Aveyron : à Mostuéjouls, 24 heures de lutte contre les flammes

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  • Hier, les pompiers ont eu fort à faire au sol face aux flammes.
    Hier, les pompiers ont eu fort à faire au sol face aux flammes. Photo Mickaël Esdourrubailh
  • Toute la nuit de lundi à mardi, le village d’Aguessac a été en effervescence et les bonnes volontés se sont aussitôt manifestées pour venir en aide à ces vacanciers obligés de quitter leur maison, leur tente, leur caravane au milieu de la nuit. À l’image de ces touristes orléanais qui n’ont pas perdu le sourire, malgré le peu d’heures de sommeil et le manque d’informations.
    Toute la nuit de lundi à mardi, le village d’Aguessac a été en effervescence et les bonnes volontés se sont aussitôt manifestées pour venir en aide à ces vacanciers obligés de quitter leur maison, leur tente, leur caravane au milieu de la nuit. À l’image de ces touristes orléanais qui n’ont pas perdu le sourire, malgré le peu d’heures de sommeil et le manque d’informations. Maxime Cohen
  • À Mostuéjouls, 24 heures de lutte contre les flammes
    À Mostuéjouls, 24 heures de lutte contre les flammes
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La météo n’a pas été favorable aux 450 pompiers mobilisés sur l’incendie de Mostuéjouls, ce mardi 9 août. Pour autant, en début de soirée, le feu paraissait "contenu".

Mardi matin, les vautours ont été remplacés par des avions bombardiers d’eau. Dès 7 h, ils ont lâché leurs premières somations écopées dans le lac de Pareloup. Ils ont appuyé le lourd travail réalisé par les hommes au sol pendant la nuit. "Jusqu’à une heure du matin, cela a été compliqué, reconnaît le commandant William Buchet, chef de la caserne de Millau. On a eu quelques grosses reprises." Notamment dans le ravin des Lacs, entre Mostuéjouls et Boyne. Une cuvette dans laquelle, après de grosses suées, les pompiers sont parvenus à sauver les maisons.

De loin, dans les gorges, le chantier visible est immense. Depuis La Cresse, le causse de Sauveterre s’est métamorphosé en piton de la Fournaise un soir d’éruption. Les crêtes sont incandescentes, des flammes sortent de la fumée épaisse, dans des pentes plus abruptes les unes que les autres, inatteignables pour les 420 sapeurs pompiers sur place.

Réveillés en pleine nuit

À cet instant, après plusieurs passages pour prévenir, les gendarmes de l’Aveyron mènent l’opération d’évacuation de Mostuéjouls. Dans le village, le long du Tarn, habitations et campings sont vidés. Les cloches de l’église retentissent à une heure du matin pour casser le silence et avertir tout le monde. Tout se déroule dans le calme, pas un mouvement de panique. "Tout s’est bien passé", reconnaît Frédéric Brachet, le colonel aveyronnais. Dans le flot, trois copains lyonnais, Bastien, Benoît et Corentin. Ils découvrent la région pour la première fois. Après un bon resto et un après-midi à la rivière, ils pensaient profiter de leur nuit paisible, à la fraîcheur du Tarn, sous leur toile de tente. "On avait vu une neige de cendres en fin d’après-midi, expliquent les vacanciers, poches sous les yeux, café à la main, hier matin. On s’est couché vers 22 h et on a été réveillé par du bruit vers 1 h 45, les personnes du camping nous ont expliqué que nous avions cinq minutes pour partir." Ils laissent les tentes et chargent le strict nécessaire dans leur voiture.

Comme les 3 000 personnes réveillées en pleine nuit, ils rejoignent Aguessac. La salle communale est pleine, ils dorment dans leur voiture, sur le parking. Au total, 1 200 personnes ont été hébergées entre Rivière-sur-Tarn, Aguessac, Millau, La Cavalerie et Sévérac-le-Château. "On remercie la mobilisation des communes voisines", souligne Christine Bedel, la maire de Mostuéjouls, avec des trémolos dans la voix, hier après-midi.

Sur sa commune, au moment où elle prend la parole, en début d’après-midi, rien ne laisse penser que les habitations pourront reprendre vie le soir. Vent changeant et chaleur compliquent la tâche des hommes au sol. "Il y a encore trop de risques pour les personnes évacuées", décrit Isabelle Knowles, la secrétaire générale de la préfecture de l’Aveyron. Elles n’ont pu regagner leur domicile ou camping hier soir.

Plusieurs colonnes de fumée sont en effet visibles au loin. Elles repartent de plus belle. Les avions bombardiers d’eau laissent leur place à un hélicoptère lourd dans l’après-midi. "Il nous aide dans des zones qui sont particulièrement inaccessibles", précise le responsable du Sdis aveyronnais. Même avec cet appui aérien, le colonel est incapable d’assurer aux sept campings évacués dans la vallée du Tarn qu’ils retrouveront leurs vacanciers. Les lisières de feu sont au-dessus de Boyne, en début de soirée, "mais elles ne menacent plus les villages", assure le colonel Turc, à la tête des opérations hier soir. "L’incendie est contenu, mais pas fixé, annonce-t-il en début de soirée. Nous avons passé les heures les plus chaudes, la nuit va bien nous aider." Avions et hélicoptères effectuent leur dernier largage avant de laisser 200 hommes au sol poursuivre leur combat dans les talwegs.

En soutien aux soldats du feu, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé sur son compte Twitter qu’il se rendra sur les lieux aujourd’hui.

1 000 hectares restent menacés

Lundi, en fin de journée, les premiers éléments de l’enquête indiquent que le feu a été déclenché par un engin agricole, de manière involontaire. Les gendarmes ont avancé cette hypothèse lors de la conférence de presse, donnée hier en début d’après-midi. Sur place, 180 pompiers sont mobilisés dans un premier temps. Puis, devant l’ampleur des dégâts, des renforts arrivent de tout le sud de la France pour la nuit. Plus de 400 soldats du feu combattent les flammes hier au petit matin. Lundi, ils ont bénéficié de 45 largages aériens. Malgré cela, la tête de l’incendie reste incontrôlable au petit matin et menace Mostuéjouls. Le village est évacué dans la nuit de lundi à mardi, sur les coups d’une heure du matin, à l’aide des gendarmes, aussi largement déployés. Hier matin, les forces au sol sont de nouveau appuyées par des lâchers d’eau aériens. Le feu est toujours actif, non maîtrisé et non fixé. Ce sont 700 hectares qui sont déjà partis en fumée.Dans un communiqué, lundi soir, la préfecture indiquait que 1 000 hectares étaient menacés. Hier, en fin de journée, le dispositif a été réduit, 200 pompiers restaient au sol pour combattre les flammes en pleine nuit.maxime cohen
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