Police : de Rodez à Millau, Michel Rohr toujours en ordre de bataille

Certains entrent dans la police par hasard. Ce ne fut pas le cas de Michel Rohr, commandant de police, chef du service « voie publique » et officier à Rodez depuis 1998.
Il était lycéen en terminale quand il prend la défense d’un camarade, diminué par la maladie, à qui un « gros bras » veut lui piquer une part de frites. Il en héritera d’un violent coup dans les gencives, mais son copain gardera ses frites. Il n’en fallait pas plus pour convaincre Michel Rohr d’endosser l’uniforme, « une vocation », plaide-t-il encore aujourd’hui.

Quand l’Aveyron n’est pas « un havre de paix »

Concours réussis, le jeune Alsacien obtient un premier poste en 1989 à Nancy, avant de rejoindre l’école des officiers à Nice, et une affectation en suivant à la compagnie d’intervention de Bobigny (Seine-Saint-Denis) où il sera blessé en réalisant une arrestation. L’infirmière qui le soigne est Aveyronnaise, deviendra son épouse, et reviendra au pays avec ce jeune lieutenant de 30 ans, qui trouve sa place en 1998 au commissariat de Rodez. « Je voyais l’Aveyron comme un havre de paix, cela n’a jamais vraiment été le cas… », dit-il en souriant. Il y découvre très vite les colères agricoles, la Conf’et José Bové, mais aussi la FDSEA. Il apprend vite que les Aveyronnais ont la tête dure. 
Gérer les manifs, assurer l’ordre public, préserver la concorde sociale sera son ordinaire, en charge au fil de ses montées en grade, de tous les policiers « en tenue ». 

Veiller durant quelques années à ce que les bars respectent les réglementations qui les régissent ne lui fera pas toujours que des amis. Peu lui importe. Michel Rohr ne se laisse jamais distraire du sens de ses missions même si nombre d’événements « sont parfois lourds à gérer ». De visites présidentielles en incendies majeurs, de grands mouvements de foule (comme la dernière Coupe du monde de football sous la menace Vigipirate), à l’arrestation de terroristes de l’ETA, en passant par les Gilets jaunes (« de longues semaines à assurer un service d’ordre d’autant plus difficile qu’il s’est cristallisé dans des tensions plus importantes au fil du temps ») en passant par des drames, comme l’assassinat de Pascal Filoé, « qui me marquera à jamais ».

Des réjouissances, il y en a eu aussi à Rodez, « notamment à travers les relations loyales et riches avec les institutions, les autorités et tous nos partenaires pour apporter des solutions à des problèmes de tranquillité publique ».

Le voilà « patron » du commissariat de Millau

De ce long catalogue de présence sur le terrain, de jour comme de nuit, il acquiert l’expérience et les compétences qui ont convaincu sa hiérarchie de lui confier, à 53 ans, un nouveau poste à sa mesure : diriger le commissariat de police de Millau et ses 70 effectifs. Nommé au 1^er août commandant divisionnaire, il en sera le patron, au même titre qu’un commissaire.

Une tâche lourde qui ne fait pas peur à celui qui n’a, une fois encore, rien perdu de sa vocation première et son amour de la police. Une institution qu’il a vu considérablement évoluer tout au long de sa carrière, « par les méthodes de travail, par la logistique… Ce sont des évolutions réellement positives. Et on a beaucoup plus su se protéger à l’heure où l’on est devenu des éponges sociétales ».  Policier, animateur d’équipes et gestionnaire de l’ordre public, Michel Rohr qui règle désormais sa boussole un peu plus au sud, reste indéniablement en ordre de bataille.