Rodez : pour ses 400 ans, Molière prend l’air au haras

Il y a deux semaines et demi, ils se rencontraient pour la première fois. Cette troupe éphémère créera ce jeudi, et jusqu’à dimanche, deux courtes comédies de Molière : "Sganarelle ou le Cocu imaginaire" et "L’amour médecin". Le 1er août, onze comédiens, sept professionnels et quatre amateurs, investissaient un des bâtiments du haras. "Textes appris", ils ont entamé de brèves, mais intenses répétitions. Ils ont travaillé scène par scène afin de tout caler, des costumes aux sons et lumières. Le choix des textes relève d’une envie de célébrer le 400e anniversaire de Molière et de faire découvrir au public des pièces moins connues du dramaturge.

"Qu’est-ce qu’il raconte de nous aujourd’hui ?", interroge Mélanie Vaysettes. Cette comédienne et metteuse en scène ruthénoise dirige ces deux courtes comédies, aux univers et aux rythmes différents. "Il y a un véritable enjeu de mise en scène. Dans "L’amour médecin", Molière critique quatre médecins connus de l’époque. Nous avons fait un vrai travail d’adaptation, afin de coller à l’actualité. "

Outre le court laps de temps alloué aux répétitions, la troupe a dû appréhender l’alexandrin. "Il y a une vraie découpe, c’est compliqué de se faire entendre, explique Simon Le Floc’h, comédien. C’est intéressant de proposer, en une heure et demie, une pièce en prose et l’autre en alexandrin."

La metteuse en scène concède une "exigence " particulière à l’encontre des professionnels. Fabien Austruy, comédien amateur la juge " très bienveillante." C’est la deuxième année que ce professeur des écoles se joint à la troupe éphémère. "C’est appréciable de partager avec une compagnie avec laquelle on n’a pas l’habitude de travailler." Il retient, également, de la représentation de l’an dernier, sa rencontre avec un homme d’une soixantaine d’années lui ayant dit qu’il n’était pas allé au théâtre depuis le collège.

Un premier pas théâtral

Le club dramatique est une compagnie toulousaine qui existe depuis quatre ans. Elle a deux volets : la création de plateau et le projet de territoire. Elle investit des lieux inhabituels pour inciter certains à faire un premier pas vers sur les planches. La création ruthénoise est coproduite par la Ville de Rodez avec le soutien de la Drac Occitanie dans le cadre d’un "été culturel 2 022" et avec l’aide en résidence du Conseil départemental de l’Aveyron.

Dans l’arrière-cour de Rodez plage, la troupe conviait le public à ses répétitions. Une dizaine de curieux s’est aventurée, chaque jour, dans les rouages théâtraux. Chaque soir, la troupe jouera avec le décor naturel du haras, devant 150 personnes au maximum. Mélanie Vayssettes ne sera pas sur scène, pourtant le trac la gagne : "J’ai peur qu’ils ne s’amusent pas assez. "