Elections législatives en Aveyron : Alexandre en tête, Deguara peut y croire dans la 2e circonscription

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  • Les deux candidats vont être attentifs aux reports de voix.
    Les deux candidats vont être attentifs aux reports de voix. Photo José A. Torres
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Guilhem Richaud

Le candidat de l’union de la gauche est arrivé en tête avec 27,78 % des voix. Il devance celui de la majorité présidentielle (22,60 %).

C’était le grand flou. L’incertitude totale. À la veille du premier tour des législatives, la deuxième circonscription de l’Aveyron semblait bien indécise. Il y a cinq ans, le territoire avait massivement voté pour Anne Blanc, la mettant en position idéale avant le second tour. Un second tour qui n’a pas eu lieu, puisqu’André At (LR) alors deuxième, s’était retiré entre les deux tours. Depuis, les choses ont pas mal évolué. La dynamique LREM n’est clairement plus ce qu’elle était en 2017. Et si Emmanuel Macron était arrivé en tête il y a deux mois lors de la présidentielle, ce n’était que grâce à la désunion des partis de gauche. Avec la création de la Nupes (LFI, PC, PS, EELV), la situation a clairement basculé dimanche au premier tour des législatives en faveur de Laurent Alexandre (27,78 %). Le maire d’Aubin est en tête dans un peu moins de la moitié des communes. Surtout, il performe dans le Bassin et dans le Villefranchois. Deguara, lui, est arrivé deuxième quasiment partout où il n’a pas gagné. C’est grâce à cette performance qu’il obtient 22,60 % des suffrages, lui permettant de valider ainsi sa qualification. Ce score valide la stratégie de la majorité présidentielle de pousser le Villefranchois à prendre la succession d’Anne Blanc. Longtemps attaqué par ses adversaires, qui l’estimaient comme un "parachuté", car parti travailler à Paris depuis longtemps, il a réussi à convaincre et à rester en lice.

André At fort dans son bastion, insuffisant ailleurs

Ce ne sera pas le cas d’André At (LR). La troisième position du maire de Crespin et vice-président du Département vient dans le même élan que les échecs de ses deux compères de la droite traditionnelle aveyronnaise dans les deux autres circonscriptions de l’Aveyron. Pourtant, avec 15,58 % des voix, celui qui est en tête dans de nombreuses communes du Ségala, ne fait pas un score ridicule. Mais il paye sa faiblesse dans le Bassin ainsi que dans le Villefranchois. Très fort dans son canton, il a échoué dans les terres plus éloignées du Ségala. Avec la faible participation, il n’obtient pas les 12,5 % des inscrits (il fallait 8 644 voix, il n’en a eu que 5 907) nécessaires pour l’organisation d’une triangulaire. Ses voix, tout comme celles d’Éric Cantournet, candidat pour le PRG seront très regardées. Le conseiller départemental de Villefranche a performé sur son territoire. Il arrive même en tête dans la Bastide (et à Vailhourles). Celui qui s’était, un temps, rapproché de LREM, n’a pas fait que de la figuration. Il est cinquième, avec un peu plus de 10 % des voix. Nul doute que celles-ci, comme celles d’André At, seront très enviées par les deux finalistes. Même si, depuis plusieurs élections, il est de plus en plus incertain de prédire le report des voix, celles d’André At, qui portait l’étiquette LR, devraient plus naturellement aller vers Deguara. Pour Éric Cantournet, c’est moins évident. Mais avec l’étiquette du PRG, il pourrait être proche d’un Deguara, issu du Parti radical, et qui se présente comme héritier de Robert Fabre, figure nationale du radicalisme, Villefranchois, et député de la circonscription de 1962 à 1980. Il ne faut pas oublier non plus que l’an dernier, aux départementales, Cantournet n’avait pas participé au printemps aveyronnais qui avait déjà, fédéré les quatre partis de gauche. Laurent Alexandre aura aussi pour lui la dynamique nationale de l’union de la gauche et de Jean-Luc Mélenchon.

Le plafond de verre de Leleu

Aucun des deux finalistes n’appellera Bruno Leleu. Le candidat du Rassemblement national, pour la première fois, semble plafonner. Quatrième avec 12,83 %, il a progressé de cinq points par rapport à 2017. Mais il est encore très loin du score de Marine Le Pen à la présidentielle. Il est fort dans le Bassin, mais peine à performer ailleurs pour viser plus haut. La question de ce que vont désormais faire ses électeurs se pose. Viendront-ils garnir une abstention déjà très élevée (43,66 %) ? Feront-ils barrage à Deguara qui, pour eux, représente un Emmanuel Macron qu’ils honnissent au risque de voter pour une gauche qu’ils qualifient "d’extrême" et qui les terrifient ? C’est la grande incertitude et cela rajoute encore un peu de flou pour le second tour dans cette très disputée deuxième circonscription de l’Aveyron.

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