Quand Ray Delvert photographiait Decazeville

Il est des hommes et des femmes qui sont animés par une ou deux passions toute leur vie, comme chevillées au corps. Raymond Delvert, dit "Ray", fait partie de ceux-là. Né en 1914, déjà photographe reconnu, il attend la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour cultiver son deuxième centre d’intérêt : voler. Il obtient son brevet de pilotage en novembre 1946 et commence à associer ses deux passions : photographie et aviation.

Ray Delvert sillonne et capte dans sa boîte à images la France. Mais les contraintes liées au matériel de l’époque le poussent à prendre des risques. Effectivement, il est obligé de lâcher les commandes de l’appareil pour pouvoir prendre ses clichés. C’est ainsi qu’il survole le Bassin au début des années cinquante et immortalise la glorieuse épopée industrielle. Sur cette grande photo, qui se trouve à la mairie de Decazeville, on parcourt d’un coup d’œil les usines de la zone du Centre, l’exploitation de la Découverte à droite, bref l’activité économique de la ville en "un clic". À gauche, on plonge sur le quartier de Fontvergnes, les cités HLM ne sont pas encore construites (ce qui permet de dater la photo), on aperçoit encore les jardins ouvriers.

Raymond Delvert portait un regard ethnographique sur ce qu’il faisait. On demanda ses services dans plusieurs domaines : touristique, cartes IGN, agriculture, paysage, publicité, etc. On sait moins que le maître de la photo aérienne était aussi inventeur. Ray mit au point la "photo finish", dont le ciné course qui équipe les hippodromes de France et d’autres pays, et la photo à 360 degrés d’objets cylindriques.

Ray Delvert se consacra par ailleurs à sa ville de Villeneuve-sur-Lot (47) où il fut cofondateur de l’office de tourisme, du club d’aviron, de l’aéroclub et conseiller municipal. Tout en restant pédagogue, car il aimait transmettre ses savoirs. Il participa pour le fun à la course du vin de cahors et du stockfish sur la rivière Lot, qui fit étape à Bouillac.

Il meurt en 1992. L’œuvre de ce génie de la pellicule se déroule comme un film sans fin, comptant plus d’un million de photos en noir et blanc et de diapositives, de nombreux livres et affiches. Decazeville et le Bassin en font partie.