Première circonscription de l'Aveyron : Stéphane Mazars, d’un jury populaire à l’autre

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  • Stéphane Mazars et Éric Dupond-Moretti, au tribunal de Rodez en 2006.
    Stéphane Mazars et Éric Dupond-Moretti, au tribunal de Rodez en 2006. Archives CP - DR
  • Stéphane Mazars réélu. Stéphane Mazars réélu.
    Stéphane Mazars réélu. Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Retour sur le parcours d’un Macroniste convaincu et convaincant. Et ancien avocat réputé de la place ruthénoise avant d’embrasser une carrière politique.
 

Septembre 2006. Belle assemblée au tribunal de Rodez. Journalistes et public se pressent. L’affaire du meurtre de la postière de Villefranche-de-Rouergue est appelée à la barre. Sur le banc réservé aux avocats de la défense, Stéphane Mazars partage la vedette avec un certain Éric Dupond-Moretti.
Le premier a une belle réputation sur la place ruthénoise, l’autre a déjà gagné le surnom de ténor grâce aux procès OM-VA, Outreau ou encore Érignac… « La plaidoirie de Mazars ? Époustouflante », dira EDM après le procès. Qui, alors, aurait imaginé que les deux hommes se retrouveraient quinze ans après dans le même camp ? Celui de la politique cette fois. L’un est devenu ministre de la Justice à la surprise générale, sous le gouvernement Castex en 2020. Stéphane Mazars avait attrapé le virus de la politique bien avant.

L’école des sports

En 2008, Christian Teyssèdre s’empare de la mairie de Rodez. Comme Emmanuel Macron avant l’heure, le socialiste souhaite s’entourer de personnes issues de la société civile. Il sollicite rapidement l’avocat, infatigable marathonien - il a déjà couru celui de Paris et de Londres en moins de trois heures. Naturellement, le poste d’adjoint aux sports lui est confié. Tout aussi naturellement, l’avocat fait l’unanimité autour de lui. Sur les stades de football, de rugby ou dans les salles de handball, on apprécie ce nouvel élu abordable et qui ne rechigne jamais à partager un pot de l’amitié. « Il aimait déjà la politique à cette époque », se remémore Christian Teyssèdre.Pour Mazars, c’est l’heure d’entrer dans un parti. Ce sera chez les radicaux de gauche, au PRG. Des modérés, centristes sur les bords. Cela lui sied à merveille. Rapidement, il nourrit l’envie de quitter un jury populaire pour un autre. Celui des urnes.
En 2012, il se lance dans une première campagne des législatives. Sur la 1re circonscription déjà, un territoire qui n’a aucun secret pour l’enfant de Laguiole, avocat de Rodez et habitant… du Vallon. Cette première expérience se termine rapidement. Avec 13 % des suffrages, il n’est pas qualifié pour le second tour. Un premier revers, rapidement balayé par une rare opportunité.
En juin 2012, Anne-Marie Escoffier est appelée au gouvernement. Par le jeu constitutionnel, la sénatrice doit céder sa place à son suppléant. C’est Mazars. Au palais du Luxembourg, l’homme goûte aux hautes sphères du pouvoir. « Ce n’est pas comme dans un prétoire mais c’est un vrai plaisir. Le Sénat est très méconnu alors qu’il mérite vraiment de l’être. Il représente les collectivités territoriales puisque les sénateurs sont élus par le collège des grands électeurs, mais ils font le même travail que les députés. C’est moins médiatique, donc moins clivant politiquement. On approfondit, on améliore les textes de loi. Et pour un avocat, c’est un véritable plaisir », confiait-il dans nos colonnes à l’époque. L’expérience durera près de deux ans, jusqu’en 2014. Stéphane Mazars quitte Paris et retrouve l’Aveyron et son cabinet d’avocats. L’homme se remet à plaider, sans jamais perdre un œil sur la politique.

En marche

2017, les présidentielles arrivent. L’avocat a déjà comme une envie de repartir à Paris… Au palais Bourbon cette fois. Mais, les cartes sont rebattues, un certain Emmanuel Macron bouscule l’échiquier politique. L’homme se veut hors des partis. Ni de droite, ni de gauche. Un peu de tout à la fois. L’idée est populaire, le jeune ministre de l’Économie sous Hollande se veut séduisant. Partout, les « modérés » sont tentés. Christian Teyssèdre y va. Stéphane Mazars suivra. Adieu le PRG. Quand Emmanuel Macron choisit Rodez comme sa dernière destination de campagne de l’entre-deux-tours, les deux hommes filent l’aligot ensemble au Bowling du Rouergue. L’idylle est lancée. Et le tsunami LREM écrasera les législatives un peu partout… Stéphane Mazars fera oublier un Yves Censi, candidat à un quatrième mandat.

« Le vote LREM n’est pas le vote Macron »

Tout en s’occupant de la commission des lois à l’Assemblée, l’Aveyronnais cultive sa proximité sur le terrain et plaide le territoire. Il est de toutes les inaugurations. Politiquement, il reste prudent. Quand la crise Bosch éclate, Stéphane Mazars reste une nouvelle fois « mesuré ». Quand le barreau de l’Aveyron lui tourne le dos, dans le cadre de la réforme des retraites, il ne fait pas de vagues non plus. Être député, c’est aussi se fâcher et perdre des amis en route. Le père de famille compose avec cette nouvelle réalité. Son seul leitmotiv : le travail, répète-t-il à l’envi. La semaine passée, le magazine Capital l’a même classé parmi les 40 députés de la majorité les plus actifs.
Il est surtout l’un de ceux qui n’ont jamais dévié de la Macronie. Quand elle fait appel à lui pour combattre l’ultrapopulaire Carole Delga, aux dernières régionales, Mazars répond présent. Les urnes le sanctionnent. Même son fief natal, l’Aubrac, plébiscite la socialiste. « Je me devais d’aller au combat pour porter les couleurs de la majorité présidentielle. Malgré ce score, pendant la campagne, j’ai bien senti que soutenir Macron n’est pas une tare. Le vote LREM n’est pas le vote Macron », réagira-t-il, avant de se remettre en selle pour la campagne des législatives. On lui prêtait des ambitions à la tête de la ville de Rodez ou encore comme président du Département, finalement l’avocat a de nouveau choisi le palais Bourbon. Cette fois, les électeurs lui ont donné raison. Bien plus que Macron, ils ont adoubé Mazars.
 

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Les commentaires (1)
Vilain Il y a 1 année Le 20/06/2022 à 17:27

Mazars, un super Avocat. Je ne le pense pas et tout au contraire. Un bon Avocat ne perd pas son temps à se lancer en politique.
En Aveyron, certains sont très bons... et ils ne font pas de politique.
Je connais Mazars, oui je l'ai eu comme adversaire et.... il n'a pas gagné.
Je conviens qu'en politique ou au théâtre, il peut mieux réussir.