Aveyron : décrit comme "un gros lourd", le paysagiste abusait de son stagiaire

Abonnés
  • Le procureur Bernard Salvador avait requis six mois de prison avec sursis.
    Le procureur Bernard Salvador avait requis six mois de prison avec sursis. Centre Presse - José A. Torres
Publié le

Le quinquagénaire a écopé de six mois de prison avec sursis, ce mercredi, devant le tribunal.

Pour son avocate, c'est "un gros lourd". Pour son employeur, "un homme qui aime fanfaronner". Aux yeux de la justice, il est devenu un agresseur sexuel. Ce mercredi, le tribunal de Rodez a condamné un paysagiste du Ségala à six mois de prison avec sursis pour avoir abusé d'un stagiaire en 2018.

Le quinquagénaire, célibataire, n'était pas présent lors de son procès, "certainement peu fier de son comportement", comme l'a souligné le procureur Bernard Salvador. La victime, elle, était bien là. Il s'agit d'un jeune homme. Appelé à témoigner à la barre, il s'avance avec une feuille A4 sur laquelle il a noté toutes les brimades de son ancien maître de stage et les deux agressions sexuelles subies...

Tout débute en 2018. L'étudiant en BTS horticole rencontre l'homme avec qui il fera équipe durant plusieurs mois lors de son stage. C'est un quinquagénaire à la forte carrure et à l'expérience solide dans le métier. Il est d'ailleurs habitué à former les jeunes du lycée voisin. Dans le duo, le ton est rapidement décontracté. Plus que cela même. L'employé aime renommer ses stagiaires par "mon petit chien". Surtout, "il parle de sexe toute la journée""C'était tout le temps, tout le temps", se remémore la victime, appuyée par de nombreux témoignages d'anciens élèves passés par l'entreprise... Un soir, en revenant d'un chantier, il lance à son jeune coéquipier décrit comme timide : "Je ne suis pas homo, mais si je me lance ce sera avec toi !" Le stagiaire ne bronche pas.

Sidération, menaces

Quelques jours plus tard, les paroles laissent la place à plusieurs gestes déplacés. Des tapes aux fesses en descendant et en remontant du camion tout d'abord. Puis, l'une de ses mains se glisse dans le caleçon du stagiaire alors qu'il conduit. "Machinalement", expliquera le quinquagénaire devant les enquêteurs. "Mon client était sidéré, il n'a pas réagi", souligne l'avocate, Me Léa Coulon. "Il me menaçait de mort, me disait que je lui apporterai des oranges en prison et qu'en sortant, je prendrai une balle entre les deux yeux", témoigne le jeune homme. Le stage se termine.

Le jeune décide alors de créer son entreprise de paysagiste. Il fait appel à son ancien maître de stage "pour des coups de main, car il bosse très bien". Les deux hommes n'ont pas coupé les ponts. L'employé est même devenu un proche de la famille. Il s'invite tous les jours ou presque chez les parents de son ancien stagiaire. "Là aussi, il parlait tout le temps de c..", indique la mère à la gendarmerie.

Au printemps 2020, l'ancien maître de stage abuse une nouvelle fois du jeune, lors d'un chantier du côté de Pradinas. Encore une fois, il touche ses parties intimes. Des propos graveleux s'accompagnent du geste. "Pourquoi s'être laissé faire une nouvelle fois ?", s'interroge la présidente. "Car il était plus costaud que moi", répond la victime, décrite par les psychologues comme "influençable, timide et pouvant subir l'emprise de quelqu'un". Depuis les faits, il déprime d'ailleurs. "Je suis en arrêt maladie désormais, je ne sors plus de chez moi de peur de le recroiser, j'ai des idées noires...", confie-t-il.

Obligation de soins

Expertisé par un psychiatre, le prévenu présente pour sa part une "personnalité narcissique, souhaitant connaître son pouvoir de séduction". "Il se décrit comme libertin, indique qu'il cumule depuis tout jeune les conquêtes", dit encore le rapport. "Certes, ses propos sont abjects, vulgaires mais il n'est pas poursuivi pour cela. Dans notre pays, il n'y a pas de délit pour grossièretés !", rappelle son avocate, Me Annabel Montels-Estève. Elle dit "avoir dû mal à comprendre". "Pourquoi sont-ils restés en contact après le stage du jeune homme ? Pourquoi les parents, avec qui il était très ami, ne disent rien quand il ne parle que de sexe chez eux ? La sidération est une chose, mais rappelle-t-on son agresseur ensuite ? Je n'ai jamais vu cela. Comprenez que pour lui, il ne faisait rien de mal. Moralement, on en pense ce qu'on veut mais au regard du droit, les éléments ne sont pas constitués", plaide-t-elle encore.

Le tribunal ne l'a pas entendu. Outre les six mois de prison avec sursis, son client devra suivre des soins durant deux ans et indemniser la victime à hauteur de 1500€. Il a également interdiction d'entrer en contact avec.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?