Football - Laurent Peyrelade (Rodez) : "Refaire comme l'an dernier, c'était niet"

Abonnés
  • Laurent peyrelade débute sa huitième saison au Raf.
    Laurent peyrelade débute sa huitième saison au Raf. Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Resté en poste après avoir émis des doutes avant la trêve, l'entraîneur de Rodez a évoqué pour Centre Presse les changements souhaités, dans l'organisation au quotidien et le recrutement, tout en se projetant sur la saison à venir.

La saison dernière : « Notre club doit grandir »

À froid, quels enseignements retenez-vous de la saison achevée il y a un mois et demi, par un maintien validé lors de l’ultime journée ?
Tout d’abord, que notre club doit grandir. Il doit améliorer son fonctionnement pour avoir une énergie constante sur toute la saison. C’est un premier point très important. Ce qu’on faisait il y a trois ans, on ne peut plus le faire en Ligue 2. On doit avoir le souci d’avancer, d’avancer fort. Ce ne sera pas une garantie pour rester à ce niveau, mais ce qui est sûr, c’est que si on n’avance pas, on n’y restera pas. Le deuxième point, c’est qu’il faut trouver un bon mix en termes de nombre de joueurs dans notre groupe. Un effectif réduit c’est bien, mais c’est mieux quand on a 17 joueurs de ce niveau. Le troisième point, c’est qu’il est très dur de trouver de bons attaquants en L2.

L’efficacité offensive a-t-elle été votre principal problème la saison dernière ?
Nous avons été en dessous du niveau L2 offensivement. On a réussi à se maintenir mais c’est un point qu’il faut essayer d’améliorer car on ne pourra pas faire une nouvelle saison en étant aussi moyen offensivement.

La saison dernière, le choix a été fait de restreindre l’effectif sur le plan quantitatif. Est-ce que vous allez continuer sur cette ligne ?
Mon idée est d’avoir un noyau dur de 17 joueurs du niveau, qui ont connu la L2, qui y ont déjà joué, ou qui peuvent évoluer en L1. À ceux-là, on associe 4 ou 5 jeunes qu’on peut laisser grandir tranquillement. L’idée est là. Est-ce qu’on y arrivera ? C’est autre chose.

Vous étiez 8e à la trêve, vous avez enchaîné 18 matches sans victoires, avant de signer trois succès consécutifs pour se maintenir sans passer par le barrage. À travers ces hauts et ces bas, où situez-vous le niveau de l’équipe ?
Quand on fera une bonne saison on sera entre 10 et 13, une saison moyenne entre 13 et 16, une mauvaise saison, on sera relégable. Le club avance, se structure, mais c’est très compliqué d’être attractif, de faire venir des joueurs.

À cause du budget ?
Tout est lié : le vécu du club, le stade, le budget, le réseau de relations… Tout un ensemble de choses fait qu’on n’arrive pas à avoir certains joueurs qu’on espère attirer chez nous. J’espérais que la perception du club change un petit peu, mais cela demande plus de temps que ce que je pensais. Même après trois maintiens en L2.

Vous avez évoqué le besoin de grandir. À quels niveaux le Raf doit-il progresser ?
En termes d’infrastructures, on est bien. Les jardiniers ont bien bossé, on a trois beaux terrains. Notre centre d’entraînement ressemble à un centre d’entraînement. Le club a fait des efforts pour amener un peu plus de compétence et de disponibilité dans le staff. C’était indispensable. On ne peut pas faire plusieurs tâches à plusieurs niveaux, cela fait dépenser trop d’énergie. Des efforts ont été faits, sans être extravagant. Il y a un minimum de compétences à avoir pour répartir la charge de travail. Il faut qu’on serre les dents, que le club arrive à se maintenir jusqu’à ce que le stade soit terminé.

Quels ont été les apports dans le staff ?
Il y a un nouvel entraîneur des gardiens, un analyste vidéo, un kiné avant la séance… Plein de petites choses qui, mises bout à bout, donnent l’impression qu’on ne fait pas que du bricolage. Concernant le kiné, on aura tous les jours quelqu’un avec nous avant les séances. Quand il y a besoin de faire un strap, c’est mieux que ce soit un spécialiste qui s’en occupe, plutôt que le coach ou un joueur. L’idée, c’est de grandir, de faire mieux. Sinon, tout risque de s’arrêter. Très vite.

A lire aussi : Football : reprise en douceur et en comité réduit pour Rodez

Son choix de rester : « Si ça ne fonctionne pas comme je veux, je m'en vais »

À l’issue de l’ultime match, la saison dernière, vous aviez émis des doutes sur le fait de continuer à entraîner Rodez (malgré un contrat qui court jusqu’en juin 2023). Qu’est-ce qui vous a convaincu de rester ?
Ma famille m’a convaincue de rester ici. Ma tribu fait des efforts pour que je puisse faire ce que j’ai envie. Il y a des moments où il faut savoir rendre les choses faciles dans l’autre sens (sa famille ne vit pas en Aveyron, NDLR). C’était aussi une saison très fatigante car le fonctionnement a été compliqué. Je pense que beaucoup de personnes auraient dû prendre des responsabilités. Heureusement que POM (Pierre-Olivier Murat, le président) en a pris. L’idée est de répartir un peu mieux la charge pour que ce ne soit pas seulement le coach et le président qui soient pourvoyeurs d’énergie.

Ces responsabilités à prendre, c’était au moment où cela se passait mal sportivement ?
Quand ça se passe bien, il n’y a pas besoin d’énergie. Pour faire six mois, ce n’est pas gênant. Mais avoir l’énergie nécessaire sur un an, ce n’est pas pareil. L’idée, c’est que tout le monde amène plus d’énergie sur toute la durée. D’être moins suiveur, consommateur, mais plutôt créateur d’énergie. Il faut aussi que notre fonctionnement soit meilleur pour ne pas se disperser, être mieux concentré sur la compétition, le terrain.
Un autre argument sur le fait que je sois resté, c’est que j’ai toujours envie d’entraîner. Tout mis bout à bout, après avoir bien récupéré et bien échangé avec tout le monde, tu dis : “On y va”.

Avez-vous demandé des garanties au président par rapport aux doutes que vous émettiez ?
Si ça ne fonctionne pas comme je veux, je m’en vais. L’avantage, c’est qu’une fois que les choses ont été énumérées, c’est clair et limpide. Si c’est OK, pas de problème. Sinon, je serai intransigeant.

Aviez-vous l’impression d’avoir trop de tâches à accomplir ?
Pas forcément trop de choses, mais mon staff doit se responsabiliser, doit être créateur. Et par ailleurs, tu ne peux pas demander à ton staff de gérer la logistique, les maillots, de faire un strap, tout en assurant l’entraînement. Ce n’est pas possible. On est au niveau professionnel, on ne peut pas être multitâches. Si on doit tout faire, on fait tout moyennement. Et cela nous use. Cette saison, on devra être frais tout le temps. Il faudra répartir la charge d’énergie tout au long de la saison sur plus que deux personnes.

Le recrutement de joueurs d’expérience a-t-il aussi été évoqué lorsqu’il a été question de votre avenir ?
Bien sûr. J’aimerais prendre des joueurs qui ont fait deux, trois ou quatre saisons de L2. C’est un de nos critères de recrutement. Ou des joueurs avec un ou deux ans de L1, même en tant que doublure. Mais pas des joueurs de N2 ou N3 qui vont découvrir la L2. C’est possible d’avoir un profil comme cela pour ton 18e ou 19e joueur de l’effectif, mais pas sur ton groupe 17. Est-ce qu’on y arrivera ? C’est autre chose.

Est-ce pour cette raison que le recrutement est plus tardif que lors des saisons précédentes ?
De toute façon, il sera obligé d’être tardif. Certains joueurs que nous ciblons à l’heure actuelle ne sont pas intéressés, peut-être que dans un mois ils seront intéressés. On veut prendre des joueurs qui apportent une vraie plus-value. Notre recrutement ne sera certainement pas terminé au 30 juillet. Ou alors je serai très surpris.

À quels postes souhaitez-vous voir des renforts ?
Des attaquants, car on n’en a plus. Pour l’instant on a Killian, qui était amateur l’an dernier, Clément Depres, avec qui il faut faire attention et qui doit avoir un entraînement adapté. Si on devait commencer demain, on serait très embêté sur les postes offensifs. On doit recruter un joueur dans le couloir gauche car on a perdu Obi (Johann Obiang, en fin de contrat, s’est engagé avec Caen). J’espérais qu’on le garde mais financièrement nous n’avons pas été raccord.

Au milieu, Antoine Valerio est arrivé. Souhaitez-vous un autre renfort dans ce secteur ?
Je cherche encore un joueur au milieu. On verra si on le trouve en fonction de nos critères, de ce qu’on veut faire. Mais la priorité est vraiment de trouver couloir gauche et devant. C’est très dur de trouver un attaquant car tout le monde en cherche.

Il y a un an, votre possible départ était déjà évoqué en raison de contacts avec d’autres clubs. Avez-vous peur de faire l’année de trop avec Rodez ?
L’an dernier, on a parlé de contact mais je n’étais pas dans l’optique de m’en aller. Bien sûr qu’on peut être sollicité, mais ce n’est pas très important. Guy Lacombe m’a dit que l’année de trop, on le sait seulement quand on est dedans. Si je n’avais pas envie d’entraîner, si je n’étais pas frais, si je n’avais pas de plaisir, je ferai de l’alimentaire et ce serait nul. Je ne me pose pas la question de savoir si je fais l’année de trop. Ce qui m’intéresse, c’est comment on fonctionne, avec qui, est-ce qu’on progresse, est-ce qu’on s’améliore, ne pas refaire les mêmes erreurs qu’avant, est-ce que ma famille est prête à continuer à vivre à distance, est-ce que je suis bien ici, est-ce que les conditions sont bonnes. Refaire la même année que l’an dernier, c’était niet.

A lire aussi : Football : Rodez dévoile son calendrier des amicaux

La saison à venir : « Si on se maintient, ce sera fantastique »

Pour la saison à venir, la L2 change avec quatre descentes et une trêve d’un mois de mi-novembre à mi-décembre en raison de la coupe du monde. Est-ce que cela change la façon de préparer la saison ?
Sur la préparation, cela ne change rien. Mais il faut bien se rendre compte que nous sommes des extraterrestres dans ce championnat. La Ligue 2 commence plus à ressembler à une Ligue 1 bis qu’à un National plus. Avec les clubs qui montent et ceux qui descendent, le niveau augmente tous les ans depuis trois ans et ce sera encore le cas la saison à venir. On mérite d’être ici, on a dépensé une énergie folle et on travaille comme des fous. Mais si on interroge les gens du foot, tout le monde nous voit descendre chaque année. À part peut-être les Aveyronnais, qui nous voient monter (rires). On nous promet tous les ans la descente mais on fait notre petit bonhomme de chemin et on est sur la ligne de départ la saison suivante. Toutefois, le niveau monte énormément et c’est pour cela que mon exigence monte aussi. J’ai envie d’avoir la meilleure équipe et le meilleur fonctionnement possibles, de me rapprocher de ce que font les trois quarts des clubs de L2. Je sais que les finances ne sont pas extensibles, qu’il faut penser différemment. Mais la matière première, c’est quand même les joueurs. On a perdu nos six meilleurs joueurs lors des trois dernières années. À un moment, il faut être capable de garder ses meilleurs éléments. C’est indispensable. Cela permet de progresser, de montrer qu’on avance. Cette année, on a perdu Obi, il ne faut plus en perdre d’autres.

Est-ce que l’objectif pour la saison sera le maintien ?
Si on se maintient, ce sera fantastique. Laisser le club en L2, c’est génial. Les gens doivent bien s’en rendre compte. Cela n’empêche pas de rêver, d’avoir plus d’ambition. Mais il faut aussi être proche de la réalité. Si on finit 15e, on pourra faire péter le feu d’artifice.

Est-ce que ce sera plus dur de se maintenir que lors des saisons précédentes ?
Bien sûr. Plus les ans avancent, plus ce sera dur. Il n’y aura quasiment que des clubs qui ont joué en L1. C’est pour cela qu’il faut se bagarrer. Ce sera dur, mais on a notre chance. Et on va faire en sorte que ce soit dur pour beaucoup d’équipes.

Au niveau du jeu, comptez-vous conserver les mêmes principes que ceux utilisés ces dernières années ?
Oui. Il y a encore moins de raison de changer cette saison.

Lors des trois derniers matches la saison dernière, on a vu un schéma nouveau en 5-4-1, plus bas sur le terrain. Est-ce que cela peut être mis en place sur 38 matches ?
Oui. Vous parlez d’un 5-4-1, mais offensivement, cela ressemble à un 3-4-3. Et ce système sera reconduit. De toute façon, on jouera à trois derrière. C’est ce qui nous correspond le mieux, nous avons des repères. Il y a beaucoup de choses à travailler en attaque mais en défense, si on n’avait pas perdu Obi, on aurait été prêt de suite.

Le traditionnel 3-5-2 va-t-il être rangé au placard ?
Non, on va se balader dans les deux systèmes.
 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?