Ender Ocean : le jeu vidéo qui dépollue l’océan

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    Ender Ocean : le jeu vidéo qui dépollue l’océan
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BPI France

La dépollution des mers et océans est un des grands enjeux du 21e siècle. Face à l'urgence climatique, la start-up Ender Ocean lance un jeu vidéo afin de sensibiliser et faire agir ceux qui sont loin de la mer.

" Il est estimé à environ 5 000 milliards le nombre de particules plastiques flottant à la surface des mers ", écrit sur son site le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Pour répondre à cette difficulté, en 2020, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a lancé un appel à projets afin de trouver des solutions pour lutter contre la pollution sous-marine. Ender Ocean, une startup de la région bordelaise, y a répondu en proposant une idée novatrice alliant action et sensibilisation. C’est finalement à l’occasion de la journée mondiale des océans, le mercredi 8 juin 2022, que la start-up lance la première version de son jeu vidéo visant à dépolluer les fonds marins.

Le jeu de la dépollution

Fondée en 2020 par Denis Bled et Anne Le Van Kiem, Ender Ocean est née de l'ambition des deux fondateurs : " répondre aux enjeux écologiques de notre époque ". Avec ce projet les fondateurs " permettent à des gens qui sont en métropole de piloter des robots sous-marins pour collecter des déchets", explique Anne Le Van Kiem. Malheureusement à l’époque, leur idée n’est pas retenue par l’ADEME mais continue de germer dans la tête des fondateurs de la société. Pour financer ce projet, c'est vers la région Nouvelle-Aquitaine que se tourne Ender Ocean. "Nous avons obtenu des aides régionales et nous sommes récemment rentrés à l'Ubisoft Entrepreneur Lab " explique Denis Bled.

Le jeu proposé par la start-up diffère des jeux vidéo traditionnels. Il se constitue de plusieurs étapes entraînant au fur et à mesure le joueur vers le milieu naturel. "La première partie fait évoluer le joueur dans un environnement 3D, comme dans un simulateur. Ensuite, le second niveau se passe dans un bassin où il va apprendre à piloter un vrai robot. Il obtiendra une licence qui lui permettra de piloter en milieu naturel. A cette étape du jeu, le joueur voit au travers de la webcam du robot ", explique Denis Bled.

" Nous avons fait face à de nombreux aléas en apprenant à maîtriser les robots"

Pour créer ce jeu, les deux fondateurs, tous deux issus du monde de l’informatique, ont dû outrepasser les contraintes matérielles. "Nous avons fait face à de nombreux aléas en cassant les câbles reliés aux drones et en apprenant à diriger les robots, mais nous avons fini par les maîtriser en s’appuyant sur l’aide de Rov Expert ", explique Anne Le Van Kiem. Les objectifs de cette mission restent clairs pour les fondateurs : sensibiliser. " Nous n’avions pas vraiment de cible lorsque nous avons lancé le projet mais nous nous sommes rendu compte que la plupart des premiers béta testeurs était un public âgé de 15 à 25 ans. Nous souhaitons donc les sensibiliser à la pollution en les faisant jouer ! ".

Cette sensibilisation se poursuit également via les autres missions de la start-up. " On estime à 9 millions de tonnes de déchets plastiques présents dans les océans ; nous faisons donc des événements afin de susciter l’intérêt des gens avec du ramassage de déchets sur les plages ou dans les ports, comme nous avons déjà pu le faire à Bègles dans la région de Bordeaux ou comme nous le ferons à Nice cet été ", développe Anne Le Van Kiem.

Vers l'infini et au-delà

A travers l’initiative du jeu vidéo, Denis Bled, cofondateur de la société, espère récolter jusqu’à 10 tonnes de déchets par an. Une ambition forte, qui dépendra du succès du jeu. " Notre solution évite également aux plongeurs de risquer leur vie lorsqu’ils dépolluent nos océans car il n’y a pas que des déchets plastiques, il y a également des filets de pêche qui peuvent mesurer jusqu’à 2 kilomètres et dans lesquels ils peuvent se coincer. Il y a derrière tout cela une vraie approche scientifique ". Si la première version du jeu est axée sur l'océan, les cofondateurs n'excluent pas pour autant de l'appliquer à d'autres terrains. À moyen terme, ils révèlent qu’ils pourraient travailler avec des aquariums afin de proposer une expérience novatrice aux visiteurs et ainsi les sensibiliser plus directement à la pollution des fonds marins. À plus long terme, Denis Bled n'exclut pas de partir à la conquête des étoiles. "Lorsque nous nous sommes intéressés aux drones, le dirigeant de l’entreprise par laquelle nous sommes passés nous a demandé si nous envisagions de nous tourner ensuite vers la dépollution spatiale. Si le succès est au rendez-vous, il est clair que nous pourrions être tentés !"

Pour ce qui est des enjeux de la pollution océanique, le secteur marin développe déjà de nouvelles idées comme l’on fait plusieurs startups, comme le bateau Manta qui ramasse et recycle les déchets à son bord, ou encore Pollustock qui a mis au point un filet en embouchures de fleuve afin d'empêcher les déchets de se jeter dans l’océan. " Il y a un gros potentiel de développement, il y a beaucoup de choses à faire ", conclut Anne Le Van Kiem.

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