Les gueules noires du bassin minier de Decazeville s'exposent à l'Hôtel de ville de Rodez
L'hôtel de ville de Rodez reçoit une belle exposition sur l'histoire des mineurs du Bassin de Decazeville. Elle fait écho au spectacle "Jusqu'aux cerises s'il le faut" qui se jouera place Foch, du 27 au 31 juillet. L'exposition raconte le mouvement de grève qui s'est déroulé entre le 19 décembre 1961 et le 22 février 1962, pour le droit au travail.
Jusqu'aux cerises s'il le faut ! C'est le mot de résistance soulevé par les mineurs du bassin de Decazeville durant l'historique grève de 1961. Pendant 66 jours, ces mineurs de fond ont résisté à la pression gouvernementale, qui entendait faire baisser la production du charbon, selon les directives de la Ceca (Commission européenne du charbon et de l'acier). Bien avant, en 1948, des grèves avaient éclaté dans des bassins français suite au gel des embauches et des régressions sociales (les mines ont été nationalisées en 1946). Les grèves font des morts. Cela fait l'effet d'une traînée de poudre, partout en France.
Le Bassin, qui comptait 5045 mineurs en 1945, n'en compte plus que 2200 en 1961. Entre-temps, l'Allemagne de l'Ouest, qui a rejoint le concert des nations, produisait beaucoup plus de houilles et moins cher. La concurrence du gaz et du pétrole gagnait du terrain. En 1959, le charbon ne représentait d'ailleurs plus que 56% de la consommation énergétique des Français, contre 98% en 1913.
C'est dans ce contexte économique difficile que le Bassin decazevillois s'est soulevé, comme un seul homme, avec une détermination et un courage, qui forcent encore l'admiration aujourd'hui. Cette lutte des premiers ouvriers de France, où la solidarité et la fierté ont fait la cohésion de tout un bassin est à découvrir à travers une belle exposition à l'hôtel de ville de Rodez. Entre photos, coupures de journaux, collection de lampes, on apprend à découvrir ce pan de l'histoire locale, qui a fait écho à la grande histoire nationale. Le 20 janvier 1960, ce sont 6000 ouvriers et habitants qui défilent à Decazeville. Le 21 septembre, le Général De Gaulle entreprend même une visite officielle dans le Bassin. Le maire d'Aubin refuse de le recevoir...
Malgré tout, cette grande grève n'arrive pas à sauver le Bassin. Le territoire ne s'en relèvera pas malgré les promesses d'une reconversion industrielle, donnée par les hommes politiques. Malgré aussi la manifestation du 26 janvier où des adolescents, portant une banderole, avec le slogan "jusqu'aux cerises s'il le faut" défilaient rue Cayrade. La promesse des cerisiers en fleurs, symbole du renouveau n'a pas été au rendez-vous de ce bassin toujours sinistré au niveau économique.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?