Villefranche-de-Rouergue. Le Villefranchois Roméo Langlois, une vie caméra au poing pour filmer la réalité de notre monde

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  • En plus du prix Albert-Londres, Roméo Langlois a reçu le prix Bayeux-Calvados des reporters de guerre pour son reportage "A l’assaut du Califat".
    En plus du prix Albert-Londres, Roméo Langlois a reçu le prix Bayeux-Calvados des reporters de guerre pour son reportage "A l’assaut du Califat". James Andre
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Philippe Henry

Grand reporter pour la chaîne France 24, le Villefranchois d’origine parcourt le monde pour réaliser ses reportages. Il a reçu en 2013 le prestigieux prix Albert-Londres pour son documentaire "Colombie : à balles réelles", après sa capture par les Farc et 33 jours passés dans la jungle.

Son visage est apparu sur les écrans de télévisions, dans les journaux, quelques jours après son enlèvement le 30 avril 2012. Le correspondant de France 24 y apparaît torse nu et souriant, en pleine jungle colombienne. En espagnol, il explique à une femme, membre des Farc, qui l’interroge qu’"on sait à quoi on s’expose quand on fait ce type d’activité".

"En vérité, je ne pensais pas que cela allait devenir si terrible", ajoute Roméo Langlois, dont le bras gauche est bandé. Sur les images, le reporter semble en bonne santé. Malgré cette blessure par balle reçue lors d’échanges de tirs entre l’armée colombienne et les Farc. Cette vidéo a été tournée en guise de "preuve de vie" du journaliste français, enlevé un mois auparavant dans la jungle colombienne.

Roméo Langlois, en 2012, peu après son retour en France, dans la maison familiale de Villefranche-de-Rouergue, après son enlèvement par les Farc. Le journaliste avait été touché par une balle lors d’un échange de tirs entre l’armée colombienne et les guérilleros.
Roméo Langlois, en 2012, peu après son retour en France, dans la maison familiale de Villefranche-de-Rouergue, après son enlèvement par les Farc. Le journaliste avait été touché par une balle lors d’un échange de tirs entre l’armée colombienne et les guérilleros. Archives et Repro Centre Presse Aveyron

Il ne sera libéré que 33 jours plus tard. Les images des retrouvailles avec ses proches, dès la sortie de l’avion, à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle ont également fait la Une des médias. Presque un an après sa libération par les Farc, Roméo Langlois, recevait à Montréal le prestigieux Prix Albert-Londres 2013 pour son reportage "Colombie : à balles réelles", diffusé en juin 2012.

Le reportage de 26 minutes montre aussi bien le départ de l’armée en mission, l’embuscade des Farc, que la mort filmée en direct du sergent Cortès chargé de la protection de Roméo Langlois. Le film s’achève ensuite brusquement, en plein milieu des combats, quelques secondes avant que le journaliste, ne soit capturé par les guérilleros. Une distinction qui est venue couronner le travail de ce journaliste pour qui le reportage sur le terrain reste la meilleure façon de rendre compte de la réalité.

Catharsis

Une récompense qui est arrivée sans doute en forme de catharsis après ces événements passés. Car si ces images semblent aujourd’hui lointaines, le souvenir de ces événements reste toujours vif. "J’ai dû tout quitter en 24 heures après avoir vécu pendant des années en Colombie", se souvient-il. Après plusieurs mois passés entre les mains de chirurgiens et de médecins pour guérir une blessure qui avait été "mal soignée", Roméo Langlois finit par intégrer la rédaction parisienne de France 24.

À partir de là, le journaliste va multiplier les reportages aux quatre coins du monde : Afghanistan, Zambie, Centrafrique, Iran, Irak, États-Unis, Mali au côté des militaires français de l’opération Serval.

Avec, toujours, sa caméra au poing et bien souvent accompagné d’autres journalistes tout aussi talentueux caractérisés par une grande rigueur professionnelle. Tout récemment, Roméo Langlois a passé plusieurs semaines en Ukraine. À décrire et raconter le quotidien des celles et ceux qui mènent la lutte contre l’envahisseur russe et qui vivent au quotidien sous les bombes. Mais il le fait en saisissant des scènes du quotidien. En donnant un supplément d’âme à ses reportages où la petite histoire finit par raconter la grande.

Roméo Langlois travaille désormais à la rédaction de France 24 après avoir passé plusieurs années en Colombie.Ici, le journaliste réalise un reportage en Zambie, en janvier 2021
Roméo Langlois travaille désormais à la rédaction de France 24 après avoir passé plusieurs années en Colombie.Ici, le journaliste réalise un reportage en Zambie, en janvier 2021 Nicolas Germain

À 45 ans, le journaliste multiplie donc les reportages au long cours, les enquêtes sur des événements qui secouent certains pays du globe. Toutefois, il ne manque jamais l’occasion de venir se ressourcer en Aveyron, à Villefranche-de-Rouergue ou dans la maison familiale du Lot. Une passion pour la rencontre, les récits et la découverte qui ont été nourris dès son plus jeune âge et qu’il n’a fait que confirmer lors de ses études en Science politique à Paris, puis lors d’un stage au Pérou, pour l’AFP, en 1999.

"J’ai pu couvrir l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez au Venezuela, toute l’actualité des pays d’Amérique Latine, avant d’arriver à Bogota, la capitale de la Colombie, en 2000."

Avec sa compagne de l’époque, Pascale Mariani, Roméo Langlois va multiplier les reportages d’abord en "free-lance" puis pour des rédactions comme celle de Marianne. À partir de 2002, ils commencent à travailler pour la rédaction du Figaro pour couvrir les élections brésiliennes, la chute d’Aristide en Haïti, en 2004, etc.

Mais, à l’époque, l’actualité colombienne retient l’attention des médias hexagonaux en particulier avec notamment la prise d’otage d’Ingrid Betancourt. Roméo Langlois couvre alors l’actualité pour plusieurs médias : France 24, l’agence Capa, notamment.

En plus du prix Albert-Londres, il reçoit en 2016 le prix Bayeux-Calvados des reporters de guerre dans la catégorie "image et vidéo" pour son reportage "à l’assaut du Califat", réalisé avec Mayssa Awad. Dans ce documentaire les journalistes ont accompagné les Forces démocratiques syriennes, une coalition de milices kurdes et arabes, dans leur reconquête de villes et de territoires syriens sous le contrôle de l’organisation État islamique.

Autre récompense, avec son reportage "Maracaïbo, génération sacrifiée, sur la descente aux enfers du Venezuela", le journaliste de la chaîne française, s’est vu cette fois remettre avec le producteur Jorge Benezra le grand prix dans la catégorie moins de 40 minutes, lors de la 28e édition du Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société (Figra), en octobre 2021. Mais bien plus que les prix ou les récompenses, Roméo Langlois reste, avant toute chose, possédé par ces désirs insatiables de rencontres, d’exploration, de curiosité et de partage. Des désirs qui s’incarnent lorsqu’il passe derrière la caméra.

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