Aveyron, Cantal, Corrèze : bataille d'équarrisseurs pour la collecte des animaux morts

  • L'usine d'équarrissage de la Sopa à Cros-de-Montvert (Cantal).
    L'usine d'équarrissage de la Sopa à Cros-de-Montvert (Cantal). Capture d'écran - Sopa
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Depuis le début de l'année 2022, le marché de l'enlèvement des ATM (Animaux trouvés morts) dans ces trois départements a un nouveau titulaire. Mais l'ancienne entreprise cantalienne chargée de ce travail continue de le faire, quitte à aller en justice. Explications.
 

La Sopa est une société spécialisée dans l'équarrissage et l'enlèvement de cadavres d'animaux (ou ATM, pour Animaux trouvés morts). Basée à Cros-de-Montvert (15), propriétaire d'une usine d'équarrissage, elle est chargée de ce travail sur les départements de l'Aveyron, du Cantal et de la Corrèze.

Enfin, était, puisque le 31 janvier 2022, la Sopa a perdu ce marché au profit d'un de ses actionnaires, Saria, qui en a chargé l'une de ses filiales,SecAnim Sud-est. Une "trahison" qui n'est depuis pas passée pour Jean-Pierre Chateau, président de la Sopa, laquelle poursuit son activité d'enlèvements des ATM sur les trois départements, alors que Sopa et Saria s'affrontent dans une procédure judiciaire en cours. "Saria veut récupérer les ATM et nous mettre sous tutelle. Elle souhaite récupérer tous les volumes de cadavres pour les amener dans de grosses usines qui leur appartiennent en Vendée ou dans l’Allier et transporter les cadavres plutôt que les traiter sur place. L’objectif, c’est de fermer notre usine, ni plus ni moins", se défendait M. Chateau en mars dernier sur France 3. Et d'insister de la menace que Saria fait peser sur une quarantaine d'emplois. "On tombe sur un bloc de béton. On va essayer de le perforer, on va se défendre. Des agriculteurs propriétaires de leurs animaux nous ont demandé de continuer à collecter, donc on continue à travailler. Ils (Saria, NDLR) nous traînent au tribunal. On va se défendre", ajoute-t-il, parlant de "concurrence déloyale".
Une association d’éleveurs a d'ailleurs été créée pour défendre la Sopa. Les autres actionnaires de l'entreprise sont des capitaux agricoles, et les agriculteurs sont majoritaires au niveau du nombre de voix en conseil d’administration, ce qui explique que Saria ne puisse pas appliquer sa politique sur les activités de la Sopa.

La zone de collecte de la Sopa
La zone de collecte de la Sopa Capture d'écran - Sopa

Le pot de fer contre le pot de terre ?

Et la situation perdure ainsi depuis près de six mois. Au grand dam d’Hervé Fumery, porte-parole de SecAnim, la filiale de Saria ayant récupéré le marché, qui rappelle que sa société travaille depuis 30 ans "dans le Cantal, la Corrèze et l’Aveyron" : "On voulait sous-traiter à la Sopa. Nous avons fait une proposition de sous-traitance pour cette activité sur ces zones et de maintenir l’emploi. L’équarrissage n’est pas une activité délocalisable. Jusqu’alors, Sopa a refusé toute sous-traitance."  "Sopa s’est enfermée dans une situation de non-droit et continue à collecter sans avoir de contrat, fait signer des papiers à des éleveurs…", déplore-t-il. Pour Frédéric Varjabedian, directeur général de SecAnim sud-est, " le président de la Sopa fait courir dans tout le Cantal, l’Aveyron et la Corrèze que les quarante emplois de cette société sont menacés depuis la perte du marché des ATM sur ces trois départements", parlant dans La Montagne d'une "campagne de dénigrement". Selon lui, sa société reste toujours disposée à sous-traiter l'activité à la Sopa, parlant même de l'étendre au Lot voisin.

Pas question de sous-traitance pour Jean-Pierre Chateau : "ça n’est pas possible, ça met la Sopa par terre (...)  C’est le transfert d’un pouvoir agricole cantalien, corrézien, aveyronnais au profit d’une entreprise en Allemagne. On nous enlève des emplois, on ferme des outils. Au niveau environnement, c’est complètement absurde."

"Nous sommes une filiale d’un groupe allemand qui appartient à 100% à une famille d’éleveurs, rétorque Hervé Fumery. Ce n’est pas le méchant industriel allemand contre la petite entreprise française, ça, ce n’est pas vrai. Il faut que les éleveurs sachent qu’aujourd’hui il n’y a qu’un équarrisseur officiel."

Saria emploie 11 000 personnes dans le monde, dans 26 pays. Avec ses filiales comme SecAnim Sud-est, le groupe est présent dans 42 départements français.

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