Football : « Tant qu’on restera travailleurs, sérieux et solidaires… », Pierre-Olivier Murat, le président de Rodez, fait le bilan de la saison écoulée

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  • Pierre-Olivier Murat peut être soulagé : le Raf va connaître une quatrième saison consécutive en Ligue 2.
    Pierre-Olivier Murat peut être soulagé : le Raf va connaître une quatrième saison consécutive en Ligue 2. Centre Presse - Jean-Louis Bories
Publié le , mis à jour

Après le maintien du Raf, assuré samedi 14 mai lors de l'ultime journée de Ligue 2, face à Caen (2-0), le président de Rodez a évoqué la saison écoulée, le recrutement à venir et les évolutions souhaitées.

Bilan de la saison :
« Objectif atteint »

Quel est votre sentiment après le maintien validé lors de la dernière journée contre Caen (2-0), samedi 14 mai ?

Nous avons connu une saison en montagnes russes, durant laquelle nous avons battu trois records : le meilleur classement et le plus grand nombre de points à la trêve (8e avec 27 unités, NDLR), une série de 18 matches sans succès (de la 18e à la 35e journée) et trois victoires pour finir. L’objectif a été atteint, de manière non linéaire, mais nous y sommes arrivés.

Vous aviez pourtant évoqué à plusieurs reprises viser mieux que le maintien...

On veut toujours faire mieux mais l’objectif de base est de rester en L2. Nous ne finissons qu’à 6 points du 9e et 3 du 12e. Si on avait pu prendre 2 ou 3 victoires sur notre série de 18 matches sans succès, on aurait été bien mieux. Il faudra se poser la question de savoir pourquoi on a un tel trou d’air dans nos saisons, car c’est répétitif.

Comment expliquez-vous cela ?

Si on associe la première partie de saison précédente à la seconde actuelle, on est en National. Si on fait la phase retour de la saison dernière et le début de celle qui vient de se finir, on est en L1 ! Il faut gagner en régularité. Pour ce qui s’est passé cette saison, on a été diminué par le Covid en janvier, alors que nous avions été épargnés avant. Ensuite, il y a tout un tas de petites choses qui ont fait que ce n’est pas allé.

Est-ce que vous ne vous êtes pas vu trop beaux après la phase aller réussie ?

Non, il n’y a personne qui « se la pète » parmi nos joueurs. Je dirais plutôt qu’on n’a pas senti venir le danger. On a glissé un peu au classement, en janvier, en février, sans sentir la menace. La saison dernière, c’était très différent, car on avait mal commencé et on s’est trouvé dans les derniers à la trêve. Mais cette fois, de manière inconsciente, on se disait que ça allait passer, qu’on va gagner d’autres matches.

Faut-il y voir les conséquences du choix de la réduction de l’effectif, en début de saison ?

Non car tous les postes étaient doublés. Et en janvier, on a recruté, au point d’avoir 29 professionnels. Il y a plutôt eu un manque d’expérience, de la part d’un effectif relativement jeune. Il a manqué un « papa », capable de remettre tout le monde sur la bonne pente quand ça va mal.

Laurent Peyrelade, l’entraîneur, a plusieurs fois reproché un manque d’esprit collectif à ses joueurs. Faites-vous le même constat ?

Pour moi, ce n’est pas le sujet qui explique nos maux. Quand on a fait une première phase de fou, tout le monde trouvait qu’on avait un esprit collectif. On essaye de chercher plein de choses pour expliquer ce qui a suivi, mais on ne s’est pas réveillé au 1er janvier en étant moins collectif. Si on n’avait pas eu cet esprit, on serait en National. On n’aurait pas aligné trois victoires pour finir la saison. On a eu une équipe soudée et, pour 90 % d’entre eux, il n’y a pas eu de joueurs qui ont pensé à leur petite personne.

Si vous aviez la possibilité de remonter dans le temps, y aurait-il des choses que vous feriez différemment ?

Pas vraiment. Au final, on a réussi à se maintenir. Virer l’entraîneur ? Je n’ai jamais fait cela en tant que président, et au final j’ai raison. D’autant que des clubs descendent en ayant changé une ou deux fois de coach. Quand il y a eu le feu au niveau des résultats, j’ai été plus présent à l’entraînement et j’ai constaté que ça bossait intelligemment et fort. On finit avec 43 points, comme la saison dernière, et on reste en L2. Ce qu’on fait est fabuleux. On est dans une ville de 25 000 habitants et personne d’autre dans ce cas n’a son équipe féminine en première division et son équipe masculine qui part pour une quatrième saison en Ligue 2. Ça montre qu’on bosse bien. J’aurais préféré qu’on finisse 9e ou 10e avec six points de plus, mais c’est déjà ça.

Au cours de la mauvaise série de Rodez, vous êtes monté au créneau après le revers à Quevilly (2-0, J32). Est-ce que cela signifie qu’à ce moment-là le staff n’était plus en mesure de faire face à la situation ?

Pas nécessairement. Dans un club, le patron reste le président. Quand j’ai vu des choses qui ne m’ont pas plu, j’ai pris des décisions pour mettre certaines choses en place.

Avez-vous été écouté ?

On s’est maintenu ! Quand j’ai dit, après Quevilly, qu’on allait se maintenir sans passer par le barrage, je pense que pas grand monde ne me croyait. Nous étions dans une mauvaise spirale, avec zéro réussite, qui faisait mal au mental des joueurs et du staff. À ce moment-là, il fallait que le capitaine du navire prenne ses responsabilités.

C’est passé notamment par des choix sur le terrain, avec les titulaires habituels Pierre Bardy et Jordan Leborgne qui ne sont plus apparus sur une feuille de match jusqu’à la fin de la saison. Que leur était-il reproché ?

Le fait de faire d’autres choix a permis de mettre de la fraîcheur, en utilisant des joueurs comme Greg (Coelho), Killian (Corredor) ou Alan (Kérouédan). Quand des titulaires sortent du groupe, cela incite tout le monde à se bouger.

En somme, le choc psychologique est passé par des changements de joueurs plutôt que d’entraîneur…

Le choc psychologique en changeant de coach, je n’y crois pas. Je virerai un entraîneur le jour où j’estimerai qu’il ne travaille pas assez, qu’il n’est pas investi à 100 %.

Pour revenir aux cas de Bardy et Leborgne, que leur était-il reproché ?

Il n’y a pas eu de problème énorme. Mais à certains moments, il faut mettre en concurrence avec des jeunes. À 18 matches sans victoire, il faut bien tenter quelque chose ! Et pour Pierre, il a eu en plus des problèmes au dos en fin de saison.

Estimez-vous que le club a progressé au cours de la saison qui s’achève ?

Le club a progressé. On est dans la stabilité, on travaille, on n’est pas dans le clinquant. Tant qu’on restera travailleurs, sérieux et solidaires, je ne serai pas inquiet.

Mouvements de l’été :
« Un joueur d’expérience par ligne »

À l’issue de la victoire contre Caen, Laurent Peyrelade a déclaré qu’il ne savait pas s’il serait toujours l’entraîneur du Raf la saison prochaine, alors qu’il lui reste un an de contrat. Comment avez-vous accueilli cette prise de parole ?

On a des discussions ensemble à ce sujet. L’homme, je l’adore, l’entraîneur aussi. Je suis surpris qu’il ait dit cela devant la presse, ce n’est pas son style. Mais c’est normal de se poser ce genre de questions entre un entraîneur et un président.

Avez-vous déjà évoqué ce sujet ?

Des discussions, on en a tous les deux. Pour savoir comment continuer, avec quelles évolutions…

Sur quels aspects portent ces discussions ?

Un peu sur tout. Le seul domaine où l’on ne peut pas évoluer, c’est sur les déplacements. On fait 100 % de nos trajets en avion privé, hormis les plus proches. On discute pour savoir comment évoluer, ce qui peut passer par un staff médical plus important, un centre d’entraînement avec a minima un terrain synthétique, afin d’arrêter de bricoler l’hiver et d’éviter d’aller de droite à gauche… Même si on image que c’est toujours mieux ailleurs, je me rends compte qu’en L2, certains sont bien mieux lotis que nous, mais que d’autres sont dans des situations similaires et il y en a aussi qui ont pire.

Est-ce que vous vous êtes fixé une date limite pour prendre une décision au sujet de l’avenir de Laurent Peyrelade ?

Non. Je lui ai juste dit de se barrer trois jours et de prendre du repos.

Peut-on retenir un entraîneur qui ne souhaite pas rester ?

La saison prochaine, il y aura quatre descentes de Ligue 2 vers le National. Que ce soit le coach, le staff technique, le staff médical, les joueurs ou le président, si quelqu’un n’est pas focalisé à 100 % sur le Raf, il faut qu’il parte. Ce sera une saison bizarre au niveau du calendrier, puisque avec la coupure pour la coupe du monde, elle sera divisée en deux parties ramassées, qui ressembleront à deux sprints.

Ces dernières saisons, le Raf a eu l’habitude de recruter rapidement. Faut-il s’attendre aussi à cela cette année ?

On a déjà contacté des joueurs dans le cas où on resterait en L2 mais évidemment, dans cette situation, ils attendent de savoir quelle sera l’issue sportive. Des dossiers vont aller assez vite. Pour le reste, je ne vais pas me presser.

Faut-il s’attendre à de gros chamboulements dans l’effectif ?

On a un petit tiers de joueurs en fin de contrat. Je vais voir les joueurs de lundi (aujourd’hui) à mercredi pour discuter de la suite.

Avez-vous reçu des sollicitations pour certains de vos joueurs ?

Oui, pour deux ou trois joueurs. Mais il y a un monde entre un coup de fil et une offre écrite. Et pour l’instant, je n’en ai aucune sur mon bureau.

À quels postes comptez-vous renforcer l’effectif ?

Je dirai cela plus précisément après avoir vu les joueurs. Pour l’instant, j’aimerais prendre à chaque ligne un joueur d’expérience, ayant du vécu en L2 ou un autre championnat de ce niveau.

Est-ce que le Raf a les moyens d’attirer des éléments expérimentés ?

Oui.

Structures :
« Le stade est essentiel pour se pérenniser »

Rodez va disputer une quatrième saison consécutive en L2. Le club commence à faire sa place dans le paysage du football professionnel…

L’essentiel pour pérenniser le club à ce niveau, c’est le stade. Il s’agit d’un outil de développement économique très fort. Ce problème est en passe d’être réglé grâce à la mairie de Rodez mais il nous faudra aussi trouver des investissements supplémentaires pour développer le club.

Est-ce important d’inaugurer la première partie des nouvelles tribunes en L2 ?

Une fois que le stade sera terminé, on va franchir un gros gap financier. Et un petit à mi-saison (l’utilisation des nouvelles tribunes est programmée pour le début d’année 2023). Cela fait deux ans qu’on refuse des places VIP, qu’on ne peut pas satisfaire nos partenaires, ni les gens avec moins de moyens, en proposant des places avec des prix plus bas. Quand le stade sera terminé, on proposera des tarifs plus accessibles, avec peut-être des places à 5 ou 6 euros.

Il y a eu des critiques de la part du public sur vos tarifs ...

Cette saison, nous avions le plus petit stade d’Europe dans les championnats professionnels. C’était compliqué à gérer et nous ne pouvions pas faire n’importe quoi. On a dû mettre un premier prix un peu haut.

Comptez-vous bénéficier de plus de recettes billetterie la saison prochaine ?

Un petit peu, car sur une demi-saison, nous aurons une capacité plus grande, une possibilité de prestations plus importante. Sans l’outil stade, ce ne sera pas possible pour le Raf de rester chez les professionnels. Il nous permettra de développer notre chiffre d’affaires. Et ce sera aussi important pour la ferveur : quand 7 000 personnes poussent, ce n’est pas la même chose.

Avec le partenariat entre le fonds CVC et le football français, le club touchera 1,5 million d’euros. Comment comptez-vous l’utiliser ?

Ce sera pour développer nos infrastructures, le centre d’entraînement et le futur centre de formation. On ne va pas faire venir Mbappé (rires) !

Où en est le projet de centre de formation ?

Jusqu’au match contre Caen, on n’a pas pu trop avancer. L’objectif est d’avoir dans un même lieu toutes les équipes du club qui s’entraînent, des gamins de 5-6 ans aux seniors, chez les garçons comme chez les filles.

Avez-vous une obligation de disposer d’un centre de formation pour votre quatrième saison en L2 ?

Non, il n’y a plus d’obligation de ce genre. D’ailleurs, tous les clubs professionnels n’en ont pas. Mais il y a un manque à gagner financier, via la licence club.

Lors de la prochaine saison, il y aura quatre descentes en National et à court terme, les championnats de L1 et L2 ne compteront plus que 18 clubs. Est-ce que le Raf peut espérer rester durablement à ce niveau ?

On va le faire, on va y rester. Cette année, Nancy descend avec le 7e budget. Ajaccio monte en Ligue 1 sans être le club qui dispose des plus gros moyens. Valenciennes, qui doit avoir un budget trois fois supérieur au nôtre, ne finit qu’avec un point de plus que nous. L’argent ne fait pas tout. Surtout en Ligue 2, un championnat très serré, très long et très difficile.

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Les commentaires (1)
Aveyron13 Il y a 1 année Le 16/05/2022 à 10:27

Il semblerait qu’il y ait de l’eau dans le gaz entre Pom et Peyrelade.