Derrière le zinc du Québec, trois générations au rendez-vous

Elle est née derrière le comptoir. Pas au sens littéral, mais la vie de Nathalie Romieu, fille d’Alban et de Marie-Françoise est intimement liée au Québec, petit bar-tabac de quartier de la rue Bonaparte situé dans le 6e arrondissement de Paris.

A un jet de pierre des Deux-Magots ou du Café de Flore, le Québec résiste aux aléas du temps et aux injonctions d’une profession qui "ripoline" à tous crins. Institution devenue rare, le Québec a ses adeptes, ses habitués et ses inénarrables piliers qui confèrent à ce lieu un charme certain.

"Mon père est arrivé à Paris à 16 ans pour travailler chez son oncle qui est malheureusement décédé très vite. Il a fallu rebondir. Après plusieurs piges, des gérances avec ma mère, il a pu racheter le Québec il y a 50 ans – qui s’appelait encore le Vizir – dans un quartier où il se sentait bien. C’est d’ailleurs pourquoi nous n’avons jamais quitté les lieux", rembobine Nathalie qui a pris la suite derrière le zinc de "ce petit mouchoir de poche", voilà une trentaine d’années.

Une histoire de famille donc, longue d’un demi-siècle, que Catherine la fille de Nathalie, fait aussi perdurer à sa façon. En première année de fac de droit, l’étudiante de 18 ans aime donner un coup de main, coté tabac. De là à prendre la suite du Québec… Rien n’est moins sûr. "Catherine fera ce qu’elle veut", insiste Nathalie qui peut aussi compter sur sa maman, 72 ans, pour assurer les fermetures. "Le Québec est toute sa vie. Elle a commencé à 22 ans, et elle fait toujours les fermetures !"

Originaire d’Espalion, la famille Romieu revient dans le giron aveyronnais chaque mois d’août. Et là encore, le sens de la famille prévaut. Dans la maison d’Espalion, les Romieu se succèdent depuis plus de 300 ans… Et pas question de transiger au rituel estival que Nathalie attend chaque année avec impatience. Elle qui voit passer devant le Québec le continuel flot des touristes en vacances aime à se dire que les siennes sont proches.

Mais, à propos, pourquoi le Québec et non plus le Vizir ? "C’est l’acteur Hubert Deschamps qui venait ici très régulièrement prendre des petits rouges qui a proposé ce nom à mes parents comme la place du Québec qui, est juste devant, venait d’être créée." Le début de l’histoire familiale du Québec qui conjugue à merveille fidélité et liberté.