Rodez. Rallye du Rouergue : focus sur les commissaires, cette denrée de plus en plus rare

Bien sûr, chaque écurie organisatrice compte ses propres commissaires, mais cela ne suffit pas à couvrir les besoins d’une épreuve. "Nous en avons une quarantaine de licenciés chez nous, explique ainsi Hubert Salles de l’ASA Rouergue. Mais, sur un rallye comme le Rouergue, il nous en faut entre 150 et 160. " D’où l’obligation pour les organisateurs d’en faire venir de l’extérieur. Et c’est précisément là que le bât blesse généralement, même si pour cette édition du Rouergue, pas de problème en vue.

Population vieillissante, nerfs parfois mis à rude épreuve

En effet, d’année en année, le nombre de commissaires se réduit. "La population des commissaires est vieillissante. Même si nous avons réussi à recruter quelques jeunes chez nous, cela compense rarement les départs d’autant plus que les années covid ont vu nombre de commissaires arrêter et tous n’ont pas repris", éclaire André Raynal, connu sur les rallyes sous le surnom de Charly, commissaire de route depuis de très nombreuses années au sein de l’ARVM, organisatrice du rallye de Marcillac. Totalement bénévole, le commissaire est avant tout un passionné. "C’est la passion du rallye qui nous tient tous", abonde-t-il. Et de la passion, il en faut pour rester en poste plusieurs heures durant une spéciale, à pointer le passage des concurrents. Mais le rôle du commissaire ne s’arrête pas là : il doit aussi assurer la sécurité des spectateurs en interdisant l’accès à des zones jugées dangereuses. Ce qui n’est pas forcément admis par tous et génère parfois des échanges verbaux haut en couleur. Comme en témoigne "Charly" : "On n’est pas là pour se faire insulter. " En cas de sortie de route, le commissaire doit également signaler à la direction de course où se trouve le véhicule, s’il gêne pour la poursuite de l’épreuve, si les secours doivent intervenir…

Reconnaissance et problématique des frais

Pour tout le travail fourni, il ne demande pas grand-chose, si ce n’est un peu de considération et de reconnaissance. "Quand nous sommes loin de la maison, le soir, nous aimons nous retrouver entre nous autour d’un bon repas pour passer un moment ensemble. "

Mais tous les organisateurs ne traitent pas les commissaires de la même manière. Si sur certaines épreuves, ils sont convenablement accueillis, ce n’est pas le cas partout. "Quand on te donne un ticket pour aller chercher un sandwich à l’épicerie du coin alors que tu viens de passer plusieurs heures sur le bord de la route, raconte André Raynal, tu te dis que l’année prochaine ils feront sans toi. "

Avec la flambée du prix des carburants, les déplacements deviennent de plus en plus onéreux et certains hésitent ainsi à se déplacer, car dans la majorité des cas, c’est… à leurs frais. "Nous essayons de partir à plusieurs pour partager le coût", détaille le licencié de l’ARVM que l’on a retrouvé sur le Rouergue avec dix de ses collègues d’écurie dès hier sur la nouvelle spéciale de Rodelle, avant d’officier ce jour du côté de Moyrazès. "Cette année sur le Rouergue, nous avons mis en place un forfait kilométrique en fonction des distances parcourues, indique Hubert Salles. Du côté de l’hébergement, il se fait soit en collectif, soit en hôtellerie en fonction des possibilités et des disponibilités. Quant à la nourriture, nous faisons le maximum afin que tous soient satisfaits et nous organisons même un grand repas pour tous les commissaires le jeudi soir. " Un savoir-faire reconnu qui permet aussi de maintenir les effectifs sans trop de difficulté. Et ça compte.