Elections législatives : de sérieux maux de crâne pour la droite aveyronnaise

  • Les deux vice-présidents du Département ont été éliminés.
    Les deux vice-présidents du Département ont été éliminés. J.-A. T.
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RICHAUD Guilhem

Magali Bessaou, André At et Christophe Saint-Pierre, les trois candidats LR ont été balayés au premier tour. Pour la première fois, la droite aveyronnaise est absente du second tour des législatives.

Les scrutins se suivent et se ressemblent pour la droite aveyronnaise. Après les régionales en 2021 et la présidentielle il y a quelques semaines, LR a subi, dimanche lors du premier tour de la législative, une nouvelle débandade. Elle a perdu la dernière circonscription qui lui restait, la troisième, et n’a, surtout, qualifié, pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, aucun candidat au second tour.

La première lame était passée en 2017 avec la perte de la première circonscription, au profit de LREM et de Stéphane Mazars. Cette fois, c’est l’union de la gauche qui aura eu sa peau. Un échec cuisant qui a donné, dès dimanche soir, de sacrés maux de crâne à ses ténors. Tous cherchent à comprendre les raisons de cet échec, tout en en redoutant les conséquences.

Des candidats qui n’ont pas séduit

Sur la ligne de départ, la situation, dans les trois circonscriptions était très différente. La droite misait en priorité sur la troisième. Celle qu’elle n’avait jamais perdue, même en 2017, au plus fort de la vague macroniste. Mais l’abandon de la circonscription par Arnaud Viala, il y a un an pour devenir président du Département, a déplu à des électeurs de droite qui n’ont que peu apprécié ce qu’ils assimilent à une manœuvre politique. Ensuite, que la gauche soit forte à Millau et à Saint-Affrique, n’est pas une surprise. Mais que la droite affiche des scores si faibles dans le Rougier, mais surtout sur le Lévézou, habituel juge de paix des législatives, est révélateur. Si quelques communes ont bien voté pour Christophe Saint-Pierre, le territoire d’Arnaud Viala a largement plébiscité Jean-François Rousset, le candidat d’Ensemble.

Entre vote sanction, légitimisme après l’élection présidentielle et une campagne active et vivante, l’ancien chirurgien a réussi à convaincre cette partie clé de la circonscription. La gauche ayant fait le plein ailleurs, cela ne laissait aucune chance à l’ancien maire de Millau, qui pourra toutefois se consoler d’un relatif bon score dans la cité du gant, où il arrive deuxième, avec 24,14 % des voix, mais 800 bulletins de moins que son score au premier tour des municipales en 2020.

Dans la deuxième circonscription André At, a sans doute payé son ancrage compliqué. Il est fort sur le Ségala. Très fort même. Mais il l’est relativement moins dans le Bassin et à Capdenac, et plus que moyen dans le Villefranchois. Sans union de la gauche, il aurait pu espérer se qualifier si celle-ci était partie divisée. Mais avec cette alliance, la marche semblait trop haute.

Dans la première circonscription, Magali Bessaou savait qu’il serait quasiment impossible de faire tomber Stéphane Mazars. Mais se faire battre par Léon Thébault, le tout jeune candidat de la Nupes et devancer de 45 voix seulement une candidate du RN (Julia Plane) parachutée et qui n’a pas du tout fait campagne, apparaît comme un échec. Entre sa personnalité clivante, le bon travail de terrain des deux finalistes et un Nord-Aveyron légitimiste, elle n’a que peu existé.

Plusieurs erreurs dans la campagne

S’il y a forcément un effet national à la défaite des trois candidats LR, ce résultat est aussi la conséquence d’erreurs dans leur manière de faire campagne. Magali Bessaou a assez vite compris qu’il serait compliqué d’attirer du monde aux réunions publiques. Elle a donc misé sur les réseaux sociaux, en tentant notamment des formats innovants sur Instagram et TikTok, avec pour objectif de toucher les jeunes. Mais le résultat fut décevant, voire parfois maladroit.

La directrice de l’association des maire (en congés) a aussi tenté de mobiliser les élus. Certains ont joué le jeu, d’autres ont fait la sourde oreille, tandis qu’une autre partie s’est contentée du service minimum. Mais cela n’a pas suffi. Cette stratégie n’a pas convaincu les électeurs face à un Stéphane Mazars dont le côté plus rond est apprécié, bien implanté, qui a su défendre son bilan et un Léon Thébault porté par une dynamique nationale.

Pour André At, la situation est différente. Lui, avait la lourde tâche de faire oublier son retrait, au second tour, en 2017, toujours lors des législatives. Il a mené une campagne souterraine, avec ses habits de conseiller départemental. Il s’est accroché, mais là encore, la tâche était beaucoup trop dure. Il paye surtout la faiblesse de la droite dans des territoires où les militants actifs manquent à l’appel et n’ont pas vraiment pu aller au contact des électeurs. Pourtant, sa stratégie de se présenter comme le "vote utile", d’une droite prête, sous certaines conditions, à travailler avec Emmanuel Macron, n’était pas mauvaise et aurait pu réussir si Deguara (Ensemble) s’était effondré.

Pour Christophe Saint-Pierre, c’est encore une autre histoire. il a labouré le terrain. Comme Arnaud Viala en 2015 et 2017, il a visité chacune des 119 communes de la circonscription. Mais pour y parvenir dans un temps si restreint, il a surtout rencontré des élus et finalement peu d’électeurs. La stratégie avait fait ses preuves par le passé, mais désormais, cela ne fonctionne plus. Les maires n’ont plus l’influence qu’ils avaient autrefois auprès des votants. Finalement, Saint-Pierre a fait une campagne de sénateur pour être député…

Des perdants sonnés

Dimanche soir, les trois éliminés faisaient grise mine. Sonnés par ces résultats, ils avaient du mal à comprendre. En deux temps, Magali Bessaou a clairement fait comprendre son ressentiment contre les électeurs " je ne comprends pas pourquoi Rodez est allé voter pour une candidate qui n’a jamais fait campagne en Aveyron et encore moins dans cette ville (en parlant de la candidate du RN, NDLR)", et envers "certains élus" qui, selon elle, n’auraient "pas joué le jeu et ne m’ont pas soutenue comme ils auraient dû le faire". Même incompréhension pour André At, qui a dénoncé le vote "paradoxal" des électeurs qui ont voté pour un Samuel Deguara qu’il estime comme parachuté.

Pour Christophe Saint-Pierre, le coup est également rude. Déjà défait en 2020 à Millau, il espérait devenir député. Lundi, il avait encore du mal à comprendre les raisons de son échec. Il est aussi le seul des trois à se retrouver sans mandat exécutif. Il lui faudra sans doute du temps pour se remettre de cette nouvelle claque.

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Les commentaires (1)
patounet Il y a 1 année Le 14/06/2022 à 07:48

Je pense que certains n'ont pas compris que le cumul des mandats est aussi une raison d'échec
A vouloir être partout on ne fait plus rien à part flatter son ego