Villefranche-de-Rouergue. Aveyron : l’improbable et admirable ascension du repounchou

  • Une plante immémorielle. Une plante immémorielle.
    Une plante immémorielle.
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GDM

C’est le grand retour de la plante reine, le repounchou. Zoom sur sa nature savoureuse.

Alors que les mois sans "r" signent l’arrivée d’un renouveau printanier, la dix-huitième lettre de l’alphabet claque en faisant résonner le mot : "repounchou". En toute logique occitane, la plante reine des haies, n’en finit pas de rouler sous la langue. Intraduisible dans ce français jacobin, elle saute aux yeux de l’évidence de ces Aveyronnais en quête d’une gourmandise combative, hissant au firmament de la gastronomie son amertume caractéristique. Un rien craintif et surtout très fragile lorsque les ultimes gelées blanchissent la campagne, le repounchou, aux orthographes multiples, se mue en coqueluche chez les gourmets allant jusqu’à tenter de se damer le pion. Il faut dire que lorsque fin mars l’heure change, cette liane émerge du sol en dressant fièrement sa tête avant de s’agripper aux marches.

Recettes de grand-mère

Car d’abord, il y a la quête, la cueillette relativiseront certains. On commence par scruter les lianes sèches de la saison passée, faciles à repérer entre les ronces, les buissons noirs et autres branches frêles. Les jeunes pousses se découvrent alors que la végétation pousse ses premiers soupirs de soulagement. Le printemps étant fils de l’hiver, le doute n’est plus permis. Terrains du causse calcaire ou haies survivantes aux remembrements successifs du Ségala sont son repaire. Tête baissée et regard fixe, on se laisse prendre par ce moment si particulier n’ayant rien à voir avec la traque aux cèpes ou aux morilles. Une fois une belle botte en main, on pourra s’activer à mitonner la recette de grand-mère exhumée des tréfonds des mémoires accommodée de quelques œufs frais, de belles tranches de lard, voire de pommes de terre épongeant l’amertume. À chacun la sienne, peu importe. L’essentiel étant bien que "repouchounado" rime avec échange, partage et convivialité. Car on ne déguste pas ce plat en solo, mais bien en tribu. Pour preuve jusqu’au petit bourg du Mauron sur les hauteurs de Villefranche, mais commune de Maleville, qui, chaque dimanche de Pentecôte, dresse l’imposante table d’hôtes de sa repounchounado annuelle. Pour l’instant, le rituel a échappé à la main mise de quelque confrérie.

Sauvage un jour, indomptable toujours et vive le repounchou !

C’est le grand retour de la plante reine, le repouchoun. Zoom sur nature savoureuse.

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