Alimentation, matières premières : comment le réchauffement climatique fait-il flamber les prix ?

  • Le réchauffement climatique est désormais pointé du doigt comme un facteur entraînant l'inflation.
    Le réchauffement climatique est désormais pointé du doigt comme un facteur entraînant l'inflation. Ben-Schonewille / Getty Images
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Centre Presse Aveyron

Sécheresse, inondations, épisodes de gel... Autant de conditions climatiques extrêmes qui mettent en péril la production de matières premières, et donc le contenu de notre porte-monnaie ! Le réchauffement climatique est désormais clairement pointé du doigt comme un facteur entraînant l'inflation. Un phénomène qui a désormais un nom : "heatflation".

Pénurie de moutarde en raison de sévères périodes de sécheresse au Canada, premier producteur et exportateur de graines de moutarde au monde, amenuisement des stocks de pois chiches dont les réserves américaines se sont réduites de 10% au cours des deux dernières années, températures en forte hausse dans le nord de l'Italie au point de mettre en péril la culture du riz à risotto mais aussi des tomates et des olives, café qui coûte plus cher en raison de la destruction de récoltes brésiliennes qui ont chuté de près de 30% à cause du gel ou d'inondations...

Aux quatre coins du monde, on ne cesse d'évoquer les mauvaises récoltes de tout une ribambelle d'aliments jusqu'à alerter d'une potentielle pénurie à venir. "Au mieux", les désastres climatiques engendrent une hausse des prix. Selon l'expert Nicolas Léger, du cabinet international NielsenIQ,  "les conditions climatiques expliquent pour un grand nombre de catégories de produits alimentaires pourquoi ils sont inflationnistes". Et de bien préciser que le conflit entre l'Ukraine et la Russie ne peut être invoqué comme l'explication première de la flambée des prix, à l'exception de la catégorie des huiles.

L'alerte avait pourtant été donnée...

Les scientifiques avaient prévenu : le réchauffement climatique - s'il n'est pas ralenti, n'aura pas que des effets dramatiques sur les ressources de la planète, les conséquences seront aussi financières. Il y a quelques jours, une revue américaine a même utilisé un néologisme pour définir le phénomène : "heatflation" - contracttion de "heat", la chaleur dans la langue de Shakespeare, et "flation" pour "inflation". L'article de presse revenait sur les propos d'un professeur de droit et d'économie exerçant à Georgetown aux Etats-Unis, David A. Super, qui avait indiqué plus tôt au journal en ligne The Hill : "Si nous souhaitons contrôler l'inflation, il nous faut nous occuper de la question climatique maintenant".

Alors que l'Europe vit une nouvelle vague de chaleur, la Banque centrale européenne avait pourtant déjà prévenu que des températures inhabituelles pouvaient conduire à une inflation à moyen terme. L'analyse avait été glissée dans un rapport publié en décembre dernier et portait sur pas moins de 48 pays. On ne pourra vraiment pas dire qu'on ne savait pas puisqu'en février dernier le très réputé magazine américain The Atlantic attribuait déjà un nom à ce phénomène climato-économique "Greenflation".

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