Tentative de meurtre à Rodez : la police a-t-elle vraiment tardé à intervenir ?

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  • Le procureur de la république Olivier Naboulet et le commissaire divisionnaire Loïc Jézéquel, ce mercredi après-midi.
    Le procureur de la république Olivier Naboulet et le commissaire divisionnaire Loïc Jézéquel, ce mercredi après-midi. Centre Presse - José A. Torres
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La tentative de meurtre perpétrée lundi 20 juin en soirée devant le commissariat de police de Rodez, a soulevé des interrogations quant au temps mis par les gardiens de la paix pour intervenir et maîtriser le forcené, ce qui aurait pu éviter le coup de couteau reçu par un commerçant. Le commissaire Jézéquel et le procureur Naboulet y répondent. 

Deux minutes et dix secondes. C'est le temps mesuré par la vidéo de surveillance du commissariat de police de Rodez, entre le moment où l'individu s'est manifesté à la porte et celui où il a été maîtrisé, après avoir, dans l'intervalle, porté un coup de couteau à un commerçant qui tentait de le raisonner. 

Les explications sont données ce mercredi après-midi par le commissaire divisionnaire et directeur départemental de la Sécurité publique, Loïc Jézéquel. "La totalité de l'action a été très courte, mais l'on peut comprendre que, pour les témoins, elle ait duré "des heures" avant notre intervention, détaille-t-il. L'homme s'est présenté lundi soir à 21h07, il tambourine sur la porte durant moins d'une minute. Un agent se rend alors à la porte et découvre qu'il est armé de deux couteaux, ce que les caméras ne pouvaient montrer à l'intérieur du poste. Il fait alors demi-tour pour aller chercher des renforts et le pistolet à impulsion électrique, qui n'est pas une arme en dotation personnelle... Dès lors, le temps mis à s'armer, sortir et le maîtriser aura pris 95 secondes. "

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Une longue minute

Une minute sans ouvrir la porte, c'est quand même un peu long... "Mais il faut comprendre qu'assez souvent en soirée, des personnes un peu véhémentes ou éméchées viennent de façon agressive se faire ouvrir la porte, poursuit Loïc Jézéquel. On est hors des heures ouvrables au public, nous fonctionnons dès lors en unité de nuit et, ce soir-là, nous étions très occupés par des gardes à vue à gérer et une jeune femme mise en protection car victimes de violences intrafamiliales"

L'auteur présumé, résidant dans l'agglomération de Rodez et âgé de 35 ans, n'est pas coutumier de ce genre de comportement, même s'il est connu, pour des petits délits, par les services de police et de justice. Était-il sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool ? "Les analyses sanguines sont en cours, on attend les résultats pour pouvoir le dire, prévient Olivier Naboulet, procureur de la République de l'Aveyron. Un examen psychiatrique a été pratiqué au cours de sa garde à vue, il a révélé qu'il  était atteint au moment de la commission des faits d’une altération de son discernement. Ce qui le rend néanmoins accessible à des poursuites pénales".  

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Le trentenaire portera un coup de couteau à sa victime, le gérant de Max Pizza, commerce jouxtant le commissariat. La lame passera tout près de la carotide. La victime était sorti pour faire cesser le raffut provoqué parle forcené. Et les clients du bar Le Saint-Just, situé en face sont intervenus pour détourner l'attention du porteur du couteau et tenter de le maîtriser à l'instant où la police sortait du commissariat. "Je salue le comportement de ces 5 ou 6 clients qui se sont portés vers le lieu de l'action pour bloquer l'individu dans son acharnement sur la victime", insiste le commissaire Jézéquel. 

Des motivations floues et 30 ans de réclusion en perspective

Les secours arrivent, prennent en charge la victime qui sera transportée au centre hospitalier de Rodez. Ce mercredi 22 juin, ses jours ne sont pas en danger, il subit néanmoins une interruption totale de travail de quinze jours, précise le procureur. Le forcené, mis à terre par une impulsion électrique qui l'a rendu inconscient sera également pris en charge avant d'être conduit en garde à vue. Celle-ci devrait être levée ce mercredi soir. Il sera alors présenté aux magistrats du pôle de l'instruction de Montpellier, la qualification criminelle et le montant de la peine encourue, 30 ans, le justifiant. Une information judiciaire, ainsi que le placement en détention provisoire devraient être décidés par les magistrats montpelliérains qui peuvent, face aux éléments recueillis, requalifier les faits. 

Reste qu'à cette heure, les motivations du passage à l'acte restent floues. "Il n'a avancé aucune revendication particulière à l'égard de la police... Et tout acte terroriste est écarté. En revanche, il n'est pas impossible qu'il ait voulu que soit porté atteinte à sa vie, qu'il ait voulu subir par son attitude une réponse violente de la police, y compris extrême", glisse le procureur Olivier Naboulet. Un "suicide" en quelque sorte.  Des motivations que l'enquête (qui inclut aussi les auditions de la victime quand cela sera possible, et des témoins de la scène),  commandée par le pôle de l'instruction de Montpellier, devrait pouvoir éclaircir, s'il en était besoin. 

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