Aveyron : en manque d’eau potable, le Carladez ravitaillé d’urgence depuis l’Aubrac

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  • L’usine de Thérondels doit être alimentée tous les jours par des camions-citernes venus de l’Aubrac.
    L’usine de Thérondels doit être alimentée tous les jours par des camions-citernes venus de l’Aubrac. Photo Jean-Yves Frèche
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Guilhem Richaud

La communauté de communes Aubrac, Carladez et Viadène a lancé en partenariat avec Veolia des livraisons d’eau dans les communes du territoire pour éviter le risque de pénurie d’eau. La situation est d’autant plus critique qu’aucune pluie n’est prévue dans les prochains jours..

Le point de rupture pour la distribution de l’eau est imminent" : la communauté de communes Aubrac, Carladez et Viadène a tiré jeudi la sonnette d’alarme sur son territoire, où vivent environ 10 000 personnes. Selon elle, l’approvisionnement en eau de plusieurs communes serait dans une situation "très critique", notamment en Carladez. En cause "le réchauffement climatique, la faible quantité d’eau tombée depuis le début de l’année 2022, les usages parfois non conscients d’une ressource qui paraît abondante", détaille la communauté de communes. "Il faut être très vigilant, confirme Jean Valadier, son président. La situation se tend. Le problème de la sécheresse va bien au-delà du Carladez, mais il faut, ici, être particulièrement vigilant sur les usages." Les élus de la communauté de communes, qui ont en charge la gestion de l’eau, s’inquiètent de ne pas voir de pluies importantes prévues dans les prochains jours. "Chaque verre d’eau qui peut être économisé doit l’être, schématise Jean Valadier, qui en appelle également au civisme. On voit encore des gens qui remplissent leurs piscines ou qui arrosent leur jardin. Pour l’instant on est dans une phase de prévention, mais s’il le faut, il y aura ensuite, notamment avec l’OFB, mais aussi les gendarmes, la possibilité de passer à la répression." Les sources privées des agriculteurs sont aussi au plus bas, et ils sont nombreux à devoir désormais puiser dans le réseau d’eau potable pour la consommation agricole. "Une vache, selon qu’elle soit allaitante ou pas, consomme entre 80 et 120 litres d’eau par jour", reprend le président conscient qu’il n’est pas possible de priver les animaux, dont le bien-être n’est pas négociable. Pour montrer l’exemple, la communauté de communes a aussi fermé la zone aquatique du centre aqualudique Natura Bien-être à Brommat incitant les baigneurs à se tourner plutôt vers le lac de Sarrans.

168 000 litres d’eau livrés chaque jour

Mais au-delà de l’alerte, le risque que les habitants des communes du Carladez (Brommat, Lacroix-Barrez, Mur-de-Barrez, Murols, Taussac et Thérondels) ne puissent plus tirer de l’eau de leur robinet est réel. Depuis plusieurs jours, la toute nouvelle usine de traitement d’eau de Thérondels, qui a ouvert au début de l’été, n’est plus en mesure de puiser suffisamment dans le Sinic, le cours d’eau dans lequel elle a été installée. La réglementation prévoit qu’il n’est plus possible de capter de l’eau si le débit de la rivière descend en dessous de 45 litres d’eau par seconde. Une mesure qui permet de protéger la biodiversité autour de la rivière. Mais face à l’urgence, la préfecture a autorisé Veolia à descendre ce niveau d’étiage à 25 l/s. En parallèle, Pour tenter d’éviter toute pénurie sur les communes du territoire, des camions-citernes ont commencé à renflouer l’usine de Thérondels. "Il y a trois rotations quotidiennes de trois camions de 28 m3 chacun, qui, chaque jour viennent depuis Laguiole et, dans les prochains jours, depuis Lacalm (commune d’Argences-en-Aubrac)."

Ce sont ainsi 168 000 litres d’eau qui arrivent chaque jour de l’Aubrac, où, si la sécheresse est aussi bien présente, il y a moins de danger imminent.

Les élus de la communauté de communes surveillent la situation au quotidien. En espérant que bientôt la pluie viendra nourrir les rivières pour stabiliser la situation. Mais avec aussi en tête qu’il faudra rapidement prévoir l’avenir. Certaines voix s’inquiètent du fait que la nouvelle usine de traitement d’eau du Carladez, qui a coûté 5 M€, ait été installée sur un cours d’eau sous-dimensionné. "Il s’agit d’une situation face à laquelle nous n’avons jamais été confrontés, répond Jean Valadier. Ce sont des évolutions climatiques que plus personne ne peut discuter et ces périodes de sécheresse risquent de se renouveler. La question qui se pose aujourd’hui est plutôt celle de la réflexion sur la préservation de la ressource." Le sujet dépasse largement la question du Carladez, mais pour les communes de ce territoire, cela passera sans doute, dans les prochaines années, par de nouveaux travaux pour créer une retenue d’eau en amont de la nouvelle usine.

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