Rodez. Sécheresse : "Les trésoreries des agriculteurs souffrent" en Aveyron, alerte la FDSEA

Abonnés
  • Laurent Saint-Affre.
    Laurent Saint-Affre.
Publié le
Mathieu Roualdés

Président de la FDSEA, principal syndicat agricole, l’éleveur alerte sur les conséquences de la sécheresse à venir. Entretien.

De nombreux départements sont placés en vigilance sécheresse. Et l’été s’annonce particulièrement aride. La situation en Aveyron vous inquiète-t-elle ?

Depuis quelques jours, et la fin des premières coupes, on voit déjà que dans certains endroits, le sud du département notamment, on perd 50 % de fourrages par rapport à l’an passé ! Dans certaines bergeries, les brebis s’attaquent déjà au stock, ce qui est inquiétant. Et c’est la même chose pour plus d’un tiers du département. Plusieurs éleveurs m’ont confié qu’ils vendaient déjà une partie de leur troupeau par peur de ne pas avoir assez de fourrages en stock pour l’hiver…

L’importer reviendrait-il trop cher ?

Dans le département, une tonne de foin a un prix de revient de 50 €, sans compter l’investissement de l’éleveur. À l’achat, la tonne est entre 100 et 200 €. Donc bien entendu qu’il est possible d’acheter mais on peut être inquiet pour les trésoreries…

Avez-vous des prévisions sur la sécheresse lors de cet été ?

Je ne me hasarderai pas à cela. On entend de tout… On verra bien et malheureusement, on s’adaptera. C’est la première prérogative d’un agriculteur.

Les épisodes de canicule sont appelés à gagner en intensité avec le changement climatique. L’agriculture ne doit-elle pas changer son modèle ?

Nos modèles sont en perpétuelle adaptation, même si on a dû mal à le faire entendre. L’enjeu primordial de ces prochaines années, c’est le stockage de l’eau. Cela fait des années qu’on pousse pour cela, que des projets sont créés mais il y a toujours des gens qui bloquent par peur qu’on assèche les cours d’eau ! C’est faux et on ne mesure pas l’impact que cela peut avoir à long terme. On ne demande pas d’immenses retenues, mais seulement une pour trois, quatre éleveurs à côté. C’est un enjeu pour tous et pas seulement les agriculteurs. Quand je me rappelle qu’il y a deux ans, on se demandait si le niveau d’eau de la Garonne n’était pas trop bas pour alimenter en eau potable Montauban, c’est inquiétant…

Avec l’inflation des matières premières, cette année peut-elle être considérée "noire" pour le monde de l’élevage ou l’Aveyron s’en sort une nouvelle fois bien ?

Ici, l’avantage que nous avons, c’est de bien vendre nos produits de qualité, sous appellation contrôlée. Le revers de la médaille, c’est que cela nécessite davantage de frais pour suivre les différents cahiers de charges. Aujourd’hui, il y a une inquiétude sur le lait, celui de chèvre notamment pour qui les prix n’augmentent pas. Puis, clairement, nos trésoreries sont mises à rude épreuve avec l’inflation. Le gasoil, les céréales, les engrais minéraux, le machinisme, tout a explosé…

Le nouveau ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, vous inspire-t-il confiance ?

C’est comme les maçons, on les juge lorsqu’ils sont au pied du mur.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
filochard Il y a 1 année Le 09/07/2022 à 14:03

Macarel