Rodez. Elections législatives en Aveyron : une démobilisation record au premier tour

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  • Un scrutin qui a pu laisser les électeurs dubitatifs, en regard du taux de participation.
    Un scrutin qui a pu laisser les électeurs dubitatifs, en regard du taux de participation.
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Christophe Cathala

C’est le taux de participation le plus bas pour un premier tour de législatives en Aveyron, où ont été consacrés ce dimanche trois duels entre la majorité présidentielle et l’Union de la gauche, loin devant les Républicains.

C’est le premier enseignement de ce premier tour de scrutin : la participation n’a jamais été aussi faible depuis plus de vingt ans pour un premier tour des législatives en Aveyron, même si ces élections n’ont cessé, depuis 2002, de perdre des votants.

À la clôture des dépouillements, le département parvenait péniblement à afficher 55,32 %, soit un point et demi de moins qu’en 2017 et 11 % de moins qu’en 2012. Seules les Européennes font "mieux" en matière de démobilisation (50,8 % en 2019), ce qui n’est pas peu dire…

L’Aveyron n’est plus, ce dimanche soir sur le podium national des bons élèves de la participation et rejoint (sans se presser toutefois) un courant déjà marqué dans le rapport des Français à la politique. Certes, quelques électeurs isolés ont, comme à Rodez notamment, cru que les bureaux de vote fermaient à 19 heures, comme à la présidentielle, et sont arrivés trop tard. Une heure de moins qu’en avril pour faire son choix n’explique pas tout.

L’enjeu de la gouvernance comme choix principal

Les ferments de l’abstention se retrouveront dans une évidente fatigue électorale déjà perceptible à la présidentielle dénuée de toute campagne. Les législatives lui ont emboîté le pas par le manque de lisibilité des projets de société, ces derniers se résumant dans l’esprit des citoyens par un enjeu simple : donner ou non une majorité présidentielle à l’Assemblée. En soi, c’est aussi le but d’une législative. Mais dès ce premier tour, le "vote utile", tant décrié par les petits partis a pris une dimension nouvelle : la Nupes veut "refaire le match" et gagner Matignon pour faire obstacle à la politique de Macron. A contrario, la perspective d’une cohabitation avec l’alliance de gauche, et Mélenchon en chef de file, pour diriger les affaires du pays a pu faire l’effet d’un épouvantail.

L’effondrement des Républicains

L’Aveyron a donc suivi le mouvement national, quitte à laisser au bord de la route la droite centriste qui a longtemps forgé son histoire politique.

La droite et le centre n’ont pas constitué aux yeux des électeurs, cette alternative au programme présidentiel, cette volonté de peser dans l’opposition au niveau national. C’est vrai en Aveyron, où les candidats LR ont plutôt clairement raté la marche, sur un territoire qui savait leur être majoritairement acquis.

Car aucun d’eux ne sera présent dimanche prochain dans les trois circonscriptions de l’Aveyron, ils resteront spectateurs des duels annoncés entre la Nupes et Renaissance. Cinq ans après le précédent scrutin, ils ont laissé leur qualification au second tour, à l’Union populaire de la gauche…

Ainsi dans la première circonscription, Magali Bessaou arrive troisième d’une très courte tête (45 voix d’écart) devant le Rassemblement national, Julia Plane, qui a piloté sa campagne depuis l’Hérault où elle est conseillère régionale. Une inconnue qui fait quasiment jeu égal avec la vice-présidente du conseil départemental… Un autre vice-président, André At sur la deuxième circonscription, a bien fait la course en tête dans son Ségala, mais pas dans le Bassin, laissant le candidat de la Nupes Laurent Alexandre arriver en tête face à Samuel Deguara (Renaissance). Dans la troisième circonscription, Christophe Saint-Pierre n’est pas non plus qualifié, troisième derrière la Nupes (Michel Rhin) et Renaissance (Jean-François Rousset).

L’incarnation, un prétexte ?

La sacro-sainte incarnation des candidats aux yeux des électeurs n’a pas grand-chose à y voir. Les Républicains, soutenus par la majorité départementale n’ont "pas imprimé" politiquement dans la réflexion des Aveyronnais, restés sur l’échec de la présidentielle.

Et puis l’identification au territoire n’est pas un indispensable viatique pour prétendre au siège législatif. Ainsi les candidats de la Nupes qui se présentaient tous pour la première fois à cette élection se retrouvent en tête dans deux circonscriptions sur trois…

L’incarnation, on la trouvera sans surprise chez Stéphane Mazars, seul sortant de ce scrutin, majoritaire de Rodez au Nord-Aveyron sur 74 des 80 communes de l’arrondissement. Il fait largement la course en tête dans sa première circonscription (42,46 %). Et devrait confirmer sa réélection dimanche prochain.

Votes de témoignage

Quatrième force en présence dans le département, le Rassemblement national tire encore son épingle du jeu dans ce scrutin, le parti de Marine Le Pen réalisant toujours des voix, disséminées ici ou là, dans les premiers tours.

Mais le RN affiche six communes (dont 5 dans la troisième circonscription) avec un candidat arrivé en tête dimanche. C’est quatre communes de plus qu’il y a cinq ans,

Pour fermer la marche, pléthore de candidatures de partis moins visibles des électeurs.

Celui de Jean Lassalle (Résistons !) s’offre tout de même le luxe d’arriver en tête sur les deux communes de la troisième circonscription où le candidat et son suppléant se présentaient.

Où iront toutes les voix des disqualifiés au second tour ? Vers une nouvelle abstention, peut-être, ce qui n’est pas à souhaiter.

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