Laguiole : Jean-Michel Cayron, coutelier aux doigts d’or

Deux ans. C’est le temps d’attente aujourd’hui pour les clients sur l’ensemble des continents, qui demandent un couteau fabriqué par Jean-Michel Cayron. Lui qui a trouvé sa vocation en tant que saisonnier à la coutellerie Durand en 1996, aime prendre son temps. Le temps de bien faire. "Il n’y a pas un matin où je n’ai pas envie. J’aime travailler tous les matériaux, c’est un moyen d’expression", dit-il, avec le luxe de ne jamais avoir à faire le même couteau. Ce temps précieux, Jean-Michel Cayron l’a gagné en ne le comptant pas pour devenir Meilleur ouvrier de France en coutellerie en 2007 et 2011. "Mille heures en deux ans, un sacrifice", glisse-t-il. "J’aime le laguiole, j’aime surtout la coutellerie." Cela permet de laisser place à la créativité et celle débordante des clients fidèles et passionnés "qui deviennent des amis" ajoute le Laguiolais. Comme cette anecdote d’un client fidèle venu lui ramener vingt-quatre boîtes de ses couteaux achetés ! Un acte gratuit, d’amour donc, qui porte Jean-Michel Cayron. "Tu crées du lien avec les gens." Au point d’en faire pleurer certains.

Ses couteaux sont à son image. Pas exubérant, accessible. Un jeune de vingt ans venu avec son père demander un couteau aussi fin qu’un téléphone a donné vie à une gamme qui plaît justement à la jeunesse. La clientèle rajeunit et surtout le couteau se transmet plus que jamais. "Le succès du couteau reste un mystère", pour Jean-Michel Cayron. Sans doute son talent est un début d’explication. "Je n’en ai pas fait le tour, il y a toujours des défis et j’ai tout le temps du plaisir." L’enthousiasme est la clef du succès. Et le temps manque toujours quand on est passionné. Comme ce projet avec le fabricant de lunettes à Laguiole "Le Coq et l’abeille" pour réutiliser des matériaux. Des matériaux dont on n’imagine pas leur origine sur le manche, comme des bouses de vaches, des pots de yaourt ou encore l’intérieur de pots d’échappement.