Hôpital de Millau : les urgences fermeront-elles partiellement cet été face à la pénurie de médecins ?

  • L’Union locale de la CGT alerte sur les conséquences d’une fermeture du service SSR.
    L’Union locale de la CGT alerte sur les conséquences d’une fermeture du service SSR. Midi Libre - LD
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Louis Dupin

En manque de main-d’œuvre, les urgences millavoises se retrouvent en tension.
 

Les beaux jours sont là, l’été approche à grands pas et la saison estivale est sur le point de démarrer. Si, dans le Sud-Aveyron, on loue l’arrivée de touristes qui donneront un coup de pouce à l’économie locale, dans le domaine de la santé, c’est une toute autre histoire.

En effet, l’afflux de vacanciers pourrait submerger un système de santé, déjà mis à mal par la crise sanitaire. Face au manque de main-d’œuvre, les urgences pourraient être amenées à fermer partiellement cet été. Un problème national et la cité du gant n’échappe pas à la règle.

"Il nous manque du personnel médical, des médecins, comme beaucoup d’urgences au niveau national, détaille Sylvie Marty, directrice du centre hospitalier de Millau. On est en difficulté en juillet et en août avec pas mal de gardes non pourvues." Chaque mois, 62 gardes de 24 heures sont censées être assurées. Pour le moment, huit d’entre elles sont non pourvues en juillet et douze pour le mois d’août.

Mettre en place une prime de solidarité territoriale

La direction de l’hôpital entend prendre le problème à bras-le-corps et s’empresse donc de trouver des solutions. Plusieurs pistes sont envisagées. Tout d’abord, le centre hospitalier avance ses partenariats avec les médecins de la Légion. Ils pourraient donner un coup de main.

L’autre solution envisagée est "de mettre en place une prime de solidarité territoriale au niveau départemental, organisée par l’Agence régionale de santé (ARS), pour que des médecins des autres établissements viennent aider, notamment Rodez qui est moins en difficulté que nous", précise Sylvie Marty.

Mais si rien n’est trouvé d’ici le 15 juin, une fermeture partielle pourrait être envisagée les jours de garde non pourvus. "Si on ne trouve pas, on mettra en place une solution dégradée, qui conduira à une fermeture partielle sur les gardes non pourvues, soupire la directrice. Mais nous espérons ne pas en arriver là. Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité."

Même si ce problème n’est pas spécifique au Sud-Aveyron - plus de 120 services d’urgence sont partiellement ou totalement fermés en France - la situation est problématique. Car les urgences ne sont pas le seul service du Centre hospitalier à être au bout du rouleau. En effet, le service de Soins de suite et de réadaptation (SSR) en a déjà fait les frais et connaît la même tragédie. Une situation dénoncée par le syndicat Sud (lire notre édition du 12 mai).

Une pénurie de main-d’œuvre aussi aux SSR

Lundi, c’était à l’union locale de la Confédération nationale du travail (CGT) de mettre les pieds dans le plat. Voulant alerter sur les risques encourus par les Sud-Aveyronnais d’une possible fermeture du service SSR de l’hôpital, ils s’étaient réunis pour dénoncer la pénurie de médecins que connaît ce service.

"Nous souhaitons alerter sur le fait que le service de SSR est fermé depuis le mois de juillet dernier et donc sur les conséquences de cette non-ouverture sur les usagers", déclare Corine Mora, secrétaire de l’union locale de la CGT à l’hôpital millavois. L’adjointe à la mairie a troqué son habituel costume municipal pour enfiler sa casquette de syndicaliste et s’inquiète de la situation hospitalière pour la saison estivale.

Épaulée par deux syndicalistes, Patrick Manguin et Céline Tabaries, Corine Mora s’inquiète. "Les professionnels ont particulièrement été sollicités ces deux dernières années, certains ont quitté le métier, d’autres sont partis en libéral et les nouveaux diplômés ne veulent pas travailler à Millau car les offres ne sont pas assez attractives", soupire la syndicaliste.

Les membres de la CGT craignent que cette pénurie se répercute sur d’autres services, qui se verront submergés. "Il y a une volonté de démolir l’hôpital public, il faut sortir de la logique financière, la santé à un coût, certes, mais ça n’a pas de prix", se désole Patrick Manguin.

Pourtant, Sylvie Marty se veut rassurante. "On a essayé de faire une politique d’attractivité en mettant en place une bourse pour les élèves infirmiers en troisième année, avec un engagement de service à l’hôpital pendant deux ans, se défend la directrice. On a amélioré notre délai de stagiairisation qui est passé à un an au lieu de trois, là on peut agir." 

Une mesure suffisante pour résoudre cette pénurie ?

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