Quilles de huit : le rabat, ou l’art de trouver son geste

C’est le premier coup d’une partie de quilles de huit, le plus proche du jeu et le plus technique, et pourtant le moins travaillé. Quand ils s’entraînent ou s’échauffent, la majorité des quilleurs s’attardent peu ou pas du tout sur le rabat. Effectivement, il ne revient qu’une seule fois par partie, mais quand il faut faire les comptes, son résultat peut faire la différence. "Quand les débutants commencent au rabat, ils ont l’impression que ça va être facile car ils sont près, qu’ils vont forcément faire la rangée, mais ce n’est pas si évident", souligne Vincent Bousquet, cadre technique du comité national et formateur des éducateurs.

Sur le papier, le rabat peut paraître simple avec uniquement la boule en main et à seulement un mètre du jeu. Mais les quilleurs savent que la réalité est plus complexe. À cette distance, la précision et la puissance ne sont pas obligatoires. Cette dernière peut même faire défaut. "Je ne prends plus d’élan pour ralentir mon geste. Ce qui m’a permis de passer de 3 à 4,5 quilles de moyenne l’an dernier. Avant, mon bras allait tout droit avec la vitesse et je pouvais ne prendre que deux quilles", précise Alexandre Andrieu (Excellence, Rodez). Car le but de ce coup est d’aller chercher des quilles à droite en rabattant celle de la rangée, pour faire au minimum 3 ou 4. Et ça se joue souvent à un grain de sable.

À chacun sa technique

Le rabat est une affaire de technique, et surtout de technique personnelle. Quatre critères majeurs permettent de créer sa propre méthode : le placement, le poids de la boule, le geste et le quillage. Une des techniques les plus utilisées pour aller chercher au-delà de la rangée est "de prendre la première, fine, à mi-hauteur pour qu’elle se rabatte sur la 9 (la quille derrière la bonne), et d’allonger vers la deuxième pour continuer la rangée", explique Fanny Chayrigues (Excellence, Luc), qui joue comme ça depuis deux ans après de nombreux entraînements.

Il faut du temps et de la sueur pour peaufiner sa propre méthode, et y dédier des séances. Il y a aussi la question du quillage : la première vers l’extérieur ou vers la 9, et cette dernière quillée à l’envers ? Ainsi que le geste, propre à chaque joueur. "Je casse le poignet sans allonger la boule, ça lui donne un effet, souligne Julien Clamens (Honneur, Inières), j’ai toujours joué comme ça, et mon père et mon grand-père font pareil. Mais à la première manche, j’ai fait 4,2 et 2 au rabat, ça m’a travaillé alors je l’ai beaucoup bossé."

Pour les joueurs qui ont une boule pas très lourde, qui pourrait se faire éjecter à l’impact, il vaut mieux la poser au pied de la première, tout en évaluant le bon degré de placement face à la rangée. Bref, il faut essayer, essayer et encore essayer, car il y a autant de manières de jouer le rabat que de quilleurs. Et même une fois sa technique trouvée, les coups de moins bien arrivent car les quilles ne sont pas une science exacte. On peut alors s’appuyer et se conforter avec l’adage : "petit rabat, grosse partie".