Diocèse de l'Aveyron : le goût des autres de Mgr Luc Meyer, nouvel évêque

Même si l'exercice n'est pas aisé, il trouve le mot qui le qualifie le mieux: "joie". Celle qui consacre le partage mais aussi une certaine forme de quête spirituelle dans sa relation avec l'Autre. Une joie perceptible dans ce visage rayonnant où le sourire est omniprésent. Luc Meyer vous parle de son immense parcours comme de sa vocation: avec passion. Une foi en Dieu gagnée dès l'âge de cinq ans, auprès de trois membres de sa famille devenus prêtres, à la lueur du "témoignage de leur vie".

Proximité et amour de la paroisse

Un long chemin dans l'enseignement (lire également son portrait sur notre site), mastères et doctorat, un amour des lettres et de la rhétorique, mais aussi de l'histoire du christianisme et de la théologie finiront par le guider vers la prêtrise, ordonné à 32 ans en Mayenne, le département où ses parents vivent leur retraite. Cela ne saurait l'empêcher de continuer à enseigner, il le fera durant dix ans au séminaire interdiocésain de Nantes, revenant tous les week-ends à Laval retrouver sa paroisse où il n'officie pas seul.

"Avoir" une paroisse, voilà son bonheur. La proximité avec la communauté chrétienne est plus forte que tout pour cet universitaire qui annonce: "La foi n'est pas une opinion, c'est le dialogue entre deux ailes, la foi et la raison, ce qui fonde un certain  rapport aux autres et au monde". Plus prosaïquement, c'est le contact avec ses contemporains qui l'anime. "J'ai vécu tout au long de mon parcours de belles aventures, j'ai eu la chance de rencontrer des gens qui m'ont transmis leur passion, confie Mgr Meyer. Ce que je retiens de mes études, c'est la chance de nouer des amitiés longues qui m'ont porté". 

Crise des vocations de prêtres et... de la vocation chrétienne

C'est donc les bras ouverts qu'il arrive en Aveyron, sa première mission d'évêque. Appelé en mai, le temps de régler "quelques chantiers en cours" en Mayenne où il est vicaire général du diocèse, et voilà Luc Meyer gourmand de découvrir son nouveau territoire. Le père Daniel Boby, administrateur diocésain qui a magistralement assuré l'intérim après le départ, en août dernier, de Mgr Fonlupt,  lui distille les dossiers par ordre d'importance. L'Aveyron, comme la Mayenne et l'ouest de la France est une terre catholique qui attend beaucoup son Eglise. Laquelle fait face à la crise des vocations, l'absence de prêtres dans de nombreuses célébrations en marge des sacrements.

Luc Meyer en a conscience mais prévient: "La crise des vocations est une réalité importante. Mais la question de la vocation chrétienne est tout aussi fondamentale. Dans nos départements ruraux, l'héritage traditionnel s'est profondément inscrit dans les esprits. Ne nous contentons pas d'ouvrir les portes pour que les gens puissent entrer, allons aussi et surtout vers les autres. C'est une évolution dans laquelle l'Eglise doit être active pour vivre. La vraie question pour nous est de savoir comment on accompagne et ce n'est pas simplement une question d'organisation. Le changement de modèle est un vrai travail de réflexion que l'on doit mener ensemble". 

Ordonné évêque le 17 septembre

Il en sera ainsi également pour le lourd dossier des abus sexuels dans l'Eglise: le nouvel évêque est très sensible à la libération de la parole, pour que les "victimes deviennent des témoins pour l'avenir". Il a d'ailleurs conduit en Mayenne, depuis la publication du rapport de la Ciase, de nombreuses soirées publiques sur cette thématique.

Sur de nombreuses questions, Mgr Meyer va donc s'employer dès à présent à rencontrer prêtres, diacres et conseils pastoraux dans les 36 paroisses de l'Aveyron  avant son ordination, le 17 septembre en la cathédrale de Rodez. Et tenter de trouver un peu de temps pour s'adonner au vélo, à la marche et aux grands compositeurs de musique, ses passions qui ne sauraient pourtant occulter celles qu'il voue aux Hommes comme à Dieu. 

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