L'Estagnole Hortense Raynal, la poésie chevillée à l’esprit et au corps
Originaire d’Estaing, vivant à La Ciotat, après des études à Paris, cette comédienne, performeuse et auteur, âgée de 28 ans, a un rapport très personnel avec les mots. Elle vient de sortir un premier livre, un recueil de poésie.
"Ca tapisse le décor de mon imaginaire intérieur". Cette (jolie) formule est l’œuvre d’Hortense Raynal et c’est ainsi qu’elle définit sa relation forte avec l’Aveyron. "J’y retourne assez souvent, poursuit l’intéressée. Les reliefs de la vallée du Lot, c’est la base ! Ca s’accorde à ma manière d’être, de penser".
Elle est certes née à Rodez, le 9 novembre 1993, mais elle a grandi entre Estaing et Espalion, à La Pensarderie, en haut d’une colline, aux portes de l’Aubrac, sur les terres maternelles, alors que son père est originaire de Rieupeyroux. Après le collège à Espalion puis le lycée à Rodez, où elle a décroché un bac ES (économie et social), elle a rejoint la faculté d’Albi. Passionnée par "l’histoire du droit et la philosophie", elle s’est toutefois rendue compte que la littérature lui manquait. "C’est mon carburant, confirme la jeune femme. Elle permet de mener une réflexion sur le monde, de goûter à la liberté".
Elle a alors pris la direction de Nîmes pour une classe prépa de trois ans, avant de monter à la capitale, intégrant l’école nationale supérieure de la rue d’Ulm. Elle en est diplômée en lettres, cinéma et théâtre. Certifiée en lettres modernes et diplômée de La Sorbonne, Hortense Raynal est aujourd’hui comédienne, performeuse, auteur, après avoir été journaliste (France Culture, Le Monde des livres, Maze...), professeur de français dans un lycée de La Ciotat durant un an, avant de démissionner. "J’avais autre chose à faire ailleurs", sourit-elle. Elle a aussi vendu du miel, castré le maïs, conduit des tracteurs !
Quand elle brûle les planches, son travail d’artiste explore "la place du corps et de la voix en poésie", notamment via des performances. Elle développe son approche : "C’est à mi-chemin entre le théâtre classique et le mime. à la différence du premier, il n’y a pas de répétitions. Mon mot d’ordre est "Ce qui arrive arrive". J’opte souvent pour une petite forme dramaturgique, avec un jeu pour accompagner. L’ossature, c’est le texte, mes textes, et, pour le reste, je donne la part belle à l’inspiration".
Quels sont les retours ? "Ils sont très positifs, se réjouit la comédienne, dont l’agenda est bien rempli. Même les spectateurs qui ont un a priori négatif sur la poésie sortent enchantés. Ils me disent "Tu habites, tu incarnes les mots". Cette forme d’expression permet visiblement de rendre la poésie plus compréhensible, plus accessible. Quand on me glisse "J’ai compris", c’est fabuleux ! Mon inspiration est le théâtre de Jacques Lecoq, avec un jeu corporel, autour de la gestuelle. Je focalise sur mon corps avec un leitmotiv : comment livrer les mots scéniquement, autrement".
Elle effectue plusieurs résidences, notamment à La Factorie (maison de poésie en Normandie) ou à l’Usine Utopik (centre de création contemporaine, relais culturel de Normandie), où elle écrit et met au point ses performances.
Un fort rapport avec la langue d’oc et avec les accents
Hortense Raynal était de retour cette semaine dans sa ville natale pour dédicacer son premier recueil de poésie à La maison du livre. "J’écrivais des mots éparses suite à un événement qui fait rupture dans une vie et je ne savais pas que cela deviendrait un ouvrage", assure, émue, l’Aveyronnaise. Sorti le 2 juillet 2021 aux éditions Les carnets du dessert de lune, "Ruralités" est "une belle ode au pays d’oc, avec le rapport à la langue et aux accents, ainsi qu’aux réalités qu’on n’ose pas dire, une sorte de langue d’en bas, rugueuse, organique", qui heurte la mémoire de celle qui a quitté la campagne pour aller vivre "à la ville".
Mais, cela pourrait ne pas durer... En cinq longs poèmes, l’Estagnole réveille l’enfance, le foin, la jeunesse ardente et l’âpreté de la vie rurale dans une traversée sensible de sa région natale. Pour l’nstant, Hortense Raynal a choisi la poésie car elle a encore beaucoup de choses à sortir de ses mains, de sa tête. "Ca peut changer. Je pense, par exemple, à un roman poétique, en vers. C’est un projet à long terme", conclut-elle.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?