Rodez. Sécheresse : le grand désarroi des agriculteurs aveyronnais
Pluviométrie en berne et chaleurs excessives : les éleveurs, déjà impactés dans leur trésorerie, déplorent une perte moyenne de 50 % de fourrage, entraînant des conséquences économiques en chaîne, jugées catastrophiques.
C’est déprimant et les perspectives pour août sont mauvaises. Alors, on ne parle pas entre nous de la sécheresse. On préfère se dire que l’on est en bonne santé et que ce n’est déjà pas si mal" : Benoit Fagegaltier en témoigne, l’ambiance est pesante chez les agriculteurs, autant que peut être suffocante la canicule qui s’abat sur ce début d’été dans le département. L’éleveur nord-aveyronnais, premier vice-président de la FDSEA, note que le déficit hydrique plonge les professionnels dans "un grand désarroi", d’autant "que l’on nous interdit encore de faire des lacs collinaires, ces petites retenues pour quelques exploitations regroupées qui nous aideraient bien dans ces circonstances". Et de pointer du doigt les restrictions environnementales appliquées à la lettre par les services de l’État…
Une seule coupe, qui sera vite mangée
Pour l’heure, il faut faire avec ce que l’on a, c’est-à-dire une pluviométrie en berne. " Les orages de juin nous ont fait espérer que l’été pourrait pas trop mal se passer. Mais en juillet nous n’avons enregistré aucune précipitation significative et des températures excessives", constate Benoit Fagegaltier.
Conséquence : "Cela fait plus de quinze jours que les élevages laitiers ont attaqué les fourrages d’hiver. Pour l’élevage allaitant, ces fourrages commencent à être utilisés". Pas de deuxième coupe, on ne fane plus, les champs sont désormais ouverts pour y laisser les bêtes en pâture.
Ni quantité, ni qualité
"En Nord-Aveyron, le manque de fourrage pour la saison représente une perte de 50 à 70 % par rapport à une année normale, les zones les plus hautes étant les plus impactées. Plus on monte en altitude, plus c’est grave… Les fourrages se font avec les pluies de mai qui n’ont pas été assez abondantes. Et, de plus, dans ce contexte, les fourrages ne sont pas de bonne qualité".
Ni quantité, ni qualité, donc, et une inquiétude grandissante chez les éleveurs en particulier concernant leur trésorerie. "Acheter du foin n’est pas la seule solution, reprend Benoit Fagegaltier. Il faudrait parvenir à faire pour les éleveurs un catalogue de produits normés, mettre en place des achats groupés auprès de tous les départements qui font du maïs irrigué… Plus ça va, plus les agriculteurs s’organisent pour s’approvisionner, en paille, dans quelques départements du Sud-Ouest où les rendements sur les cultures d’hiver ont été assez bons. On n’a jamais vu autant de paille qui montait ce mois-ci en Aveyron ! Mais les achats, il faut les payer et les trésoreries sont au plus mal avec l’augmentation des charges que subissent les exploitations".
Accélérer les aides
Qui plus est, la profession ne saurait trop compter sur les aides publiques, "la réglementation ne permettant pas de rentrer dans les dispositifs de calamités agricoles avant la fin de la saison", déplore Benoit Fagegaltier. Et de prévenir : "On compte mener des actions pour accélérer les choses et obtenir notamment, au plus vite, des exonérations de la taxe sur le foncier non bâti, sur les cotisations MSA… Si l’on n’est aidé que dans un an, on aura perdu bon nombre de bêtes d’ici là. Le marché de la reproduction est en berne, il n’y a pas de fourrage pour nourrir les génisses, on produira moins de lait… C’est toute une chaîne économique qui est concernée. Autant dire que l’on n’a pas vraiment le moral", conclut Benoit Fagegaltier avant de recevoir son deuxième camion de paille de la journée. De la paille achetée dans le Gers.
Sud-Aveyron : la "grande catastrophe"
à cet article à partir de


J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?