Aveyron : vendeur d'autos, négociant en bestiaux et "avant tout escroc" ?

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  • L'affaire était jugée ce mercredi après-midi à Rodez.
    L'affaire était jugée ce mercredi après-midi à Rodez. -
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Un trentenaire, né en 1987, est poursuivi pour diverses escroqueries dans des exploitations aveyronnaises. Il était absent de son procès. 

Vendeur d'automobiles, négociant en bestiaux... Et "avant tout escroc de profession". Voilà comment Me Anne-Sophie Monestier a décrit un prévenu, absent de son procès ce mercredi devant le tribunal de Rodez. "C'est bien dommage car nous avions beaucoup de questions à lui poser", a regretté l'avocate, venue demander réparation pour l'un de ses clients. Il s'agit d'un agriculteur, installé sur le Ségala. En 2018, proche de la retraite, il décide de se séparer d'une partie de son cheptel : 12 vaches et un taureau. Il passe une annonce sur un fameux site internet... Rapidement, un homme frappe à sa porte. Il est jeune, beau parleur et réside depuis quelques mois à Rullac-Saint-Cirq avec sa compagne. Elle est éleveuse canine, lui possède un garage automobile en Haute-Loire. En Aveyron, il vivote toujours de ventes de véhicules, achetés à bas prix dans une casse automobile avant d'être remises sur le marché. Mais l'air du Rouergue lui donne une autre envie : celle de se lancer dans l'agriculture et le négoce en bestiaux. L'agriculteur du Ségala est en confiance, les deux hommes se mettent rapidement d'accord sur un prix : 17 000€. Le hic, c'est que le jour de la transaction, l'agriculteur ne perçoit pas la somme. Le soi-disant négociant dit avoir oublié son chéquier... Un virement est promis. Il n'arrivera jamais. "Imaginez les répercussions pour une toute petite exploitation", plaide Me Monestier-Charrié. Son client n'a pas été le seul floué. 

Une quarantaine de bêtes non payées

À Prévinquières, Les Albres, Baraqueville ou encore dans le Cantal et la Dordogne, plusieurs exploitants agricoles ont été floués par cet acheteur. En tout, ce sont 43 bovins qui n'ont jamais été réglés. Le préjudice s'élève à des dizaines de milliers d'euros. MCamille Jammes défend l'une des victimes : elle attend toujours 30 000€ pour 18 chevaux, un van, un spa... "Ma cliente lui a fait confiance, il était très doué. Elle lui a tout donné et n'a plus rien aujourd'hui", souligne l'avocate, regrettant l'absence du prévenu et de sa compagne, poursuivie également pour son concours aux délits - elle encaissait sur son compte le fruit de la revente du bétail. "Les absents ont toujours tort et cet aigrefin a simplement expliqué qu'il avait une phobie administrative. Cela n'excuse en rien ses agissements", appuie Bernard Salvador, dans le rôle du procureur, avant de requérir 1 an de prison ferme à l'encontre du prévenu et un mandat d'arrêt à son encontre. Car l'homme est déjà bien connu de la justice, son casier porte trace de huit mentions dont certaines déjà pour escroqueries... "Et à chaque fois, il ne s'est jamais présenté devant les juridictions ! C'est dire comme il se moque de tout le monde", rappelle les avocates des victimes.

Pour leur confrère en défense, Me Canis du barreau de Clermont-Ferrand, "rien dans ce dossier ne constitue les escroqueries reprochées à mon client. Je suis là pour faire du droit, pas de la morale. Mon client a certes menti en disant qu'il paierait ces gens, mais il n'a escroqué personne au sens de la définition juridique de l'escroquerie... Il n'a ni dissimulé son identité, ni sa qualité". Le tribunal de Rodez rendra sa décision le 7 septembre prochain, à 14 heures. En attendant, le couple vit aujourd'hui dans le Puy-de-Dôme. Elle est toujours éleveuse canine et perçoit le RSA. Lui est toujours dans la vente d'automobile et aurait, selon son avocat, abandonné le commerce de bestiaux... 

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