Guerre en Ukraine : le boycott européen sur les combustibles russes arrivera-t-il trop tard ?

  • Si un boycott total du pétrole russe était appliqué, quels seraient les effets du prix à la pompe ?
    Si un boycott total du pétrole russe était appliqué, quels seraient les effets du prix à la pompe ? Archives CP
Publié le

La Commission européenne a proposé ce mercredi 4 mai de mettre en place un embargo total mais progressif sur le pétrole russe, après l'avoir fait avec le charbon. Cette proposition doit être validée par les 27 Etats membres avant de pouvoir entrer en vigueur. En attendant, Moscou fait le plein de dividendes et semble s'adapter déjà au futur boycott.
 

"Nous cesserons progressivement l'approvisionnement en pétrole brut dans un délai de six mois et celui en produits raffinés d'ici à la fin de l'année", a lancé mercredi 4 mai la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement de Strasbourg. "Ce ne sera pas facile", a-t-elle ajoute, puisqu'en 2021,  30 % du brut et 15 % des produits pétroliers achetés par les Européens provenaient de Russie.

Cette volonté européenne de peser sur la Russie en se débarrassant de la dépendance à Moscou devra encore être validée par les 27 membres de l'Union européenne... moins quelques dérogations, comme la Hongrie et la Slovaquie, ultra dépendants des oléoducs russes et donc de son pétrole, selon La Tribune. Cette décision pourrait être prise dès ce lundi 9 mai, pour la 72e Journée de l’Europe, d'après Le Monde

Six mois pour arrêter les importations de brut russe, un mois de plus pour les produits raffinés... Cette progressivité contraste évidemment avec l'immédiateté de la guerre en Ukraine, alors que l'embargo sur le charbon russe, déjà décidé, ne sera effectif que le 10 août, soit dans 3 mois. Quant au gaz, un boycott apparaît pour l'heure difficile à mettre en place.

Pour l'instant donc, Moscou ne perd pas d'argent, même si l'UE est bien décidée à ce que "l'ère des carburants fossiles russes en Europe" soit bientôt révolue, a assuré Ursula von der Leyen.

3,8 milliards d'euros de combustibles russes importés par la France en deux mois de conflit

Selon le Centre indépendant de recherche sur l'énergie et l'air pur (Crea), 63 milliards d'euros de combustibles fossiles ont été exportés par la Russie depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, dont environ 44 milliards dans l'Union européenne. L'Allemagne est le plus gros importateur avec 9,1 milliards d'importations, devant l'Italie (6,9 milliards d'euros) et la Chine (6,7 milliards d'euros). La France point parmi les plus gros importateurs, en 6e position, avec 3,8 milliards d'euros d'importations pour les deux premiers mois de conflit.

Si dans la même période les importations de pétrole russe ont chuté de 20 % et celles de charbon de 40 %, en revanche les importations de GNL (Gaz naturel liquéfié) ont grimpé de 20 %. Et les achats de gaz par l'UE, via les oléoducs russes, ont augmenté de 10 %. La Russie commence déjà à s'adapter à un boycott européen à venir, qui la priverait de 60 % de ses exportations de pétrole, mais déjà, les destinations se modifient : les exportations de pétrole hors Union européenne ont augmenté de 20 % depuis le début du conflit, celles de charbon de 30 %, et celles de GNL de... 80%. 

Le Crea, pour qui un boycott rapide des combustibles bloquerait "dès que possible les flux financiers alimentant la campagne de guerre russe", a créé en outre un outil de suivi des exportations russes. 

Le Crea suit les exportations de combutibles russes depuis le début de la guerre en Ukraine.
Le Crea suit les exportations de combutibles russes depuis le début de la guerre en Ukraine. Capture d'écran

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?