Drame du 14-Juillet à Cholet : "le risque zéro ne peut exister" explique un artificier aveyronnais

  • "Quand le site présente trop de risque, on cherche un autre lieu".
    "Quand le site présente trop de risque, on cherche un autre lieu". Archives ML
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Pour le spécialiste aveyronnais des feux d'artifice Alexandre Mouly, directeur de l'agence événementielle FWF Concept à Mayran, "il est inconscient d'imaginer qu'un tel spectacle est sans danger". Les produits sont dûment certifiés, mais ils peuvent s'avérer défectueux. Si le drame survenu à Cholet (deux morts et un blessé grave) remet en lumière la difficulté d'assurer la sécurité du public, la profession pour autant durcit sans cesse ses formations dans ce domaine. 

Faut-il encore craindre des accidents lors des tirs alors que les techniques et les réglementations sont sans cesse en évolution ? 
Il faudrait être inconscient de considérer que, comme c'est beau un feu d'artifice, il ne peut rien se passer de grave. Les dangers ont toujours existé et aujourd'hui encore, on prend des risques à chaque tir. Et ce, alors même que l'on utilise des produits certifiés CE, conformes aux normes les plus exigeantes en matière de sécurité. À ce sujet, quand on prépare un feu nous devons communiquer à la préfecture, pour validation, le listing de tous les produits que l'on utilise. Mais on n'est jamais à l'abri d'un défaut de fabrication, que l'on ne peut pas maîtriser nous-mêmes. Si l'on a un souci sur une référence, on le signale au fournisseur et on lui renvoie le produit. 

Vous faites des tests sur les produits utilisés avant de les mettre en œuvre devant le public?
On travaille le plus souvent sur des plans vidéo que nous envoient les fabricants. Mais si l'on ne connaît pas bien le produit, le test que nous réalisons nous permet de déterminer la distance à laquelle doit se trouver le public, même si cette distance va au-delà de ce que prévoit la réglementation : nous restons responsables des produits que l'on utilise et de leurs effets. Certains artificiers, par négligence, comme il en existe dans tous les métiers, n'adaptent pas toujours leur travail à la réalité du terrain. Ce qui, même avec des produits certifiés, peut conduire à des accidents. 

Avez-vous déjà refusé les exigences de certains clients, des collectivités par exemple, pour des raisons de sécurité ? 
Non, mais quand le site présente trop de risques, où pas assez de distance entre le pas de tir et le public, on cherche un autre lieu. De toute façon, c'est nous qui proposons au client la gamme des fusées, le contenu du spectacle en fonction du lieu. 

La formation des artificiers s'adapte-t-elle à ces exigences ? 
À la base, côté technique, la formation reste la même. Apprendre à manipuler ne change pas vraiment. L'axe principal reste la sécurité et là, la formation évolue sans cesse même si, malgré notre professionnalisme, le risque zéro ne peut exister. 

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