Football - Pierre Bourdet, président du district de l'Aveyron : « Renouer avec le succès »

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  • Pierre Bourdet avait notamment la tête aux finales de coupe de l’Aveyron cette semaine dans son bureau du District, à Onet-le-Château. Au sujet de l’affluence attendue, il a indiqué : « Le stade peut accueillir jusqu’à 5 200 personnes, mais si on approche les 3 000, ce sera déjà très, très bien. »
    Pierre Bourdet avait notamment la tête aux finales de coupe de l’Aveyron cette semaine dans son bureau du District, à Onet-le-Château. Au sujet de l’affluence attendue, il a indiqué : « Le stade peut accueillir jusqu’à 5 200 personnes, mais si on approche les 3 000, ce sera déjà très, très bien. » Centre Presse - José A. Torres
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À l'avant-veille du rendez-vous de l’année pour son District, le président Pierre Bourdet se livre. Évènement festif, déménagement à Millau, mais aussi bilan d’une saison éreintante marquée par les pass sanitaire puis vaccinal ou encore des actes violents et des accusations de racisme, le dirigeant de 63 ans n’a rien éludé. Entretien.

Comment se présentent ces finales de coupe de l’Aveyron ?

Très, très bien. On espère qu’il y aura le beau temps, pas d’orage, car on a voulu que ce soit très festif ! Et également intégrer le développement du football féminin à travers les finales des U15 et U18 féminines, concernant huit équipes qui se dérouleront de 12h30 à 16 h 30 sous la forme d’un “final four”. Puis suivra la finale des seniors féminines, à 17heures, avant la finale des seniors hommes à 20 h 30. Il est clair que pour nous, le challenge était de se déplacer. Nous ne pouvions pas le faire à Rodez au vu des travaux du stade Paul-Lignon, et il a donc fallu construire avec la Ville et le club de Millau, que je remercie d’ailleurs tous les deux pour leur aide. C’est une vraie fête du football comme cela se produisait chaque année, alors que cela fait deux ans qu’elle n’a pu avoir lieu à cause du Covid. On espère ainsi renouer avec le succès. Et le succès pour nous, c’est le nombre de personnes présentes. Les clubs présents en finale ont l’air de beaucoup mobiliser, la différence se fera désormais avec le public du Sud-Aveyron et millavois qui, on l’espère, répondra présent.

Justement, on a longtemps cru que l’équipe de Millau hommes leader de D1, promue en R3 et éliminée en quarts, jouerait ce rendez-vous à domicile. Finalement, elle n’est pas là…

Non, c’est le sport. Effectivement, une finale avec Millau aurait pu avoir un certain attrait, mais le sport a fait que ce sont Olemps et Réquista qui s’affrontent chez les hommes. C’est en plus une belle affiche. Le week-end dernier, ils se sont rencontrés en championnat, pour un match avec des buts, 3-2 au final pour Réquista. Pour nous, c’est important de donner une belle image, donc d’avoir un bon match, mais aussi un moment festif, des supporters, des villages qui se réunissent. Et derrière nos partenaires que l’on invite avec une soirée spéciale pour eux. C’est la belle conclusion du football aveyronnais dans sa capacité à réunir et à rassembler.

L’engouement autour de cette coupe départementale reste toujours une vraie particularité en Aveyron. En plus, c’est une première pour votre équipe élue fin décembre 2020. Et c’est également la première qui va à son terme depuis trois ans à cause du Covid. Bref, tout est réuni pour que ce soit un réel feu d’artifice…

Tout à fait ! En espérant qu’il n’y ait pas d’orage pour cela (rires). D’autant qu’il y aura aussi une surprise, que je ne peux, de fait, pas dévoiler ici. Je veux rendre hommage aussi à mes prédécesseurs qui ont su construire ce succès et développer cette coupe pour qu’elle devienne une fête incontournable et remarquable par son importance par rapport à d’autres districts.

« Bien sûr que quand Paul-Lignon sera prêt, on y reviendra et on y restera »

Cela tient à quoi selon vous ?

Elle est à l’image de la Coupe de France, dans laquelle les clubs s’investissent car ont toujours envie de jouer contre plus fort qu’eux, pour se mesurer. Pour la coupe de l’Aveyron, c’est au niveau des villages que cela prend racine. Chacun a envie d’arriver à ce Graal représenté par cette finale. Et je pense aussi, sincèrement, que le fait de jouer à Paul-Lignon est un objectif. Je l’ai bien vu dans certains commentaires d’éducateurs qui m’ont confié cette année, que c’était dommage qu’elle ne s’y déroule pas. Mais ce n’était pas possible. Et je garantis qu’à Millau, nous sommes tellement bien reçus, que ce sera une très belle fête aussi.

Olivier Nicolas, l’élu chargé des sports à la mairie de Rodez (propriétaire de Paul-Lignon), en marge de l’explication du pourquoi son stade serait inaccessible cette année pour vous, avait évoqué il y a quelques semaines l’éventualité que ces finales puissent être itinérantes sur le département. L’envisagez-vous ou le retour à Paul-Lignon quand les travaux seront terminés est sacralisé ?

La réponse est simple : c’est comme si on disait qu’on faisait tourner la finale de la Coupe de France. Aucun club ne le comprendrait. Le fait qu’un club pro comme le Raf joue à Paul-Lignon, qui plus est avec la rénovation du stade, joue aussi sur l’image qu’il renvoie. Le débat n’est ainsi plus là. Bien sûr que quand Paul-Lignon sera prêt, on y reviendra et on y restera. Cela participe à la réussite de cette coupe.

De manière plus générale, dans quel état se trouve le football aveyronnais qui a vécu cette saison son « vrai» retour après Covid, non sans mal d’ailleurs avec l’application du pass sanitaire, puis vaccinal puis plus rien du tout ?

Le Covid nous a évidemment perturbés, d’autant que nous avons adopté une solution disons bienveillante, puisqu’avec plus de trois cas positifs, on suspendait tous les matches du club en question. La météo ne nous a pas facilité les choses non plus. Si bien qu’il y a eu sept journées qui ont été reportées. Et malgré cela, on va terminer nos championnats. On a donc réussi l’objectif majeur qui était que les championnats aillent à leur terme. Et cela avec la capacité des clubs à nous comprendre, à nous aider même, puisque sur la fin, il y a quand même eu pas mal de rencontres disputées le mercredi. Après, tout n’a pas été parfait, mais globalement, il n’y a pas eu de problèmes majeurs.

« Le retour au jeu après Covid a développé des engagements beaucoup plus forts »

Et ce n’était pas gagné car avec le pass sanitaire puis vaccinal il y a quand même eu quelques difficultés… Mais qui au final ont donc été surpassées ?

Tout à fait. Comme je le disais souvent à l’époque, par rapport à cette gestion du Covid, même nos gouvernants ont parfois eu des hésitations ; on a eu des modifications de règlements assez régulièrement et c’était compliqué à suivre. Mais dans l’ensemble, on a été responsable et on s’en est bien sorti.

En termes de quantité, avez-vous remarqué un déficit de licenciés aveyronnais dû au Covid ?

Au contraire, on a eu un nombre de licenciés supplémentaire, et c’est une excellente nouvelle pour le football aveyronnais. On est passé de 10762 licenciés en 2020-21 à 11657 cette année. Donc une augmentation de 8,3 %, chez les seniors notamment mais surtout chez les jeunes. En football d’animation par exemple, avec une hausse de 20 %.

En fait, on est quasiment revenu au nombre de licenciés d’avant-crise, c’est bien ça ?

Pratiquement, oui. Notre nombre de licenciés stabilisé sur les trois ou quatre dernières saisons avant l’apparition du Covid s’établissait autour de 12000. C’est une excellente nouvelle et c’est la preuve que le football se porte bien malgré tout en Aveyron. Sachant que nous gérons un territoire qui comprend aussi les effectifs de la Lozère, avec donc 3 000 licenciés en plus.
Le nombre de clubs a lui quelque peu baissé…

Pierre Bourdet.
Pierre Bourdet. Centre Presse - José A. Torres

Le football aveyronnais reste globalement solide dans son territoire, mais cela n’empêche qu’il y a des clubs qui sont en difficulté, des petits clubs ruraux, d’autres qui fusionnent. On est aujourd’hui à 94 clubs et il était avant crise à 110. La faute à la crise sanitaire ?

Non. Il y a des fusions. Villeneuve et Toulonjac par exemple. Il va y avoir celle de Montbazens-Rignac aussi. Larzac vallées a créé un gros club, en représentant avant quatre ou cinq. Quelques clubs ont arrêté aussi, effectivement. Mais il y en a d’autres qui sont revenus, comme Sainte-Croix ou Broquiès. Mon rêve est qu’il y ait une organisation du football qui soit forte à travers des clubs structurés mais que cela n’empêche pas malgré tout d’autres, ruraux, de pratiquer sous une forme de compétition adaptée à leur niveau.

Au cœur de l’hiver, après les incidents ayant émaillé le match de D1 Réquista – Villefranche, vous avez écrit une lettre ouverte dans laquelle vous rappeliez que « le sport, ce n’est pas la guerre ». Cela veut-il dire que ça va mal au niveau de la violence dans le milieu du foot en Aveyron ?

Je suis convaincu que faire la politique de l’autruche serait totalement néfaste. Il faut effectivement prendre à bras-le-corps les problèmes quand ils sont soulevés. C’est pour cela que quand on a eu ce problème de bagarre générale, il fallait absolument susciter l’émotion positive. Dire : “Attendez, le football, ce n’est pas la guerre, on y joue pour le plaisir, surtout après les années de Covid.” Après, il faut en faire une lecture vraie : dans la saison en Aveyron, il y a environ 2 000 matches de seniors et U19 hommes et femmes. Et on a eu pour tous ces matches-là un problème d’incivilité grave avec cette bagarre et neuf problèmes de comportements sur l’arbitre. Dix sur 2 000, ça fait 0,5 %. De trop, certes. Mais il y a une énorme majorité de matches qui se déroule dans un bon état d’esprit. Pour moi, le problème le plus important est le comportement du public. Il tend les matches, les rend compliqués à arbitrer, à gérer. Des actions doivent être menées. Certains districts commencent à le faire. On s’y associera. Il faut trouver le moyen de baisser la tension du public qui peut inciter les joueurs à “péter un câble”. Une disposition est très simple pour cela : c’est la suspension de terrain. On l’a déjà fait cette saison (pour Villefranche-de-R. après des menaces de mort reçues par un arbitre, NDLR) et on va le durcir la saison prochaine avec, en plus, l’interdiction de trouver un terrain de repli à plus de 25 kilomètres.

« Y a-t-il un vrai problème de racisme dans le football aveyronnais ? Non »

Vous aviez évoqué aussi une recrudescence des cartons jaunes et rouges dans votre lettre d’alerte cet hiver.

En réalité, c’est un peu plus nuancé. C’est une augmentation de 30 % environ par rapport aux saisons 2016-17 et 2017-18, mais aussi une baisse d’environ 7 % par rapport à la dernière année de comparaison valable, 2018-2019. Cela dit, le retour au jeu après Covid a développé malgré tout des engagements beaucoup plus forts. Les joueurs, en retrouvant le plaisir du terrain, ont une énergie supérieure à avant et cela a créé des tensions. Il y a eu aussi des enjeux pour les clubs. Certains ont “perdu” deux ans dans leur vie de clubs. Du coup, pour ne pas perdre plus de temps, il faut gagner. Et cela, on le ressent, même sur cette fin de saison. On le voit en D1, on l’a vu aussi dans d’autres divisions.

Arbitres : contre-courant positif

Pierre Bourdet sur l’arbitrage : « Il faut défendre la famille des arbitres à deux niveaux. D’abord, on n’a pas le droit de s’attaquer à des arbitres comme on peut le voir sur le terrain. Et il faut la défendre aussi car la vocation se perd. Au niveau Ligue, on est à – 30 % ! Néanmoins, en Aveyron, le travail de la commission dédiée à ce sujet a porté ses fruits puisqu’on est à une vingtaine d’arbitres de plus cette année. On est repassé à 135 arbitres, et même 160 avec la Lozère. C’est très bien, mais il en faut toujours plus. Ce serait par exemple un rêve si on pouvait faire arbitrer la D5. »

Par ailleurs, et pour faire écho à l’affaire Réquista – Villefranche mais pas seulement, diriez-vous que le racisme sur et autour des terrains de football est une réalité en Aveyron ?

Pour moi, pas du tout. Le racisme, ce serait le comportement de spectateurs marqué contre des joueurs de religion ou de couleur différentes. Et moi, j’ai vraiment l’impression qu’on ne peut pas parler de racisme parce qu’on entendrait des propos racistes. C’est plus un comportement primaire de spectateurs qui vocifèrent, la plupart du temps contre l’arbitre, et quelques fois contre des joueurs, mais sous une forme classique : “va voir ailleurs”, etc. Bien sûr qu’on trouvera quelques cas et des propos racistes. Et il ne faut pas le négliger ou le mettre sous le tapis. Mais y a-t-il un vrai problème de racisme dans le football aveyronnais ? Non !

C’est donc dans ce sens que dans le rapport de la commission d’appel de l’affaire Réquista – Villefranche, il a été avéré que les mots “singe”, comme “guignol” et “paysan” avaient été dits plusieurs fois mais que cela ne pouvait pas caractériser des faits discriminatoires ou racistes ? On en est là : on peut aujourd’hui laisser dire des mots comme cela dans un stade et continuer à jouer au football ?

Non. On ne peut pas parler d’une personne comme d’un singe, surtout quand ça renvoie à une couleur de peau. Là, je m’inscris totalement en garant du fait que le sport et le football ce n’est pas cela, et qu’il faut condamner fermement ce type de propos. Au sujet du fait discriminatoire, quand on parle de paysan ou guignol, moi ça fait 40 ans que je suis dans le milieu du football, j’ai déjà entendu ce genre de choses et on s’en émouvait moins. Dans un derby entre deux clubs voisins, on pouvait se traiter de tous les noms d’oiseaux. En fin de compte, selon moi, cela dépend qui le prononce et comment il le prononce. Il y a des gens, bêtement, qui vont balancer un mot comme cela et ne pas se rendre compte de ce qu’ils ont dit sur le moment. Et après, il y a les vrais racistes. C’est ceux-là qu’il faut combattre. Et s’il y en a dans les stades, les “éliminer”.

Avez-vous déjà réfléchi à des actions à mettre en place pour combattre justement cette violence et ces faits de racisme ?

On y réfléchit oui. On pense rédiger une charte que les clubs pourraient faire signer à leurs supporters. Il y a aussi dans les cartons une action de pédagogie avec les enfants qui éduqueraient leurs parents via une communication avec des panneaux par exemple en disant : “Je joue pour le plaisir, N’embête pas l’arbitre, mon éducateur”… C’est bien avancé dans le District de Haute-Garonne et on veut y apporter notre contribution. On a aussi le panel de sanctions. C’est, malheureusement, mais parfois seulement, ce que comprennent les joueurs. Et pour le public, j’ai déjà indiqué notre souhait de plus de sévérité sur les suspensions de stade.

Et aussi : journée des bénévoles, tournée présidentielle enclenchée, communication…

Pierre Bourdet a rappelé que « la formation des dirigeants est toujours un objectif fort » du Daf. Il a aussi voulu battre le rappel pour un moment important à destination de ceux qui “travaillent” dans l’ombre mais sont essentiels : les bénévoles. « Le 11 juin, à Bozouls, nous en avons invité cinq de chaque club pour un moment très festif. » Enfin, et alors qu’il estime la communication de son instance améliorée, notamment avec la naissance d’une revue dématérialisée ou encore une page facebook « passée de 3 000 à 5 000 abonnés », le premier footballeur aveyronnais a bien avancé ce qui était une promesse de campagne : sa visite de chaque club. Un tiers l’ont reçu ce printemps, autant le feront à l’automne puis au printemps prochain. Pour « un dialogue de deux ou trois heures essentiel pour être à l’écoute de tous. » Doit en sortir « une synthèse pour faire évoluer un certain nombre de choses dans le foot aveyronnais ».

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