Aveyron : "Patricia Wilson doit être enterrée sous la terrasse d'une maison d'un Britannique"

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  • Jean-Louis Cayrou, lors de son procès devant les assises de l'Aveyron en 2016.
    Jean-Louis Cayrou, lors de son procès devant les assises de l'Aveyron en 2016. Centre Presse - José A. Torres
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Dans l'ouvrage "Scènes de crime, dans le labo de la gendarmerie scientifique", paru chez Flammarion, les journalistes Catherine Mallaval et Mathieu Nocent reviennent sur l'affaire Patricia Wilson. Et montrent comment les "bonnes vieilles empreintes" ont trahi Jean-Louis Cayrou, condamné à 30 ans pour l'assassinat. 

Le crime parfait n'existe pas, la police scientifique l'a tué. Ni corps, ni arme, ni témoin, la disparition de Patricia Wilson, à Vabre-Tizac en 2012, avait tout d'un puzzle difficile à reconstituer. Pourtant, la justice n'a pas mis beaucoup de temps à se forger une conviction. L'histoire a défrayé la chronique en Aveyron et outre-Manche. Elle est connue de tous : la retraitée anglaise entretenait une relation avec son jardinier, Jean-Louis Cayrou. Et l'amant éconduit n'aurait pas supporté la séparation... Devant la cour d'assises de l'Aveyron puis en appel à Montpellier, en 2018, le quinquagénaire a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Lui a toujours clamé son innocence.

23 traces de sang, 15 empreintes

Dans un livre récemment paru chez Flammarion ("Scènes de crime, dans le labo de la gendarmerie scientifique"), deux journalistes se penchent de nouveau sur cette affaire. Dans un chapitre de quelques pages, ils expliquent comment les "bonnes vieilles empreintes" ont trahi le jardinier aveyronnais. Thierry Guichou, technicien en identification criminelle dans le département à l'époque, témoigne également d'une scène dont il n'a rien oublié. Dans la maison de pierres de la retraité britannique, il découvre de nombreuses traces de sang, dont la plus grande au grenier dissimulée sous des cartons et de la vaisselle. 22 autres seront retrouvées jusqu'au jardin... Le scénario du meurtre se dessine et les empreintes parlent : une dizaine appartient à Jean-Louis Cayrou. C'est une première piste, qui deviendra rapidement une preuve.

Car dans le même temps, l'étau se resserre sur le jardinier qui harcelait au téléphone la retraitée britannique jusqu'au jour de sa disparition, comme s'il savait quelque chose... On apprend également que durant cet été 2012, Jean-Louis Cayrou s'était introduit dans la maison de Patricia Wilson en coupant l'électricité. En réveillant l'Anglaise en sursaut, il lui avait lancé "Tu vois, tu as besoin d'un homme à la maison". Le fameux "Bluestar" des enquêteurs, permettant de révéler des traces de sang invisibles à l'œil nu, permettra également d'en identifier dans le véhicule de Jean-Louis Cayrou.

"L'empreinte, c'est la base"

"C'est une avalanche de preuves. Nous n'avons pas besoin de ses aveux. Tout est parfaitement limpide, à part, c'est vrai, une chose sur laquelle vous avez réussi, c'est de cacher le corps de Patricia Wilson", lancera d'ailleurs l'avocate générale, Manon Brignol, lors du procès en appel. "L'empreinte digitale, c'est la base. Pour certains enquêteurs, quand on n'a pas d'ADN, on n'a rien. Et avec ce fantasme de l'ADN, on perd un peu le fondamental. Lorsque l'on a une empreinte, on sait que la personne était présente sur la scène de crime. C'est quand même rare qu'on découpe le doigt de quelqu'un pour apposer son empreinte, alors que quand on serre une main ou que l'on touche un objet, on laisse ce qu'on appelle un ADN de contact...", témoigne Christelle Buton, experte de la gendarmerie basée à Toulouse, dans le livre des journalistes Catherine Mallaval et Mathieu Nocent. 

Son collègue Thierry Guichou, toujours en poste dans le département, indique pour sa part qu'il s'était rendu au procès en appel de Jean-Louis Cayrou à Montpellier, en 2018. Histoire de connaître, peut-être, où le jardinier avait caché le corps de l'Anglaise. Las, il a fait valoir son droit au silence. À ce jour, le corps de Patricia Wilson n'a jamais été retrouvé. "En 2012, on avait déboisé des hectares pour la trouver. Rien. On a aussi fouillé dans des propriétés, dans des puits. Toujours rien (...) Il faudrait tout retourner du sud de l'Aveyron, vers Villefranche-de-Rouergue, à Mazamet : trop vaste ! Il faisait du jardinage, sans doute au black, pour les Anglais du coin. Elle doit être enterrée sous la terrasse d'une maison d'un Britannique qui ne vient jamais", conclut l'enquêteur...

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