épées longues et des rapières en métal qui se plient à l'impact. Dîtes-vous que lors des duels de béhourd, on a moins fréquemment des blessures qu'au foot. Quand on porte une armure en métal, on peut taper dessus".

Des équipements qu'il n'est cependant pas facile d'obtenir en temps normal, et la guerre en Ukraine n'a rien arrangé. "Les pays de l'est sont très sensibles à leur héritage médiéval, il y a beaucoup de forgerons qui viennent d'Ukraine, de République tchèque et surtout de Pologne. Notre matériel vient principalement de là-bas...", explique Vincent Balissat. "C'est notamment en Ukraine qu'on a mis au point l'équipement soft qui favorise la discipline du béhourd pour tout le monde".