Palais, yachts, vignobles.... l'empire financier secret de Vladimir Poutine dévoilé

  • Officiellement, Vladimir Poutine a su rester simple : un salaire de 11 000 € par mois et un patrimoine qui se résume à un lopin de terre, un appartement à Saint-Pétersbourg, des montres de luxe et trois voitures.
    Officiellement, Vladimir Poutine a su rester simple : un salaire de 11 000 € par mois et un patrimoine qui se résume à un lopin de terre, un appartement à Saint-Pétersbourg, des montres de luxe et trois voitures. Repro CPA
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Une enquête publiée lundi 19 juin par un groupe de journalistes d'investigation est parvenue pour la première fois à faire le lien entre Vladimir Poutine et une coopérative secrète de 86 sociétés qui détient des propriétés immobilières de luxe, des yachts et de nombreux comptes bancaires. Explications
 

Pour Vladimir Poutine, seul compte l’intérêt de la Russie ! La preuve ? Après 22 ans au pouvoir, le président qui touche l’équivalent de 10 000 € par mois ne possède rien ou presque : un appartement de 77 m2 à Saint-Petersbourg, un mobile-home et trois voitures… Personne n’y croit. Mais jusqu’à présent, il n’avait jamais été possible de relier Vladimir Poutine au fameux palais à 1 milliard de Sotchi, face à la Mer noire, ou à la vingtaine de biens immobiliers de luxe qu’on lui attribue. Officiellement, leurs propriétaires sont de richissimes oligarques, des proches du président soupçonnés de jouer les prête-noms.

Un patrimoine de 4,5 milliards d’euros

Un petit coin de voile vient d’être levé sur le « système Poutine » par l’OCCRP (Organized crime and corruption reporting project), un consortium de journalistes d’investigation associé pour l’occasion à Meduza, le principal média indépendant russophone basé en Lettonie. Leur enquête de plusieurs mois [ICI, en anglais] a mis au jour une sorte de « coopérative » qui abrite 86 sociétés ou fondations, dans des domaines très divers, pesant 4,5 milliards d’euros de biens immobiliers, yachts, jets privés, actifs financiers…

Toutes ces sociétés utilisent le même serveur web LLCinvest.ru et sa messagerie privée, hébergée par une discrète entreprise informatique nommée Moskomsvyaz. Comme par hasard, Moskomsvyaz est liée à la banque Rossia, appelée depuis longtemps en Russie « la banque des copains de Poutine »…

Comme souvent, tout est parti d’une « fuite » probablement volontaire. Des masses de données hébergées par Moskomsvyaz sont arrivées en septembre entre les mains des journalistes de l’OCCRP, notamment les échanges de courriels entre les responsables mais aussi les simples employés des 86 sociétés et fondations. L’analyse des données montre que, bien qu’opérant dans des domaines éloignés, ces sociétés interagissent régulièrement via le serveur LLCinvest.ru, comme si elles faisaient partie du même groupe.

Des proches de Poutine aux manettes

Élément troublant, beaucoup de ces 86 sociétés et fondations (mais pas toutes) appartiennent à des proches de Poutine ou à des enfants de proches de Poutine. On y retrouve des hommes qui ont accompagné l’ascension du futur tsar, dans les années 1990 à Saint-Pétersbourg, et qui ont « gagné » à l’époque leurs premiers millions lors des privatisations expresses de la fin de l’Union soviétique. Exemple ? Youri Kovalchouk, ami de Poutine, principal actionnaire et président de la Banque Rossia. Ou encore Svetlana Krivonoguikh, réputée être la maîtresse du maître du Kremlin.

Un palais, des vignobles, une station de ski…

Comme par hasard encore, on trouve aussi sous le parapluie de LLCinvest les sociétés gérant des biens qui sont attribués depuis longtemps à Vladimir Poutine mais officiellement possédés par d’autres. Ainsi du fameux « palais de Poutine » au bord de la mer Noire, dévoilé par Alexeï Navalny l’opposant désormais au goulag, dont la propriété est revendiquée par le milliardaire Arkadi Rotenberg, vieil ami du Tsar. Il y a aussi les vignobles voisins, grande passion du président, détenus par l’oligarque Guennadi Timtchenko et par le fils d’un ami d’enfance de Poutine. Ou encore la station de ski d’Igora, près de Saint-Petersbourg…

Impossible de ne pas faire le lien entre la « coopérative » LLCinvest et les révélations en 2010 de Sergueï Kolesnikov. À l’époque déjà, cet homme d’affaires ayant fui la Russie pour toujours avait décrit et dénoncé un schéma de corruption dont il se disait le concepteur : il aurait permis à un groupe d’oligarques russes de réunir des milliards de roubles dans une sorte de « fonds d’investissement » au profit de Vladimir Poutine…