Sécheresse en Aveyron et en France : la facture sera douloureuse pour les agriculteurs

  • Une agriculture à sec, aussi bien pour les cultures que pour l'élevage.
    Une agriculture à sec, aussi bien pour les cultures que pour l'élevage. Archives CP
Publié le

Des récoltes réduites, des éleveurs contraints de vendre leurs bêtes : premier tour d'horizon des conséquences de la sécheresse chez les agriculteurs, aveyronnais notamment.
 

Va-t-on vers une crise agricole sans précédent ? La sécheresse qui a frappé cet été la France va avoir des conséquences graves pour l'élevage et la production agricole. Avec des pâturages où l'herbe ne pousse plus, les éleveurs se voient bien souvent contraints de trouver des solutions alternatives pour nourrir leur cheptel, note France Info. Des solutions qui représentent un surcoût, que ce soit puiser dans les stocks prévus pour l'hiver ou acheter de la nourriture complémentaire pour les bêtes. Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a indiqué lui-même, ce lundi 22 août, que la production de maïs sera en baisse de 18 % en août, et celle d'herbe dans les prairies de 21 %. Le ministre craignait en outre que les éleveurs, face à cette pénurie de nourriture, ne soient contraints "réduire leur cheptel".

"C'est cuit par terre"

Une tendance que l'on note déjà en Aveyron, d'après un reportage sur le marché de Laissac réalisé ce mardi 23 août par France 3 Occitanie. "Cela fait deux marchés au mois d'août où l'on atteint quasiment le millier de têtes, c'est très rare, note le maire de Laissac. On a cette sensation de voir un changement, une anticipation des éleveurs qui prévoient un automne compliqué pour nourrir leurs animaux et qui diminuent leur cheptel".

Sur le premier marché aux bestiaux de France, l'heure est donc déjà au "dégraissage" de leurs troupeaux pour les éleveurs aveyronnais. ""Tout a cramé, c'est cuit par terre", résume ainsi Élodie Millau, éleveuse à Argences-en-Aubrac. Elle a déjà utilisé 30 % de ses stocks de foin prévus pour l'hiver et s'est résolu à vendre 30 de la cinquantaine de veaux qu'elle élève près de  trois semaines avant la date prévu. Des veaux qui pèseront moins lourd, ce qui aura des conséquences sur leur prix de vente.

Autres conséquences, une baisse de la production de lait d'ores et déjà constatée. Selon LSA, on s'attend à une baisse de production de lait de 15 à 20 % entre juillet et septembre. Pourtant, pas de pénurie à attendre selon la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), qui en revanche compte mobiliser ses troupes pour mener des actions dès septembre pour obtenir un "juste prix" du litre de lait.

Des récoltes de céréales et de légumes qui vont pâtir

Au niveau des cultures, la disette se dessine également. Les récoltes des céréales semées l'hiver dernier, comme le blé, l'orge et le colza, sont inférieures à la moyenne, touchées par les premières vagues de chaleur de  mai et juin, note La Tribune début août. Selon Ouest France, les productions de blé tendre (destiné à la fabrication du pain), de blé dur, d'orge et donc de maïs vont baisser en 2022, alors que celles de colza et de tournesol vont augmenter.

Des récoltes, comme globalement celles des fruits (touchées par le gel en 2021) suivront cette pente ascendante. En revanche, cette année, la production de légumes va être en baisse de 25 à 35 %, estime le président de Légumes de France Jacques Rouchaussé, interrogé par France Info. Ce qui va entraîner irrémédiablement une hausse des prix sur les étals, mais aussi des producteurs "très inquiets" pour l'avenir.

En Aveyron comme ailleurs, les agriculteurs font grise mine. A la ferme d'Alcas par exemple, dans le Sud-Aveyron, l'agricultrice Emilie Vialettes résume pour La Dépêche du Midi les souffrances que connaît l'ensemble de sa profession : "Cette année, nous avons rentré 1/4 seulement de nos céréales habituelles. Nous avons donc perdu les 3/4 de notre récolte. Depuis le mois de juin, les brebis ne sortent plus, il fait trop chaud, elles sont en stress. Conséquence ? On va faire environ 20 000 litres de lait en moins. Les brebis produisent moins, de fait. Nous allons donc avoir des achats d’aliments à faire pour l’année prochaine et les payer, de surcroît, au prix fort".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?