Villefranche : l'un des trois bourreaux présumés du marginal tué en juin 2021 demande sa libération

  • Le cadavre de la victime avait été découvert au pied du pont de l'Alzou à Villefranche-de-Rouergue.
    Le cadavre de la victime avait été découvert au pied du pont de l'Alzou à Villefranche-de-Rouergue. DDM
Publié le , mis à jour
Yanick Philipponnat (Midi Libre)

Fin juin 2021, à Villefranche-de-Rouergue, un marginal est tombé dans un guet-apens. Il a été frappé à mort par trois individus qui le soupçonnaient de pédophilie. L’un d’eux demande à être libéré.

"Je regrette ce qui s’est passé. Je voulais juste lui mettre une leçon et le laisser tranquille… Et tout a dégénéré." Collier de barbe châtain, tee-shirt de sport blanc, Sylvain Hervet tente de s’expliquer, par visioconférence depuis la maison d’arrêt de Rodez, devant la cour d’appel de Montpellier, mercredi 17 août.

Vous lui reprochiez d’être pédophile et homosexuel et vous l’avez invité à un barbecue avec six personnes

Juste avant, le président de la chambre de l’instruction a déroulé l’épouvantable assassinat d’Hadrien Grand, Albigeois de 31 ans, tué dans l'Alzou le 26 juin 2021 à Villefranche-de-Rouergue. On comprend enfin, plus d’un an après, la raison du crime : les trois protagonistes considéraient la victime comme un pédophile – ce que, par ailleurs, rien dans l’affaire n’atteste –, ne faisant que relayer cette rumeur avancée par des tiers…

"Vous lui reprochiez d’être pédophile et homosexuel et vous l’avez invité à un barbecue avec six personnes, détaille le magistrat. Sous prétexte qu’elle avait uriné dans la rivière, vous avez frappé et traîné dans l’eau la victime et l’un a ensuite dit : "Je vais le finir avec un caillou"." Avant de revenir et de dire : "C’est bon, il est mort."

"C’est bon, il est mort"

Gifles, coups de poing, coups de pied, tête dans l’eau… Une trentaine de minutes de violences insoutenables. Le trentenaire, jeune vulnérable suivi par l’hôpital psychiatrique d’Albi pour schizophrénie et des addictions, est mort des coups et de la noyade. Sylvain Hervet, lui, reconnaît l’avoir invité au barbecue devenu guet-apens, avoir porté les premiers coups, le considérant pédophile. Mais aussi s’être emparé d’une bague en tête de lion dérobée au défunt. Mais pas de l’avoir achevé.

Un autre protagoniste l’accuse d’avoir porté d’autres coups et participé aux tentatives de noyade. Mis en examen pour assassinat, il encourt la perpétuité, mais il espère être libéré : "Je compte résider chez mon frère et trouver un petit travail ", dit-il à la cour. Décision vendredi 19 août.

Les avocats demandent la remise en liberté d’un des trois suspects.
Les avocats demandent la remise en liberté d’un des trois suspects. Y.P.

"Ça ne devait pas aller plus loin"

La trajectoire de Sylvain Hervet, dont l’expertise psychologique a révélé une légère altération du discernement, a été plus que chaotique : son père, puis son beau-père se sont suicidés, il a été victime de violences et il est sous curatelle. Son casier affiche quatre condamnations, dont un viol requalifié en agression sexuelle sur sa sœur. "Sa vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais un torrent se calme toujours. On ne devient pas violent si on n’a pas été violenté, estiment ses avocats Mes Mousset et Fontes. Dans son esprit, ça ne devait pas aller plus loin que deux ou trois pêches…"

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