Belcastel : le kiff de Scaf est de peindre sur les vieux murs abandonnés

On retrouve sa signature sur de nombreux murs. Un peu partout en France comme à l’étranger. Scaf est aujourd’hui reconnu comme l’un des tout meilleurs spécialistes des fresques en trompe-l’œil. En anamorphose pour être plus précis. Invité par Heidi Leigh, dans le cadre de la nouvelle programmation artistique du château de Belcastel, le graffeur lorrain de 40 ans s’est installé en résidence derrière ces murs chargés d’histoire. Nous avons eu le plaisir de le rencontrer, il y a de cela quelques jours, alors qu’il réalisait sur bâche un immense dragon, thème de cette saison culturelle 2022.

Pop culture

Voilà vingt ans que Scaf trimbale ses bombes de peinture. Comme beaucoup d’autres jeunes de sa région, issus de la pop culture et du hip-hop des années 90, il a commencé à peindre dans les friches industrielles de cette Lorraine sidérurgique meurtrie, comme ici, plus près de nous, le Bassin de Decazeville. " Le seul moyen de peindre à l’époque c’était le vandalisme. La règle, c’était qu’il n’y avait pas de règle, témoigne Scaf. Aujourd’hui, c’est reconnu comme un art, c’est comme ça. Le street art est devenu grand public, même si à la base ce n’était pas vraiment fait pour connaître une telle évolution. " De quoi susciter bien des débats. Forcément. Y compris chez les graffeurs et les street artistes, tous n’étant pas forcément heureux de cette marchandisation galopante, nombre d’artistes de la rue se retrouvant aujourd’hui en galeries…

Le succès et la reconnaissance aidant, Scaf participe désormais à de nombreux festivals et autres événements artistiques dans le monde. Lui-même organise un festival, à Longlaville, dans la banlieue de Longwy, à la frontière de la Belgique et du Luxembourg, le Long Art Street. Mais le graffeur n’en a pas moins conservé la flamme et l’esprit de ses débuts, même si la célébrité lui permet aujourd’hui de vivre pleinement de son art. " Mon délire est de continuer à peindre dans des friches industrielles, en essayant d’adapter ce que je fais dans des endroits abandonnés. C’est vraiment un kiff de peindre, c’est toute ma vie, je ne fais que ça, et j’aime peindre dans des friches, comme au tout début, sans avoir le moindre rapport avec l’argent. "

Monstres et animaux féroces

Depuis toujours, Scaf peint directement à la bombe. Des animaux féroces, des monstres, des personnages de films ou de bandes dessinées. " J’ai appris à m’adapter à toutes les situations et finalement je dois faire une bonne vingtaine de corps de métiers en même temps, s’amuse le graffeur. Je suis tout le temps en train d’improviser avec les angles, pour donner l’impression de la 3D. " Scaf a réalisé de nombreux projets sur Toulouse, mais c’est la première fois qu’il venait en Aveyron. "C’est cool de dingue, c’est vraiment ouf." Le dragon qu’il a réalisé à Belcastel, il l’avait déjà en esquisse. "Là, il s’adapte bien." Depuis quelques années, Scaf se met en scène avec ses œuvres, de façon humoristique. "C’est juste rigolo et ça permet aussi de donner une représentation de la taille de la fresque. En principe, je le fais avec ce que je trouve sur place." À Belcastel, il n’a bien évidemment pas résisté à l’envie d’enfiler une tenue de chevalier. Un drôle de chevalier tout de même…

Outre la fresque de Scaf, réalisée in situ, le château de Belcastel présente des œuvres de Wayne Anderson, Tim Cantor, Daniel Merriam, Heidi Taillefer, Antoine Verdier et Kurt Wenner, ainsi qu’un œuf de Fabergé, orné d’un dragon d’or. Plusieurs dragons géants animés feront également le bonheur des enfants, à partir du 15 juin.

On peut retrouver les œuvres de Scaf sur son compte Instagram : (scaf_oner)