Aveyron : les maternités face à une pénurie de sages-femmes, les professionnelles alertent

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  • Depuis plusieurs années, le rôle des sages-femmes ne se limitent plus qu'aux accouchements.
    Depuis plusieurs années, le rôle des sages-femmes ne se limitent plus qu'aux accouchements. Illustration - Pixabay
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L'Ordre des sages-femmes veut interpeller les futurs députés, avant les élections législatives, sur leurs conditions de travail et la pénurie de professionnelles, comme en Aveyron.
 

En cette journée internationale de la sage-femme, jeudi 5 mai 2022, une campagne de communication est lancée par l'Ordre des sages-femmes afin de remettre la profession en lumière. Pour cause, elle souffre de plus en plus de contraintes et d'un "manque de reconnaissance".

"Les recrutements sont très difficiles", explique Ingrid Lehugeur, présidente de l'Ordre en Aveyron. "Dites-vous par exemple qu'en Midi-Pyrénées, il n'y a que 30 étudiants qui sortent de l'école chaque année et qui doivent se répartir pour toutes les maternités. Sachant que parmi ces étudiants, certains vont se diriger en libéral". Ces derniers mois, les hôpitaux de Rodez et Villefranche-de-Rouergue ont réussi à recruter une nouvelle personne, quand l'hôpital de Millau et Saint-Affrique cherche encore.

En Aveyron, elles sont un total de 110 sages-femmes, dont une quarantaine de libérales. Même elles peinent aussi "à trouver des remplaçantes, ne serait-ce que lors des congés ou pour partir en vacances", quand Ingrid Lehugeur, qui est aussi sage-femme à Villefranche-de-Rouergue, relate des difficultés à recruter en maternité "depuis 2 ou 3 ans".

Des craintes pour bien protéger la santé des femmes

"Nous sommes de moins en moins, et pourtant nous devons faire le même travail, voire plus", rappelle Ingrid Lehugeur. Les compétences des sages-femmes ont en effet beaucoup évoluer avec les années, en plus de s'occuper des accouchements : "consultations gynécologiques, IVG, vaccination, suivi des grossesses, accompagnement des mamans..." Face à la pénurie croissante de sages-femmes, les professionnels commencent à craindre pour "la protection de la santé sexuelle et reproductive des femmes", signe l'Ordre dans un communiqué.

La situation actuelle en France est pointée du doigt en quelques chiffres forts : une femme sur six ne serait pas suivie par un gynécologue, 10 % auraient renoncé à la contraception en raison de son coût, 84 % ont rencontré des difficultés à avorter, 3 000 à 4 000 femmes partent à l'étranger chaque année pour avorter... Mais pour faire face à ces réalités, la profession aurait besoin "de réaffirmer son caractère médical par la réforme des statuts et des rémunérations, pour tous les modes d'exercice". Car pour l'instant, 55 % des sages-femmes envisageraient de quitter la profession, 44 % seraient en burn-out, 70 % ont des symptômes dépressifs, d'après l'Ordre des sages-femmes.

En cette période d'élection, les sages-femmes espèrent attirer l'attention des futurs députés qui seront désignés en juin en leur faisant parvenir un ensemble de propositions. À commencer par "faire de la santé des femmes une priorité de la prochaine mandature".

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