Rugby : Decazeville, la communion fait la force

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  • La causerie d’avant-match des coaches Julian et Bowker avant que Monbroussous et Delclaux, qui ne joueront pas, donnent leurs maillots à leurs coéquipiers.
    La causerie d’avant-match des coaches Julian et Bowker avant que Monbroussous et Delclaux, qui ne joueront pas, donnent leurs maillots à leurs coéquipiers. CPA - Philippe Cauffet
  • La haie d'honneur des joueurs decazevillois pour leurs supporters lors de la 3e mi-temps à Montpellier.
    La haie d'honneur des joueurs decazevillois pour leurs supporters lors de la 3e mi-temps à Montpellier. CPA - Philippe Cauffet
  • L'international Léon Loppy, avec le coach decazevillois Anthony Julian. L'international Léon Loppy, avec le coach decazevillois Anthony Julian.
    L'international Léon Loppy, avec le coach decazevillois Anthony Julian. CPA - Philippe Cauffet
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Philippe Cauffet

Dimanche 8 mai à Aubagne, le SCD s’est qualifié pour les 16es de finale du championnat de Fédérale 3 au nombre d’essais inscrits après avoir perdu de peu (19-17, contre un succès 28-26 à l’aller). Un week-end mémorable lors duquel la cohésion entre joueurs, dirigeants et supporters a été à son paroxysme. Nous l’avons vécu de l’intérieur. Récit.

Quand le bus démarre de la place de la Vitarelle à Decazeville, samedi vers 13 h 30, rien n’indique encore que le Sporting va se livrer à une bataille farouche et sortir grand vainqueur de cette double confrontation avec Aubagne ; ouvrant les portes d’un 16e de finale face à Vincennes et, à la clé de ce nouveau double duel, une (re)montée en Fédérale 2. Un trajet très calme lors duquel, si le chambrage est légion et les petites phrases fusent, ce déplacement sera marqué surtout pas l’haletante qualification aux tirs au but de Toulouse sur le Munster en Coupe d’Europe. Déjà les joueurs sont dans leur match, ils rêvent de faire comme le grand Stade, de vaincre en terre hostile.

Et 24 heures plus tard, la fête, la folie, l’ivresse… de la victoire est fêtée sur le chemin du retour, à Montpellier jusqu’au petit matin, dans une brasserie où les joueurs tenaient, plus que tout, à remercier les supporters d’avoir fait ce long déplacement pour les soutenir. Une haie d’honneur de joueurs applaudissant des Decazevillois grimés en bleu et blanc et qui allaient passer de longues heures à échanger, chanter bras dessus, bras dessous avec un XV decazevillois qui, dans l’euphorie encore bien présente, se voit bien aller le plus loin possible.

La fête à Montpellier

On était alors loin de la mise en place du matin même, sur la pelouse d’entraînement de Provence Rugby à deux pas de l’hôtel. C’est l’ancien international Léon Loppy, ex-Toulonais et Castrais, qui avait organisé cela pour son ami Anthony Julian qu’il avait connu à Castres quand l’entraîneur decazevillois jouait en Espoirs. Du sérieux, on récite les gammes, les avants alternent entre combinaisons en touche et regroupements pendant que les lignes arrières mettent une touche finale aux lancements de jeu. La tête est déjà au stade Christian-Martelli d’Aubagne. Le silence se fait plus présent, aussi bien les présidents Patrick Malpel et Christian Murat que les quelques accompagnateurs n’osent presque plus parler avec Anthony Julian et Tim Bowker. Tout le monde est dans le match, sans se projeter pour autant sur le coup d’envoi.

Et au trille final, il aura fallu cinq secondes à tout un stade pour comprendre que pour les uns, l’aventure s’arrêtait là et pour les autres, le grand n’importe quoi d’une qualification pouvait débuter. Dans un vestiaire bleu et blanc, des corps cabossés par tant de générosité exultaient, criaient, pleuraient, s’égosillaient aussi sur l’air de leur fameux "Canta lou papé."

Des joueurs financeurs

De l’aveu des Aubagnais, ils n’avaient pas fait ce qu’il fallait pour s’imposer. Le Sporting "méritait sa qualification " selon les dires de ce joueur de l’équipe locale, aussi bien déçu qu’admiratif de voir un tel nombre de supporters adverses dans son stade. Il faut dire que l’amicale des joueurs avait pris les choses en main, en milieu de semaine dernière. Quentin Fiches et consorts ne voulaient pas aller au combat, seuls, sans l’appui de leur "blue army". Trouvant l’inscription au bus de supporters un peu trop onéreuse, les joueurs ont offert le ticket d’entrée de cette journée mémorable comme ils ont offert d’ailleurs un verre d’un liquide orné d’un faux col, à Montpellier à la nuit tombée. Certains vont dire que ce geste les honore. Mais eux trouvent cela normal, ils aiment leurs supporters, cette bande de fidèles parmi les fidèles qui seront encore du déplacement à Vincennes le 22 mai.

C’est un peu comme avec nous. Il y a la presse dans le bus, à l’hôtel, on se dit alors que les Sportingmen vont faire attention à leurs mots, leurs attitudes. Mais finalement, c’est mal connaître cette bande de potes. Très vite mis à l’aise et une chanson de Demis Roussos plus tard, la presse en prend plein les moustaches, mais toujours dans la bienveillance, heureux comme des gamins de partager une aventure hors du commun. Ce rugby amateur n’est source que de transmission, d’amitiés et de générosité, c’est ce qu’ont souligné Tim Bowker et Anthony Julian lors de la causerie d’avant-match. Et sans trahir ce moment intime où ceux qui ne vont pas jouer comme Jonathan Monbroussous et Cédric Delclaux vont donner les maillots à leurs coéquipiers, certaines phrases résonnent encore dans les têtes, "Ensemble, on ne risque rien. C’est un privilège de porter ce maillot…"

Et c’est le départ pour Aubagne. Dans le bus, le calme règne. Sur l’autoroute, on aperçoit la Montagne Sainte-Victoire. Tim Bowker se retourne et dit : "ça, c’est un signe. " Anthony Julian a un sourire en coin. Il sait déjà ce qu’il va arriver.

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