Aveyron : un rêve d’enfance, le nouveau roman de Daniel Crozes

Ma mère m’a souvent parlé de sa vocation enterrée d’institutrice. C’était à la Libération. À ce moment, l’éducation des femmes n’est pas une priorité. On est focalisé sur les garçons. C’est quelque chose qui l’a frappée". Et qui a frappé Daniel Crozes également. Il a en effet fait de l’histoire de sa mère, le point de départ de son nouveau roman, "Un rêve d’enfance". L’histoire de Marielle, fille d’une modeste famille de paysans aveyronnais, qui veut devenir institutrice. Une envie contrariée par le choix de son frère qui, en se mariant avec sa cousine germaine, envisage de reprendre l’exploitation.

"Je ne supporte pas l’à-peu-près"

De la vie dans la campagne aveyronnaise au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, avec les échos du trouble en Indochine, en passant par la "bataille" entre les écoles de Dieu et celles sans Dieu, le tout sur fond de difficile condition féminine, Daniel Crozes signe un roman qui nous transporte plus de soixante-dix ans en arrière. Avec la précision et la documentation qui caractérisent chacun de ses romans.

"Je ne supporte pas l’à-peu-près ", sourit l’auteur de Camjac, toujours animé par sa formation d’historien et son passé de journaliste quand il écrit ses romans et fait vivre ses personnages tout droit sortis de son imagination. "D’ailleurs, des lecteurs n’hésiteraient pas à me le faire savoir si je n’étais pas exact dans mes descriptions. Je travaille aussi beaucoup avec la presse de l’époque".

Ce roman est également marqué par le souvenir qu’il a de son instituteur. "Un instituteur à l’ancienne, qui ramenait l’histoire de France à l’histoire du Rouergue" On sent chez le romancier aveyronnais ce plaisir à avoir installé ses personnages de romans dans l’ambiance qui était celle de Rodez et de la campagne aveyronnaise quand sa maman était toute jeune. Le moment était en tout cas venu pour lui de s’y laisser entraîner.

Un peu comme il le fit au décès de son père, quand il écrivit "Lendemain de Libération", qui se penche sur les travailleurs du STO. "Mon père est décédé en 2013. Il a effectué ce Service de travail obligatoire. Et il était temps pour moi d’imprimer le témoignage de cette époque-là".

Daniel Crozes envisage la retraite

"Un rêve d’enfance", comme tous ses romans, a donc aussi valeur d’histoire. Reste celle de Marielle qui, contre vents et marées, se battra avec courage pour son émancipation.

Un roman qui réjouira les nombreux lecteurs du fidèle auteur de la Maison d’édition Le Rouergue. Mais qui fait aussi partie de ses derniers. Si les romans pour les printemps 2023 et 2024 sont prêts, Daniel Crozes envisage de prendre "sa retraite". "J’ai bien quelques romans en tête que je souhaite écrire, mais je n’ai plus la même énergie que lorsque j’avais trente ou quarante ans", glisse-t-il.

En attendant, comme il en a l’habitude et le plaisir, il va partir à la rencontre de ses lecteurs. Après le Cantal et la Lozère ces jours-ci, il sera à la Maison du livre, à Rodez, le 21 mai, toute la journée, et à "Caumes des livres", à Millau, le 28 mai.