VIDEO - L'ampleur des dégâts des rats taupiers dans les exploitations de l'Aubrac

  • Laurent Lemmet, propriétaire de la parcelle où s'est tenue la rencontre hier à Vitra, a témoigné de la situation catastrophique sur l'Aubrac.
    Laurent Lemmet, propriétaire de la parcelle où s'est tenue la rencontre hier à Vitra, a témoigné de la situation catastrophique sur l'Aubrac.
Publié le , mis à jour

La préfète s'est rendue ce jeudi 19 mai sur la parcelle de Laurent Lemmet, agriculteur sur la commune d'Argences-en-Aubrac, pour mesurer l'étendue de la prolifération des rats taupiers. Front commun sur le plateau pour faire face à ce péril. Voici la vidéo des dégâts.

"Si j'avais la solution, je serai venue avec", a lancé Valérie Michel-Moreaux, préfète de l'Aveyron. Pas de miracle, mais une prise de conscience des pouvoirs publics est enfin espérée par les éleveurs qui ont découvert les rats taupiers sur l'Aubrac au mitan des années...80. La représentante de l'Etat a donc pris de la hauteur, au sens propre comme au figuré, en montant sur l'Aubrac pour se rendre compte de la tragédie qui touche le monde agricole. Et c'est justement en filmant avec un drone que Laurent Lemmet, éleveur propriétaire de la parcelle sur laquelle s'est tenue la rencontre,  qu'il a montrée l'étendue de ses pertes qui s'élèvent à 80%. "Il faut prendre la mesure du désastre que nous vivons", a résumé Johan Bouges, responsable de la fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGdon) de l'Aveyron qui a mis sur pied cette rencontre entre éleveurs, syndicats et collectivités.

"Traiter le rat taupier comme le loup" 

La prolifération des rats taupiers s'est considérablement aggravée au point de mettre en péril la récolte des agriculteurs voire le maintien de leurs exploitations. Le lieu choisi, à proximité d'un réservoir d'eau, s'est avéré hautement symbolique pour alerter sur le danger sanitaire qui découle des rats taupiers. Les enjeux sont ainsi économiques et environnementaux. Les éleveurs ont témoigné de leur détresse face "à la pullulation infernale" devenue annuelle à laquelle s'ajoutent la sécheresse et une autre flambée, celle des prix. Ce phénomène n'épargne personne, y compris "les prairies naturelles avec ses cailloux et ses genêts", a fait remarquer Pierre Delrieu, éleveur à Huparlac. Il a rappelé ce triste constat : "Depuis plus de 30 ans, les institutions n'ont pas apporté un début de réponse".

Faire avancer la recherche pour trouver des pistes scientifiques et donner des moyens financiers (dont humains) sont, en quelque sorte aujourd'hui, les deux piste mises en avant en France  pour combattre ce fléau. Une cartographie sous forme d'application réalisée par le FDGdon, en lien avec le parc naturel régional (PNR) de l'Aubrac, est en cours d'élaboration pour cibler et alerter. Pour ce faire, il a été demandé de pérenniser le poste en charge de ce travail. Une première réunion de formation pour la mise en œuvre de cette application aura lieu mardi 31 mai à Vitrac-en-Viadène.

Sur le plan financier, il faudra des moyens. "Il faut traiter le rat taupier comme le loup" a déclaré le sénateur Jean-Claude Anglars, membre de l'association nationale des élus de la montagne (Anem), qui a rappelé que l'enveloppe allouée au loup en France est de 20M€. Noël Entraygues, à la tête de la Coordination rurale, en a appelé au "droit d''évocation" pour demander un référent, à l'instar du préfet pour le loup.

Pour les agriculteurs, des aides financières sont attendues urgemment pour faire face à l'achat de foin. Preuve de l'ampleur de la catastrophe, les syndicats ont parlé d'une même voix pour demander une indemnisation via le fonds de mutualisation sanitaire et environnementale (FMSE). La confédération Paysanne a, de son côté, soumis l'idée de déclasser le renard et l'hermine le temps de la pullulation pour participer à la lutte.

"Il faut travailler ensemble, être unis et solidaires", a martelé la préfète qui a promis de faire le point dans quelques semaines. Avec mille rats taupiers constatés par hectare, la lutte doit être collective et effective. Le temps presse.

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