Élections législatives : les enjeux dans la troisième circonscription de l'Aveyron

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  • La circonscription est vacante depuis le retrait d’Arnaud Viala il y a un an.
    La circonscription est vacante depuis le retrait d’Arnaud Viala il y a un an. Midi Libre archives - EVA TISSOT
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Depuis 1958, la droite aveyronnaise n’a jamais perdu dans le Sud-Aveyron. Mais le score de la dernière présidentielle la met en difficulté à l’heure d’élire un nouveau député.

Jamais au cours de la Ve République, la troisième circonscription n’a échappé à la droite. C’est le lourd poids avec lequel Christophe Saint-Pierre, candidat LR, fait campagne depuis qu’il a été investi, à la fin de l’hiver.

L’ancien maire de Millau doit de surcroît assumer une situation qu’il n’a pas choisie : tenter de prendre la suite d’Arnaud Viala, sans prendre sa succession. En effet, en choisissant de devenir président du Département en 2021, celui qui avait déjà fait un mandat incomplet de 2015 à 2017 (élu lors d’une partielle après le départ au Sénat d’Alain Marc), a par là même laissé le poste vacant. Une situation, liée aussi au renoncement de son suppléant, Sébastien David, qui a préféré se consacrer à son mandat de maire de Saint-Affrique, qui n’a pas vraiment plu à une partie de la "droite traditionnelle " locale.

Jacques Godfrain, qui a occupé le poste de 1978 à 2007 s’en était même ému. Mais si cette vacance a déplu aux caciques, est-ce aussi le cas de la population ? Christophe Saint-Pierre assure que non. Mais c’est quand même l’une des inconnues de ce scrutin dans une circonscription qui n’a jamais semblé aussi ouverte. De là à la faire basculer ?

Le poids du Lévézou

L’analyse des scores des cinq précédentes élections législatives laisse apparaître que le caractère crucial, pour la droite, d’obtenir le vote du Lévézou. Même quand la gauche était portée par une dynamique qu’elle soit nationale ou locale, la droite a toujours réussi à s’en sortir grâce au traditionnel vote conservateur du Lévézou. Mais à la présidentielle, ce territoire a, dès le premier tour, massivement voté pour Emmanuel Macron et délaissé Valérie Pécresse.

Les législatives sont une autre élection, mais la droite aveyronnaise et son candidat aborderont forcément le scrutin, dimanche, avec un doute raisonnable. Le candidat du président de la République, Jean-François Rousset, a multiplié les déplacements dans les communes du Lévézou.Il a aussi choisi comme suppléant Simon Worou, le maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur à dessein. Il est issu et connu du territoire, il a joué au rugby à LSA et est une personnalité médiatique depuis quelques années et son témoignage, repris au niveau national, sur son parcours de maire noir d’une petite commune aveyronnaise.

Michel Rhin (Nupes) a un déficit d’image

En face de ces deux candidats, on retrouvera l’union de la gauche, Nupes. Là encore, la tâche s’annonce immense pour Michel Rhin, le candidat issu de LFI. Il doit réussir là où des grands noms de la gauche locale (Alain Fauconnier et Gérard Deruy en tête) ont systématiquement échoué. Il peut compter sur l’union. L’absence de dissidence dès le premier tour, dans un territoire où l’entente n’a jamais été une évidence est un atout non négligeable pour se qualifier au second tour.

Pour cela, Michel Rhin doit miser sur une dynamique nationale plus que sur sa notoriété. Candidat pour la première fois, il part avec un réel déficit d’image. D’autant plus qu’en s’associant avec Camille Valabrègue, il a fait le choix de miser sur un duo 100 % Millavois, sur une circonscription qui compte 119 communes et trois bassins (Millau, Saint-Affrique, Le Lévézou) distincts. Pour autant, la puissance militante des quatre partis (LFI, PS, PC, EELV) est un atout non négligeable, notamment dans les villes, à Millau et Saint-Affrique, où Jean-Luc Mélenchon a effectué d’excellents scores à la présidentielle.

En 2017, Arnaud Viala avait résisté à la vague macroniste

Au soir du premier tour des législatives en 2017, la droite aveyronnaise n’en menait pas large. Dans la première et dans la deuxième, les deux candidats LR (Yves Censi et André At) étaient arrivés loin derrière les deux futurs vainqueurs (Stéphane Mazars et Anne Blanc). Seule lueur d’espoir, les 36 % faits par Arnaud Viala dans l’imperdable troisième circonscription.

Sortant, il avait réussi à devancer de près de quatre points Jean-Louis Austruy, laborieux candidat de la future majorité présidentielle. Pour autant, entre les deux tours, Viala n’avait pas relâché l’attention et avait mobilisé toute la droite départementale.Une stratégie réussie qui lui a finalement permis de s’imposer assez largement et de démarrer un second mandat.

Premier tour : 1. Arnaud Viala (LR – 36,02 %) ; 2. Jean- Louis Austruy (LREM – 32,54 %) ; 3. Catherine Laur (LFI – 12,71 %) ; 4. Muriel Abriac (FN – 8,62 %) ; 5. Sophie Tarroux (PCF – 3,86 %) ; 6. Régina Garcini (Nouvelle Donne – 2,63 %) ; 7. Thierry Noël (Envol – 1,31 %) ; 8. Henri Temple (DLF – 1,15 %) ; 9. Bernard Combes (LO – 0,71 %) ; 10. Bruno Pacchiele (UPR – 0,44 %).
Deuxième tour : 1. Arnaud Viala (59,16 %) ; 2. Jean-Louis Austruy (40,84 %).
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